Cancer du poumon : la recherche avance, les traitements innovants se développent



En avril 2013 une étude publiée dans le prestigieux Journal of Clinical Oncology, par le Pr Julien Mazièresi, mettait en évidence une nouvelle anomalie génétique chez des patients atteints d’un cancer bronchique : il s’agissait de la mutation du gène codant pour la protéine HER2 (Human Epidermal Growth Factor Receptor-2). La protéine HER2 est un élément déclencheur d’une cascade de réactions biologiques, notamment la prolifération cellulaire dont elle est à l’origine. Cette découverte laissait espérer des traitements ciblés spécifiques pour les patients porteurs de cette anomalie, plus efficaces et moins toxiques que les chimiothérapies.


En juin 2021, c’est au congrès mondial annuel de l’ASCO (American Society Clinical Oncology) que le Professeur Julien Mazières présente les résultats d’un essai clinique de phase II, initiée en 2019 par l’IFTC (Intergroupe Francophone de Cancérologie Thoracique), avec pour objectif de « neutraliser » le récepteur HER2.

Les anomalies de HER2 sont fréquentes dans les cancers du sein (20 %) mais ne sont retrouvées que dans 1 à 2 % des cancers du poumon. Cette mutation survient le plus souvent chez les femmes non fumeuses. L’expérience du traitement des cancers du sein suggère que des anticorps ciblant cette protéine puissent être également efficaces dans les cancers du poumon.
C’est parce qu’il n’existe pas actuellement de standard thérapeutique pour les patients atteints d’un cancer bronchique présentant cette mutation HER2, que l'IFCT a lancé cette étude de phase II visant à évaluer l’efficacité de deux anticorps ciblant le récepteur HER2 (trastuzumab en combinaison avec le pertuzumab) chez des patients présentant un cancer du poumon avec une mutation HER2 et recevant du docétaxel.

Avec un taux de réponse global prometteur de 29%, sans toxicité limitante associée, chez 45 patients prétraités, l’étude confirme l'efficacité d’une stratégie de traitement basée sur les anticorps anti-HER2 qui devrait être envisagée chez les patients présentant un cancer de stade avancé, muté HER2.

La recherche avance et d’autres études permettront encore le développement de traitements toujours plus efficaces et moins toxiques.

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i Pneumo-Oncologue, Hôpital Larrey, CHU de Toulouse