Nutrition / Ce qui amène Juliette à consulter

 

« Juliette a 32 ans. Elle est apparemment en forme, souriante, avenante. Mais on ne sait pas toujours du premier coup d’ œil ce qui amène les patients à nous consulter, surtout quand ils ont bonne mine. Parfois, des traits fatigués, un surpoids, un teint gris, un visage creusé ou une lassitude visible nous permettent déjà d’envisager le pourquoi de leur venue. Mais dans le cas de Juliette, cela n’a rien d’évident.

D’ailleurs, elle ne s’en cache pas, son problème “n’est pas très important”, mais il l’empêche de vivre pleinement. Depuis un an et demi, elle s’évertue à perdre cinq “petits” kilos sans que l’aiguille de la balance ne fléchisse. Elle a même davantage de cellulite qu’avant. Juliette n’a perdu qu’un kilo en un an, mais au prix de quels efforts ! Ni gras d’aucune sorte, ni crèmes, ni féculents, ni desserts : que de “l’allégé”, de l’ eau et des soupes. Et en pensant compenser le sucre des fruits, elle les avait supprimés afin de s’octroyer deux verres de vin par jour. Ça la fatigue, répète-t-elle, au sens propre comme au figuré.

Le plus difficile sera sans doute de lui faire admettre que, pour mincir, elle devra justement remanger ce qu’elle avait délaissé, que les féculents ne font pas grossir, qu’un peu de “bonne” graisse non plus ; reprendre un fruit en dessert. Car tout est dans l’explication du rééquilibrage : qu’est-ce que le bon et le mauvais gras, comment associer les aliments, quand les déguster, pourquoi sont-ils pourvoyeurs d’ énergie sans pour autant faire grossir... ?

Au-delà de l’alimentation, nous avons recherché le pourquoi du développement de sa cellulite et de ses tensions mammaires : sa pilule contraceptive est trop riche en œstrogène (favorisant la rétention d’eau). Une pilule plus rééquilibrée en progestérone permettra alors de réduire ces désagréments.

Puis, nous avons abordé l’exercice physique, primordial pour bien mincir en régulant les systèmes hormonaux, et décidé de reprendre le rythme avec un sport d’endurance régulier associé à des exercices de gainage : 3 × 10 minutes d’exercices par jour, matin, après le déjeuner et avant le dîner.

Enfin, nous avons concocté le programme minceur idéal en remettant au goût du jour les pommes de terre (mais pas les chips ni les frites !), le riz basmati, les légumineuses, les oléagineux, les huiles d’olive, de noix et de colza, et un peu de beurre. Il est en effet important de retrouver des saveurs agréables en bouche, d’aimer prendre ses repas si l’on veut maigrir. Ainsi, comme elle a éradiqué de ses menus le chocolat qu’ elle adore, je lui propose d’en recroquer quelques carrés de temps à autre au sein d’une collation ou en fin de repas afin de se lâcher un peu, d’aller vers le plaisir pour casser le cercle “frustration, culpabilité, punition, restriction et re-craving”.

Elle ne boit qu’ un jus d’ orange au petit-déjeuner ? Nous allons y ajouter de l’avoine, des œufs ou même de la dinde et du fromage car c’est un “bec salé”. Si elle avait été un “bec sucré”, je lui aurais conseillé un yaourt grec avec des fruits secs et des céréales complètes. Quand elle est pressée le matin, elle pourra se faire un shake de boisson hyperprotéinée afin de ne pas se laisser tenter par le grignotage de 11 h.

Pour le déjeuner, nous reprenons la recette gagnante : protéine, féculents, légumes, fruit, plus ou moins un laitage. Et, à l’heure du dîner, le même programme mais avec des portions plus petites. Nous avons bouclé notre dispositif avec des compléments alimentaires pour booster son énergie et quelques plantes pour l’ aider à drainer son organisme.

Son énergie retrouvée, elle a apprécié de perdre doucement ses 4 kg. Doucement, car il aura fallu deux mois. Mais c’ était primordial justement de s’ en alléger sur le long terme car il ne s’ agit pas de tomber dans le régime restrictif qui est fatalement abandonné au bout de quelques semaines car trop difficile physiquement et psychologiquement.

Juliette a ainsi retrouvé son “poids de forme” en remangeant plus qu’ avant ! Mais mieux. Elle rêve déjà de perdre 2 kg de plus. Une mauvaise idée. En effet, à moins, justement, de conserver un régime strict associé à toujours davantage de sport tout au long de sa vie, l’ exploit est difficilement tenable. Il est impératif de toujours retourner au poids que l’ on a “tenu” le plus longtemps, pas moins. C’ est la clé du bien-être. »

 

 

 

Dr Alexandra Dalu

 

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