117e CONGRÈS FRANÇAIS D’UROLOGIE : un rapport sur la fertilité en 2023, pourquoi ?

Pourquoi avoir choisi comme thème de rapport de l’AFU en 2023 la fertilité masculine ? La communauté urologique doit être en mesure de répondre à des enjeux politiques et sociétaux. En 2022, un rapport demandé par le gouvernement a été rédigé pour définir les grands axes entourant la fertilité : sa préservation, l’information du grand public et des programmes de recherche. D’autre part, la question de la fertilité déclinante est régulièrement abordée dans la presse et les réseaux sociaux.

Le rapport demandé par l’AFU cette année fait donc le point sur la fertilité des hommes presque 40 ans après celui d’Henri Navratil et Francis Pontonnier (1984).

Nous avons eu à coeur de rédiger un document clair et didactique balayant tout le champ de l’infertilité masculine, et également de faire une mise au point sur les méthodes de contraception masculine, autre domaine en plein essor.

Nous avons également voulu clarifier la place de l’urologue dans le parcours d’un couple infertile. À l’occasion de ce rapport, nous avons mené une large concertation avec l’ensemble des représentants des sociétés savantes impliquées dans le champ de la reproduction qui rend encore plus légitime la prise en charge andrologique au sein de ces nombreux couples.

La prise en charge débute par une évaluation systématique de l’homme du couple infertile. Nous avons souhaité offrir aux collègues des arbres décisionnels pour les principaux tableaux nosologiques afin de clarifier la prise en charge.

Une question fréquemment posée est celle de l’impact de l’environnement et du mode de vie sur la fertilité masculine : Les liens (prouvés et potentiels) seront évoqués, avec un focus sur les préconisa- tions d’adaptation du mode de vie (alimentation, sommeil, sédentarité, tabac. . .), leviers facilement actionnables pour inverser la tendance.

Longtemps objets de controverse, les bénéfices du traitement de la varicocèle sont aujourd’hui clairement connus (amélioration des paramètres du spermogramme, de la fertilité spontanée et en AMP). Aussi avons-nous rappelé et détaillé la technique de référence (cure microchirurgicale par voie subinguinale), ainsi que les autres chirurgies permettant d’améliorer ou de restaurer une fertilité spontanée (chi- rurgies des obstructions à tous les niveaux des voies séminales avec discussion des méthodes actuelles de prise en charge et des techniques chirurgicales ad-hoc).

Notre rapport a également détaillé les chirurgies d’extraction de spermatozoïdes en fonction des étiologies, avec des check-lists à mettre en œuvre pour une chirurgie optimale, les différentes techniques opératoires (dont la micro-TESE) et les résultats que l’on peut en attendre. 

Concernant les traitements médicaux de l’homme infertile, ces dernières années ont vu éclore un grand nombre d’études sur les traitements visant à améliorer ou restaurer la spermatogénèse (traitements hormonaux et anti-oxydants). Sont-ils réservés aux patients azoospermes ? Ont-ils tous des effets similaires ? Quels sont leurs profils de tolérance ? Quelles sont les recommandations actuelles des sociétés savantes ? Ce sont les questions qui seront clarifiées.

Les leucospermies, les spermocultures positives, les IGAM (infections des glandes accessoires masculines) sont des motifs fréquents de consultation. Un chapitre vous permettra d’avoir une vue synthétique sur ces situations complexes et fréquentes.

Enfin, l’accès à la contraception masculine est une demande de plus en plus fréquente des couples et des patients, et la vasectomie se développe en France, comme ailleurs en Europe : Quelle technique de vasectomie préférer ? Quelle contraception réversible peut-on proposer actuellement ? Où en sont les différents axes de recherche ?

Au total, nous avons voulu un rapport clair, étayé des données les plus récentes, rigoureux mais extrêmement facile d’accès dans son plan et sa lecture (tableau, algorithmes, arbres décisionnels, check-list). Nous espérons que vous prendrez autant de plaisir à le lire que nous à le rédiger.

Déclaration de liens d’intérêts

Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts.

A. Faixa, E. Huygheb,c,d,,
C. Methorst
e a Clinique Saint-Roch, 560, avenue du Colonel-Pavelet-dit-Villars, 34000 Montpellier, France
b Département d’urologie, hôpital de Rangueil, CHU de Toulouse, Toulouse, France
c
Service de médecine de la reproduction, hôpital Paule-de-Viguier, CHU de Toulouse, Toulouse, France
d UMR DEFE, Inserm 1203, université de Toulouse, université de Montpellier, Toulouse, France
e Service de médecine de la reproduction, hôpital des 4-villes, Saint-Cloud, France
Auteur correspondant. Adresse e-mail :
eric.huyghe@yahoo.fr (E. Huyghe)

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Évaluation de l’homme du couple infertile

A. Faixa, C. Methorstb, F. Lamazouc, F. Vialardd, E. Huyghee,,f,g

a Clinique Saint-Roch, 560, avenue du Colonel-Pavelet-dit-Villars, 34000 Montpellier, France b Service de médecine de la reproduction, hôpital des 4-villes, Saint-Cloud, France
c Clinique Pierre-Cherest, Paris, France
d Service de génétique, CHU de Poissy Saint-Germain, UVSQ, Poissy, France

e Département d’urologie, hôpital de Rangueil, CHU de Toulouse, Toulouse, France
f Service de médecine de la reproduction, hôpital Paule-de-Viguier, CHU de Toulouse, Toulouse, France
g UMR DEFE, Inserm 1203, université de Toulouse, université de Montpellier, Toulouse, France

Reçu le 27 août 2023 ; accepté le 22 septembre 2023

Résumé

Contexte. — Parmi les couples consultant pour infécondité, une part masculine est présente, seule ou associée à une étiologie féminine dans environ un cas sur 2.
Matériel et méthodes. — Recherche bibliographique dans PubMed en utilisant les mots-clés « male infertility », « diagnosis », « management » et « evaluation » limitée aux articles cliniques en anglais et en fran ̧cais antérieurs au 1/01/2023.

Résultats.— L’AFU recommande : (1) une anamnèse complète avec : antécédents familiaux, antécédents du patient ayant un impact sur sa fertilité, habitudes de vie (toxiques), trai- tements, symptômes, dysfonctions sexuelles ; (2) un examen physique avec : IMC, signes d’hypogonadisme, caractères sexuels secondaires, examen scrotal (volume et consistance des testicules, canaux déférents, nodules épididymaires ou testiculaires, présence d’une vari- cocèle) ; (3) Deux spermogrammes, si anomalie au premier ; (4) une échographie scrotale systématique, ± une échographie endorectale selon la clinique ; (5) un bilan hormonal (testo- stérone, FSH ; si la testostérone est basse : dosage de la LH pour différencier un hypogonadisme central ou périphérique) ; (6) un caryotype si la concentration de spermatozoïdes10 mil- lions/mL ; (7) l’évaluation des microdélétions du chromosome Y si la concentration

1 million/mL ; (8) l’évaluation du gène CFTR en cas de suspicion d’agénésie bilatérale ou unilatérale des canaux déférents et des vésicules séminales. La place et l’utilité des tests directs et indirects permettant d’évaluer les effets du stress oxydant sur l’ADN du spermatozoïde seront également précisés.

Conclusion. — Cette revue vient compléter et réactualiser les recommandations AFU/SALF 2021. © 2023 Publie ́ par Elsevier Masson SAS.

Summary

Background. — Among couples consulting for infertility, there is a male component, either alone or associated with a female aetiology in around one in 2 cases.
Material and methods. — Bibliographic search in PubMed using the keywords ‘‘male infertility’’, ‘‘diagnosis’’, ‘‘management’’ and ‘‘evaluation’’ limited to clinical articles in English and French prior to 1/01/2023.

Results. — The AFU recommends: (1) a complete medical history including: family history, patient history affecting fertility, lifestyle habits (toxicity), treatments, symptoms, sexual dys- functions; (2) a physical examination including: BMI, signs of hypogonadism, secondary sexual characteristics, scrotal examination (volume and consistency of testes, vas deferens, epididy- mal or testicular nodules, presence of varicocele); (3) two spermograms, if abnormal on the first; (4) a systematic scrotal ultrasound, ± an endorectal ultrasound depending on the clinic; (5) a hormonal work-up (testosterone, FSH; if testosterone is low: LH assay to differentiate between central or peripheral hypogonadism); (6) karyotype if sperm concentration 10 mil- lion/mL; (7) evaluation of Y chromosome microdeletions if concentration 1 million/mL; (8) evaluation of the CFTR gene in cases of suspected bilateral or unilateral agenesis of the vas deferens and seminal vesicles. The role and usefulness of direct and indirect tests to assess the effects of oxidative stress on sperm DNA will also be explained.

Conclusion. — This review complements and updates the AFU/SALF 2021 recommendations. © 2023 Published by Elsevier Masson SAS.

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Infertilité masculine, environnement et mode de vie

Male infertility, environment and lifestyle

C. Methorsta, J. Perrinb, A. Faixc, E. Huyghed,,e,f

a Service de médecine de la reproduction, hôpital des 4 villes, Saint-Cloud, France
b Biologie et médecine de la reproduction et du développement, CHU de Marseille, UMR 7263 IMBE, Marseille, France
c Clinique Saint-Roch, 560, avenue du Colonel-Pavelet-dit-Villars, 34000 Montpellier, France d Département d’urologie, hôpital de Rangueil, CHU de Toulouse, Toulouse, France
e Service de médecine de la reproduction, hôpital Paule-de-Viguier, CHU de Toulouse, Toulouse, France
f UMR DEFE, Inserm 1203, université de Toulouse, université de Montpellier, Toulouse, France

Re ̧cu le 22 aouˆt 2023 ; accepté le 12 septembre 2023

Contexte. — Depuis les années 1970, on note un déclin quantitatif et qualitatif des paramètres spermatiques. La principale hypothèse pour expliquer une évolution aussi rapide est la mise en jeu de phénomènes environnementaux et comportementaux.
Méthodes. — Une recherche bibliographique limitée à la littérature en anglais et fran ̧cais chez l’homme publiée avant 7/2023 a été réalisée sur les liens entre fertilité et pollution, xéno-biotiques, tabac, stupéfiants, cannabis, alcool, poids, sport, sédentarité, sommeil et anabolisants.

Résultats. — De profonds changements de mode de vie sont survenus depuis 50 ans : diminution du temps de sommeil, sédentarité, changements alimentaires, consommation de tabac, utili- sation de stupéfiants et d’anabolisants. Ces changements ont un impact aujourd’hui prouvé sur les paramètres du spermogramme et devraient être corrigés dans un effort d’optimisation de la santé reproductive. D’autres paramètres environnementaux : pollution, exposition aux métaux lourds, exposition aux xénobiotiques, aux phtalates et aux pesticides. . . seront plus difficiles à exclure de la vie quotidienne des patients mais mériteraient d’être plus pris en compte.

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Infertilité masculine, environnement et mode de vie

C. Methorsta, J. Perrinb, A. Faixc, E. Huyghed,,e,f

a Service de médecine de la reproduction, hôpital des 4 villes, Saint-Cloud, France
b Biologie et médecine de la reproduction et du développement, CHU de Marseille, UMR 7263 IMBE, Marseille, France
c Clinique Saint-Roch, 560, avenue du Colonel-Pavelet-dit-Villars, 34000 Montpellier, France d Département d’urologie, hôpital de Rangueil, CHU de Toulouse, Toulouse, France
e Service de médecine de la reproduction, hôpital Paule-de-Viguier, CHU de Toulouse, Toulouse, France
f UMR DEFE, Inserm 1203, université de Toulouse, université de Montpellier, Toulouse, France

Re ̧cu le 22 aouˆt 2023 ; accepté le 12 septembre 2023

Résumé

Contexte. — Depuis les années 1970, on note un déclin quantitatif et qualitatif des paramètres spermatiques. La principale hypothèse pour expliquer une évolution aussi rapide est la mise en jeu de phénomènes environnementaux et comportementaux.
Méthodes. — Une recherche bibliographique limitée à la littérature en anglais et fran ̧cais chez l’homme publiée avant 7/2023 a été réalisée sur les liens entre fertilité et pollution, xéno-biotiques, tabac, stupéfiants, cannabis, alcool, poids, sport, sédentarité, sommeil et anabolisants.

Résultats. — De profonds changements de mode de vie sont survenus depuis 50 ans : diminution du temps de sommeil, sédentarité, changements alimentaires, consommation de tabac, utili- sation de stupéfiants et d’anabolisants. Ces changements ont un impact aujourd’hui prouvé sur les paramètres du spermogramme et devraient être corrigés dans un effort d’optimisation de la santé reproductive. D’autres paramètres environnementaux : pollution, exposition aux métaux lourds, exposition aux xénobiotiques, aux phtalates et aux pesticides. . . seront plus difficiles à exclure de la vie quotidienne des patients mais mériteraient d’être plus pris en compte.

Conclusion. — Cette revue devrait aider l’urologue dans l’évaluation et le conseil des patients afin d’améliorer leur santé reproductive. La recherche de ces facteurs devrait être systématique lors de l’exploration d’un homme infertile.
© 2023 Elsevier Masson SAS. Tous droits re ́serve ́s.

Summary

Background. — Since the 1970s, there has been a quantitative and qualitative decline in sperm parameters. The main hypothesis to explain such a rapid evolution is the involvement of envi- ronmental and behavioral phenomena.
Methods. — A bibliographic search limited to English and French literature in men published before 7/2023 was carried out on the links between fertility and pollution, xenobiotics, tobacco, narcotics, cannabis, alcohol, weight, sport, sedentary lifestyle, sleep and anabolics.

Results. — Profound changes in lifestyle have occurred over the past 50 years: reduced sleep time, sedentary lifestyle, dietary changes, tobacco consumption, use of narcotics and anabolics. These changes have a proven impact on spermogram parameters, and should be corrected in an effort to optimize reproductive health. Other environmental parameters: pollution, exposure to heavy metals, exposure to xenobiotics, phthalates and pesticides. . . will be more difficult to exclude from patients’ daily lives, but deserve to be taken more into account.

Conclusion. — This review should help the urologist to assess and counsel patients in order to improve their reproductive health. These factors should be routinely investigated in infertile

Pour en savoir plus sur cette étude et lire la suite :
https://www.elsevier.com/fr-fr