Faire le tour des fonctions qu’assure notre système nerveux, c’est aborder tout ce qui fait de nous des êtres vivants, pensant et ressentant. Ce système soutient toutes nos fonctions vitales. Il est impliqué dans la vie de nos cellules, qui l’utilisent pour informer le cerveau de leurs besoins et de leurs manques. C’est grâce à lui que nous percevons le monde, puisque tous nos messages sensoriels suivent des trajets nerveux entre l’organe impliqué (les yeux, le système auditif, la peau, les bourgeons gustatifs...) et le cerveau, qui va les décrypter et les traduire de manière à ce que nous puissions les ressentir. Le système nerveux est également responsable de notre capacité de mouvement, les ordres donnés par le cerveau transitant par les fibres nerveuses jusqu’aux muscles. Enfin, ce précieux équipement transporte les messages douloureux, de quelque nature qu’ils soient, afin de nous prévenir qu’à un endroit de notre corps, « quelque chose » ne va pas.
Pour assurer tous ces rôles, le système nerveux dispose de plusieurs circuits complémentaires. À l’instant présent, vous êtes assis dans votre salon, ce livre entre les mains, à tourner les pages du bout du doigt. Vos yeux se déplacent de gauche à droite pour suivre les lignes.
De temps en temps, vous changez de position afin de conserver votre confort : vous croisez les jambes, vous changez vos points d’appui sur votre siège... Tout cela correspond à des ordres conscients en provenance du cerveau. Vous projetez un mouvement, le cerveau ordonne sa réalisation, les impulsions nerveuses circulent jusqu’aux membres concernés dont les muscles se contractent pour permettre leur déplacement. Même si tout cela se déroule en une fraction de seconde, sans que vous ayez conscience de la totalité du processus, c’est bel et bien votre volonté consciente qui en est à l’origine.
Parallèlement, une autre partie du système nerveux est en charge de fonctions qui échappent totalement à notre contrôle. C’est le système nerveux autonome qui gère notre respiration, nos battements cardiaques, les contractions de notre tube digestif pendant la digestion, et bien d’autres choses encore. Vous le savez à présent : le nerf vague fait partie du système nerveux autonome, qui est totalement déconnecté de notre volonté et de notre conscience. Il est formé de fibres nerveuses spécifiques, qui suivent un chemin parallèle à celui des autres nerfs. Mais elles se dirigent vers les muscles lisses qui tapissent les parois externes des vaisseaux, du tube digestif, des bronches, du cœur, de l’œil (le cristallin), de la peau (ce sont eux qui nous font dresser les poils en cas d’émotion forte)... Les fibres du système nerveux autonome contrôlent aussi la sécrétion de nombreuses substances indispensables (hormones, enzymes, insuline...), ainsi que la production de la bile dans le foie. Pour ne citer que quelques exemples.
La modulation des informations qui circulent ainsi, de manière autonome, se fait via deux branches complémentaires et indissociables : les systèmes nerveux sympathique et parasympathique. Schématiquement, le premier joue un rôle d’accélérateur et le second de frein. Lorsque vous sortez de chez vous alors qu’il fait grand soleil, vos pupilles se contractent pour s’adapter à la différence de luminosité (le myosis). C’est le système parasympathique qui l’a ordonné. Vous entrez dans la boutique du coin pour acheter du pain. Il y fait plus sombre : vos pupilles se dilatent (la mydriase). Le système sympathique est alors entré en jeu. Autre exemple : au cours d’une balade en forêt, vous vous trouvez nez à nez avec un énorme molosse menaçant, sans laisse ni muselière. Vous n’avez qu’une solution : prendre vos jambes à votre cou. Votre cœur s’accélère sous l’effet du stress, votre circulation sanguine délaisse les fonctions jugées inutiles sur l’instant (la digestion par exemple), pour inonder le cerveau et les muscles qui vont vous permettre de courir (voir les explications détaillées page suivante). C’est le système sympathique qui s’est mobilisé.
Dans une telle situation, dès que le danger est écarté, le système parasympathique reprend sa place et les fonctions hyper-stimulées s’apaisent : le cœur bat plus lentement, le sang reflue vers les organes délaissés... Jusque-là, nous sommes dans le fonctionnement normal du système nerveux autonome, qui se régule en permanence pour adapter notre corps aux circonstances que nous traversons. Il arrive pourtant que cette collaboration connaisse des ratés. Le système sympathique reste alors partiellement suractivé, pendant que le parasympathique peine à retrouver sa place. C’est dans ces circonstances que les problèmes risquent de se manifester.
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DEUX MESSAGERS MOINS OPPOSÉS QU’IL Y PARAÎT
Une fois encore, des neurotransmetteurs sont impliqués dans le trajet de ces informations. Si les fibres sympathiques utilisent en priorité la noradrénaline, les fibres parasympathiques préfèrent l’acétylcholine. Ces deux substances opposées modulent en permanence l’activité du système nerveux autonome pour permettre l’ajustement de nos fonctions internes sans que nous ayons à nous en soucier.
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Dr Yann Rougier / Marie Borrel
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