ALZHEIMER : IL EST ENFIN POSSIBLE D’AGIR !


C’est en 1906 qu’Aloïs Alzheimer découvre la maladie qui porte son nom. Cette affection cérébrale fréquente entraîne une disparition progressive des liaisons entre les cellules nerveuses ou neurones, puis des neurones eux-mêmes, dans les régions du cerveau qui gèrent certaines capacités, comme la mémoire, le langage, le raisonnement ou encore l’orientation. Suite à cette détérioration des réseaux cérébraux, on ne parvient plus à retenir des choses nouvelles, on ne reconnaît plus certains lieux et même des êtres proches. Résultat : après des années de perte de mémoire, la personne ne peut plus être autonome. Elle devient « démente ».

De toutes les maladies neurodégénératives, la maladie d’Alzheimer est la plus répandue dans les pays industrialisés, loin devant la deuxième plus fréquente, la maladie de Parkinson. Cette forme de déclin cognitif touche de plus en plus de personnes et pas seulement des personnes très âgées. En effet, désormais, la moitié des patients qui viennent consulter dans les services de neurologie en France et qui sont diagnostiqués Alzheimer ont moins de 65 ans.

Actions de santé publique insuffisantes et explosion du nombre de cas
À l’échelle mondiale, 50 millions de personnes sont actuellement atteintes d’Alzheimer, mais cette maladie est encore largement sous-diagnostiquée. Pour autant, rien qu’en se basant sur le rythme actuel d’un nouveau patient identifié toutes les trois secondes dans le monde, et même en tenant compte du nombre de décès, on prévoit 250 millions de malades à l’horizon 2050. Soit cinq fois plus à prendre en charge qu’aujourd’hui !

Il est vrai que le nombre de personnes âgées augmente sur Terre à tel point qu’en 2050, les plus de 60 ans seront huit fois plus nombreux qu’ils ne l’étaient en 1950, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Ils seront alors au nombre de deux milliards.

Le vieillissement est certes l’un des principaux facteurs prédisposant à l’Alzheimer. Plus on vieillit, plus le risque d’être atteint par la maladie est en effet élevé. Il est multiplié par un facteur 45 entre 60 et 90 ans. Son incidence augmente donc de façon exponentielle au fil des ans et, de ce fait, 20 % des sujets âgés de plus de 80 ans sont aujourd’hui atteints de la maladie d’Alzheimer dans les pays développés. Ceci étant, le vieillissement n’est pas le seul moteur de l’augmentation du nombre de cas, tant s’en faut.

Plus inattendu, le sexe auquel appartiennent les patients constitue un autre facteur de risque, sachant que la maladie touche davantage les femmes que les hommes. On pourrait avancer, en guise d’explication, que les femmes vivent en moyenne sept ans de plus que les hommes, et qu’il y a donc plus de femmes que d’hommes âgés potentiellement exposés à la maladie. Mais après correction des données en fonction de l’âge, l’incidence se révèle chez la femme de 1,5 à 3 fois supérieure à celle de l’homme. À 65 ans, quinze femmes sont ainsi atteintes de cette maladie, pour seulement dix hommes, tandis qu’à 85 ans, ce rap- port monte à 25 pour 10. L’explication de la plus grande fragilité des femmes face à Alzheimer reste encore à découvrir.

Une chose est sûre, cette « épidémie » de cas, connaît des dis- parités géographiques qui prouvent à elles seules l’influence d’autres facteurs. Par exemple, seulement 6,7 % des centenaires habitant sur l’île isolée d’Okinawa, située au sud du Japon, sont atteints de déclin cognitif contre, en moyenne, 45 % des nonagénaires dans nos sociétés occidentales au mode de vie très différent.

La France n’est pas mieux lotie que les autres pays développés. Plus de 900 000 Français sont atteints d’Alzheimer. Parmi eux, 850 000 ont plus de 65 ans et 33000, moins de 60 ans. Ainsi, sur 67 personnes diagnostiquées dans le monde, une habite en France.

Si l’on compte les malades et les personnes aidantes, environ 5 % de la population est concerné.
Et si on n’y prend pas garde, avec le vieillissement de la popula- tion, c’est un véritable tsunami qui se prépare. En 2050, pas moins d’un Français de plus de 65 ans sur dix devrait être touché par la mala- die d’Alzheimer !

Cette « épidémie » est susceptible d’ébranler nos sociétés.

————-
À retenir :
Si rien n’est fait, en 2050, le nombre de malades atteints d’Alzheimer peut devenir insoutenable pour la société et l’économie.

————-

 Dr Jean-Paul Curtay

 
Si cet extrait vous a intéressé,

vous pouvez en lire plus
en cliquant sur l'icône ci-dessous :

Couverture de livre