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Le nom et la dénomination commerciale sont aujourd'hui fréquemment utilisés par les fabricants de tabac comme partie intégrante de leur stratégie de marketing et de promotion de leurs produits. Ils détournent par ce biais l'attention du consommateur réel ou potentiel à l'égard de la dangerosité du produit pour l'attirer vers des pseudo-informations, en réalité des données de nature publicitaire. La directive européenne transposée aujourd'hui en France vise à lutter contre de telles pratiques.
Paris, le 30 janvier 2017 - Qui n'a pas rêvé sur ces noms Corset, Vogue, Allure, Café crème, Marlboro gold, etc. associant à un produit du tabac des vertus et un imaginaire réduisant singulièrement la perception de la toxicité de ce produit ?
Les fabricants de tabac ont ainsi construit toute leur stratégie publicitaire et de développement sur cette base. Cette publicité habillée sous un vocable d'information n'a qu'un objectif, détourner l'attention du consommateur réel ou potentiel sur la dangerosité même du produit.
Et cela marche ainsi que le montrent la littérature scientifique1.
Depuis des décennies maintenant les autorités sanitaires s'efforcent de mettre un terme à ces pratiques. C'est ainsi qu'elles ont interdit au niveau européen depuis 2001 l'utilisation des termes « léger », « light », « doux », laissant entendre que le produit consommé serait moins nocif pour la santé. Toutefois, les fabricants n'ont eu de cesse, via de nouvelles dénominations de proposer des slogans, marques, dénominations commerciales susceptibles de présenter leurs produits comme écologiques, naturels ou encore vecteurs de valeurs positives (liberté, minceur, glamour, etc.). Aussi lors de la préparation et des discussions de la récente directive européenne sur les produits du tabac, ces pratiques ont-elles été directement visées.
La France transpose aujourd'hui dans son droit interne une des dispositions de ce texte européen. Ce faisant, elle veille à ne pas laisser les fabricants de tabac décider, de leur propre chef, comment interpréter la mesure. Il faut s'en féliciter et saluer le fait qu'une mesure est adoptée avec le souci associé de son effectivité.
Ainsi donc, en cohérence avec les mesures relatives au conditionnement neutre, la France s'engage dans ce processus de poursuite des marques du tabac promotionnelles susceptibles d'attirer de nouveaux consommateurs et qui constituent des freins non négligeables à l'arrêt pour les fumeurs.
« Cet engagement de fond est essentiel, déclare le Pr Yves Martinet, Président du Comité National Contre le Tabagisme, car il permettra également de réduire la consommation de tabac par une réduction de l'offre qui ne cesse aujourd'hui de proliférer via la multiplication de marques tous azimuts, hyper-segmentées et dont l'objectif reste toujours le maintien et le développement des ventes de tabac. »
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1) Tob Control. 2016 Mar;25(2):160-5. doi: 10.1136/tobaccocontrol-2014-052094. Epub 2015 Mar 25.
Effects of brandvariants on smokers' choicebehaviours and riskperceptions.
Hoek J, Gendall P, Eckert C, Kemper J, Louviere J.
A propos du CNCT :
Le Comité National Contre le Tabagisme est la première association qui s'engage et agit pour la prévention et la protection des personnes face aux méfaits du tabac et aux pratiques de son industrie. En France, le tabagisme reste la première cause de mortalité prématurée et évitable. Pour lutter contre ce fléau, le CNCT mène à la fois des actions de prévention afin de sensibiliser sur ces dangers et des actions de plaidoyer pour faire adopter des mesures de protection efficaces.