Comment améliorer la prise en charge du reflux gastro-œsophagien chez l’enfant de moins d’un an ?

 19 mars 2024

Le reflux gastro-œsophagien dit « RGO » est un phénomène fréquent chez les nourrissons de moins d’un an. Si ces régurgitations inquiètent souvent les parents, elles sont généralement bénignes et peuvent être atténuées grâce à des mesures simples. Mais comment faire la différence entre ces régurgitations simples et celles qui traduisent un RGO pathologique, et éviter de prescrire un médicament quand ce n’est pas nécessaire ? La Haute Autorité de santé (HAS) publie aujourd’hui une fiche pertinence à destination des professionnels pour optimiser la prise en charge de ces régurgitations, qu’elles soient pathologiques ou non et accompagner les parents des enfants concernés.

Le reflux gastro-œsophagien se caractérise par la remontée passive d’une partie du contenu gastrique dans l’œsophage. Ce phénomène est fréquent avant l’âge d’un an et touche près de 70% des nourrissons âgés de 4 mois. La plupart du temps, il s’agit de régurgitations simples qui disparaissent naturellement avec la diversification alimentaire et l’acquisition de la marche : on parle alors de RGO physiologique. Il se distingue du RGO pathologique qui peut entrainer des complications. Alors que seul le RGO pathologique nécessite un traitement médicamenteux, on constate une consommation importante, souvent inappropriée, d’inhibiteurs de la pompe à protons (IPP), des médicaments utilisés pour réduire la sécrétion acide gastrique. Cela résulte notamment du fait qu’il est parfois complexe de différencier les deux types de reflux.

La HAS a donc élaboré une fiche pertinence afin d’améliorer la prise en charge du RGO de l’enfant de moins d’un an et d’éviter une surmédicalisation. Elle s’adresse notamment aux médecins généralistes, pédiatres de ville ou médecins de PMI. La HAS a également conçu un document d’information à l’attention des parents.

Rassurer les parents et les conseiller

Un bébé qui régurgite peut provoquer une inquiétude légitime chez ses parents. La HAS insiste donc sur l’importance de les rassurer et de les accompagner. Elle met à leur disposition un document d’information sur le reflux physiologique et les gestes simples pour le limiter, que l’enfant soit nourri au sein ou au biberon. Le médecin peut également s’appuyer sur ce document lors de la consultation.

 

Différencier le RGO physiologique et le RGO pathologique

Les pleurs, l’irritabilité ou les troubles du sommeil sont courants chez le nourrisson et ne permettent pas à eux seuls d'identifier un RGO pathologique. Il existe certes des symptômes plus spécifiques, tels que le pyrosis (sensation de brûlure œsophagienne), que le nourrisson ne peut cependant pas verbaliser. Pour accompagner les professionnels, la HAS donne des clés permettant d’identifier un RGO physiologique d’une part et de diagnostiquer et traiter un RGO pathologique d’autre part. Deux logigrammes résument la conduite à tenir face à chaque cas.

La HAS rappelle ainsi que les régurgitations simples ne présentent pas de caractère de gravité, ne nécessitent pas de test pour être diagnostiquées ni de traitement médicamenteux, dès lors que la courbe de poids du nourrisson est normale et que les signes d’alerte pouvant évoquer une autre pathologie (vomissements en jet devenant fréquents, vomissements bilieux par exemple) ont été écartés. Rassurer les parents et proposer, par étapes successives, la mise en œuvre des mesures hygiéno-diététiques suffit généralement.

En revanche, certains signes peuvent évoquer un RGO pathologique : traces de sang dans les régurgitations, refus répétés du biberon, cassure de la courbe de poids ou échec des mesures déjà mises en œuvre. En leur présence, la HAS précise la conduite à tenir en fonction de chaque situation.

Prescrire des IPP uniquement après le diagnostic d’un RGO pathologique, au cas par cas

Certains médicaments peuvent être utilisés pour réduire les sécrétions acides de l’estomac en cas de reflux pathologique : il s’agit des inhibiteurs de la pompe à protons (IPP). Il existe cependant peu de données scientifiques sur cette classe de médicaments chez les enfants de moins d’un an. Les IPP ne sont pas anodins, surtout dans cette population, puisqu’ils peuvent provoquer des effets indésirables (maux de tête, nausées, diarrhée, constipation…) et augmenter le risque d’infections gastro-intestinales ou respiratoires graves. La HAS recommande donc de recourir à ces médicaments uniquement lorsque cela est justifié et à la suite d’examens complémentaires (pH-métrie ou endoscopie œsogastroduodénale) pour confirmer le diagnostic de RGO pathologique.