
La colopathie fonctionnelle*, souvent désignée sous le terme de syndrome de l’intestin irritable (SII), se caractérise par des douleurs abdominales chroniques associées à des troubles du transit (constipation, diarrhée ou alternance des deux) sans lésion organique décelable. Parmi les facteurs déclenchants ou aggravants, le stress occupe une place majeure, car il perturbe étroitement l’axe cerveau-intuestin et amplifie la sensibilité viscérale.
Le tube digestif et le système nerveux central entretiennent un dialogue permanent, par l’intermédiaire :
du nerf vague, véhiculant les signaux moteurs et sensoriels entre le cerveau et l’intestin ;
des médiateurs immunitaires et de molécules produites par le microbiote, telles que les acides gras à chaîne courte ;
des neurotransmetteurs (sérotonine, GABA) synthétisés à près de 90 % dans l’intestin.
Lorsque l’organisme subit une pression émotionnelle prolongée, cette communication se dérègle, entraînant des spasmes, une hyperperméabilité muqueuse et une hypersensibilité des récepteurs viscéraux.
Modulation de la motricité intestinale
Les hormones du stress (cortisol, adrénaline) altèrent le péristaltisme : l’excès d’adrénaline accélère le transit chez certains patients (diarrhée), tandis que le cortisol tend à le ralentir chez d’autres (constipation).
Inflammation et perméabilité
Un stress chronique induit une faible inflammation locale, favorise la « fuite » de petites molécules et d’antigènes alimentaires à travers la barrière intestinale, ce qui déclenche ou entretient des réactions immunitaires et génère des douleurs.
Déséquilibre du microbiote
La tension prolongée modifie la composition bactérienne (dysbiose), réduisant la production de métabolites protecteurs et accentuant les gaz responsables de ballonnements et de crampes.
Hypersensibilité viscérale
Sous l’effet d’une activation neuronale répétée, la paroi intestinale devient plus sensible aux étirements normaux, si bien que de simples mouvements de gaz ou de matières déclenchent une douleur disproportionnée.
Douleurs abdominales diffuses ou localisées, souvent soulagées en allant à la selle.
Ballonnements marqués, impression de « ventre gonflé ».
Troubles du transit variables : diarrhée d’apparition rapide après un événement émotionnel, ou constipation prolongée lorsque la pression persiste.
Symptômes extra-digestifs fréquents : fatigue, maux de tête, troubles du sommeil, anxiété ou irritabilité accrues.
Le diagnostic de colopathie reste clinique : exclusion de pathologies organiques (par prise de sang, coloscopie si nécessaire) et utilisation des critères de Rome IV. Pour apprécier l’impact de la tension psychologique, le praticien peut :
Faire remplir un journal de bord associant alimentation, épisodes de stress et symptômes digestifs ;
Évaluer le niveau d’anxiété à l’aide d’échelles validées (HADS, STAI) ;
Utiliser un questionnaire de qualité de vie spécifique au SII (IBS-QoL).
A. Techniques de gestion du stress
Respiration diaphragmatique : inspirez lentement par le nez en gonflant le ventre, expirez par la bouche en relâchant le diaphragme (5 minutes, 2 à 3 fois par jour).
Cohérence cardiaque : rythme 6 inspirations/6 expirations par minute pendant 5 minutes, matin et soir.
Méditation ou pleine conscience : pratiquer 10–20 minutes quotidiennes pour réduire la rumination mentale.
Relaxation musculaire progressive de Jacobson : contracter puis relâcher chaque groupe musculaire pour diminuer la tension corporelle.
B. Adaptations nutritionnelles
Alimentation pauvre en FODMAPs (hydrates de carbone fermentescibles), sous supervision diététique, pour limiter ballonnements et douleurs.
Maintenir une hydratation suffisante (1,5–2 L d’eau/jour) et fractionner les repas en 4–5 prises légères.
C. Activité physique régulière
Un exercice modéré (marche, natation, yoga) 3–5 fois par semaine améliore le transit, réduit le cortisol et renforce le bien-être général.
D. Soutien psychologique
Thérapies cognitivo-comportementales (TCC) : ciblent les pensées catastrophiques liées aux symptômes digestifs et enseignent des techniques de relaxation.
Approches alternatives (hypnose, sophrologie, acupuncture) : utiles chez certains patients, à envisager en complément.
E. Traitements médicamenteux
Lorsque la prise en charge non pharmacologique est insuffisante, on peut recourir :
Aux antispasmodiques (p. ex. trimebutine) pour atténuer les crampes ;
Aux antidépresseurs à faible dose (inhibiteurs de recapture de la sérotonine ou tricycliques) pour leur effet antalgique viscéral et leur action sur l’anxiété.
Le lien étroit entre stress et colopathie fonctionnelle repose sur le déséquilibre de l’axe cerveau-intestin, la modulation anormale de la motricité et la sensibilité viscérale accrue. Une prise en charge globale, alliant techniques anti-stress, adaptation diététique, exercice physique et soutien psychologique, offre les meilleures chances de rémission des symptômes et d’amélioration de la qualité de vie. La collaboration pluridisciplinaire (médecin, diététicien, psychothérapeute) est essentielle pour bâtir un programme personnalisé et durable.
*Important : en cas de doute sur votre état de santé, seul votre médecin sera à même de vous conseiller.
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