Tentative d’arrêt du tabac, aides utilisées et maintien de l’abstinence tabagique : une analyse rétrospective des données du Baromètres de Santé publique France

Chaque année, environ un quart des fumeurs font une tentative d’arrêt d’au moins une semaine, laquelle se solde dans la majorité des cas par un échec et une reprise du tabagisme. Afin de favoriser le maintien de l’abstinence tabagique, certaines aides médicamenteuses sont avérées comme efficaces. Néanmoins, certains fumeurs ont recours à d’autres aides à l’arrêt, et notamment à la cigarette électronique, dont l’efficacité est toujours débattue à ce jour. L’objectif de cet article est de documenter les profils des utilisateurs d’aides à l’arrêt du tabac et d’étudier le maintien de l’abstinence tabagique en fonction des caractéristiques socioéconomiques et des modalités d’arrêt, dans le contexte français, sur la période 2015-2016.

L’analyse est basée sur les données du Baromètre de Santé publique France 2017. La population d’intérêt pour cette étude est celle des fumeurs quotidiens ayant fait une tentative d’arrêt d’au moins sept jours dans les deux dernières années (N=1 422). Les variables associées en bivarié au type d’aide utilisée ont été retenues dans des régressions de Poisson à variance robuste visant à expliquer l’abstinence tabagique depuis au moins six mois au moment de l’enquête, en fonction du type d’aide utilisée, et ce séparément selon le sexe.

Lors de leur dernière tentative d’arrêt au cours des deux années précédant l’enquête, 14,8% [IC95%: 12,7-17,2] des fumeurs ou ex-fumeurs déclaraient avoir utilisé une cigarette électronique sans traitement nicotinique de substitution (TNS), 11,7% [9,8-14,0] des TNS sans cigarette électronique, 2,8% [ 1,9-4,1] une cigarette électronique associée à des TNS et 1,6% [0,9-2,6] un médicament (autre que TNS) prescrit par un médecin. Ils étaient 69,1% [66,1-71,9] à déclarer n’avoir utilisé aucune aide parmi celles citées. Parmi les femmes, l’abstinence tabagique depuis au moins six mois en 2017 était associée à un niveau de revenu élevé, à l’obésité, à un mode d’arrêt radical et au fait de n’avoir jamais essayé d’arrêter de fumer précédemment. Parmi les hommes, l’abstinence tabagique était associée à un âge plus avancé, au surpoids et à l’obésité, à un mode d’arrêt radical et au fait de n’avoir jamais essayé d’arrêter de fumer précédemment. Parmi les hommes ayant déjà essayé d’arrêter de fumer précédemment, l’abstinence tabagique était également associée à l’utilisation de la cigarette électronique (combinée ou non à des TNS).

Sans préjuger d’un lien de cause à effet des aides utilisées sur le résultat de la tentative d’arrêt, les résultats présentés ici contribuent à la caractérisation des profils et au suivi des utilisateurs de différentes aides à l’arrêt du tabac, en conditions réelles.

 

  • Tabac et maladies cardiovasculaires : le point sur la connaissance des Français, Baromètre de Santé publique France 2019, Valérie Olié et coll., Santé publique France

Le tabagisme constitue l’un des principaux facteurs de risque de maladies cardiovasculaires avec des effets pouvant être précoces et pour une très faible consommation de tabac. L’objectif de notre étude était de fournir un état des lieux de la connaissance, par la population, du tabac comme facteur de risque de maladies cardiovasculaires en 2019.

Notre étude a été réalisée à partir des données du Baromètre de Santé publique France 2019, enquête téléphonique réalisée auprès d’adultes âgés de 18 à 85 ans résidant en France métropolitaine.
La connaissance de la population a été évaluée à partir de trois questions portant sur le tabac comme facteur de risque de maladies cardiovasculaires et les seuils de quantité de tabac et de durée de tabagisme à atteindre pour être à risque pour ces pathologies. Ces questions ont été posées à un sous-échantillon aléatoire de 5 074 personnes. Pour tenir compte du mode de recrutement des participants et que les données soient représentatives de la population de France métropolitaine, celles-ci ont été pondérées puis redressées sur la structure de la population (sexe, âge, niveau de diplôme, région, niveau d’urbanisation, taille du foyer).

En 2019, 9 Français sur 10 déclaraient que le tabac constituait un facteur de risque de maladies
cardiovasculaires ou d’AVC. Seulement deux tiers avaient connaissance du risque cardiovasculaire pour une consommation de moins de 10 cigarettes par jour et 1 personne sur 4 avait connaissance d’un risque cardiovasculaire augmenté de manière immédiate chez les fumeurs. Les personnes de moins de 65 ans et celles avec un niveau de diplôme élevé avaient une meilleure connaissance du lien entre tabac et maladies cardiovasculaires et notamment des seuils de quantité et de durée pour être à risque.

Cette étude met en évidence une amélioration importante, ces 20 dernières années, de la connaissance des Français sur le lien entre tabac et maladies cardiovasculaires. Néanmoins, cette connaissance reste très parcellaire, avec une sous-estimation par la population des seuils bas de dangerosité en quantité et en années de tabagisme.

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