La perte de taille est un signal d’alerte simple pour dépister une ostéoporose. Or, comme le montrent les résultats d’un sondage OpinionWay*, pour la majorité des femmes ménopausées, qui sont les premières concernées, ce n’est qu’un phénomène normal lié au vieillissement.
A l’occasion de la Journée Mondiale de l’Ostéoporose le 20 octobre prochain, AMGEN, avec le soutien de l’AFLAR (Association Française de Lutte Anti-Rhumatismale), lance la campagne «Toisons-nous» du 12 au 30 octobre dans 650 pharmacies partenaires en France**.
Grâce à un geste simple effectué en officine : mesurer la taille avec une toise, cette action de sensibilisation a pour objectif d’aider au dépistage de l’ostéoporose auprès des femmes de plus de 50 ans.
Chez les femmes ménopausées, l’ostéoporose est une maladie fréquente, dont l’incidence augmente avec l’âge. Mais elle est le plus souvent silencieuse et sous-diagnostiquée, faisant courir un risque de survenue brutale d’une fracture1. Chez de nombreuses patientes, il existe pourtant un signe d’alerte : la diminution de leur taille consécutive à un tassement vertébral qui a pu passer inaperçu. Les femmes de plus de 50 ans le savent-elles ? Pour répondre à la question, AMGEN a commandité un sondage à OpinionWay auprès d’un échantillon représentatif de 500 françaises âgées de 50 à 70 ans.
74 % des femmes attribuent la perte de taille au vieillissement
Près d’un tiers d’entre elles (32 %) déclarent avoir perdu quelques centimètres, la fréquence grimpant à presque la moitié (47 %) pour celles âgées de 65 à 70 ans. Mais les trois quarts de la totalité des femmes (74 %) attribuent une éventuelle diminution de taille à la vieillesse, seules 44 % d’entre elles citant l’ostéoporose.
Elles ne sont que moins d’une sur dix (9 %) à savoir qu’un tassement vertébral est une fracture et seulement quatre sur dix (40 %) à savoir que la perte osseuse ostéoporotique ne s’accompagne pas de douleur. Paradoxalement, elles reconnaissent l’implication de la ménopause dans le risque d’ostéoporose. Enfin, près d’un quart (24 %) ignorent qu’il existe des médicaments traitant cette maladie.
En conclusion, bien que bon nombre d’entre elles soient exposées à un risque d’ostéoporose, les connaissances des femmes sur cette maladie sont très insuffisantes, même chez celles qui ont eu un signal d’alerte : une diminution de taille. C’est la vieillesse qui est le plus souvent incriminée pour l’expliquer.
Questions au Pr Erick Legrand, Rhumatologue au CHU d’Angers
Chez quels patients faire un dépistage de l’ostéoporose ?
Deux catégories de patients de plus de 50 ans peuvent particulièrement bénéficier d’une ostéodensitométrie : les patients victimes d'une fracture non traumatique c'est-à-dire survenue après une chute banale de leur hauteur (fracture suspecte d’être d’origine ostéoporotique), et les patients qui présentent un ou plusieurs facteurs de risque cliniques d’ostéoporose sans avoir eu de fracture.
Les facteurs de risque les plus importants pour l'ostéoporose sont la ménopause précoce (avant 40 ans), une prise prolongée (> 3 mois) par voie orale d'un traitement contenant des corticoïdes, la maigreur (IMC ≤ 19), des antécédents familiaux (mère ou père) de fracture de l’extrémité supérieure du fémur, le tabagisme actif et de façon générale, toute maladie chronique sérieuse susceptible de provoquer une perte osseuse : maladie neurologique, polyarthrite rhumatoïde, maladie digestive avec dénutrition ou inflammation, cancer hormono-dépendant, en particulier sein et prostate…
À partir de ces critères cliniques, le logiciel en ligne FRAX (disponible sur le site du GRIO) permet de calculer le risque absolu de faire une fracture ostéoporotique dans les dix années qui suivent. En accord avec son patient, le médecin (généraliste, rhumatologue, gynécologue, gériatre) peut décider d’une ostéodensitométrie qui permet d'évaluer plus précisément le risque de fracture, en renseignant sur le capital osseux disponible chez le patient.
Enfin, n’oublions pas que l’ostéodensitométrie est aussi utile quand elle montre des résultats
vraiment normaux chez un patient victime d'une fracture après une chute de sa hauteur, permettant d'éliminer l'ostéoporose et ainsi d'éviter de prescrire un traitement de fond à un patient qui n’en a pas besoin !
Comment expliquer le nombre insuffisant d’ostéodensitométries pratiquées en France ?
Il est insuffisant dans la plupart des pays développés. J’y vois trois raisons principales. Pour beaucoup de patients et de médecins, une fracture chez une personne âgée n’est que la conséquence d'une “mauvaise chute”… l'ostéoporose, fragilité acquise et évolutive du tissu osseux, est ignorée. Après un infarctus, tous les médecins mesurent la tension artérielle et le cholestérol, facteurs de risque de nouvel infarctus…
Après une fracture sérieuse (fémur, vertèbre, humérus..), la même démarche n'est pas engagée. La mortalité post-infarctus et la mortalité post-fracture sont pourtant très proches chez les sujets âgés de plus de 70 ans. La seconde raison tient à la difficulté apparente d’interprétation des résultats de l'ostéodensitométrie, qui déroutent beaucoup de médecins.
Enfin, le retrait du marché de certaines molécules a pu faire douter de l’efficacité, pourtant très importante des traitements de fond de l’ostéoporose et donc de l’intérêt du dépistage. Il faut donc changer les mentalités des patients comme des médecins, apprendre à repérer les fractures non traumatiques et les facteurs de risque majeurs. L'intérêt de la campagne “Toisons-nous”, qui explique l’importance et les modalités du dépistage est donc évident.
Une maladie en apparence bénigne et sous diagnostiquée
L’enjeu de cette campagne est réel : l’ostéoporose touche entre 2 et 3 millions de Françaises2 et bien qu’elle soit le plus souvent silencieuse, elle n’est pas une maladie bénigne. Caractérisée par une perte progressive de substance osseuse et une dégradation continue de la qualité du tissu osseux, elle fragilise le squelette et expose les personnes atteintes à un risque de fracture1 (principalement aux poignets, hanches, rachis et humérus). Du fait de la ménopause, les femmes sont plus souvent atteintes que les hommes.
La fréquence de la maladie augmente avec l’âge : à 80 ans, une femme sur deux est touchée. Quand elles ont été victimes d’une fracture, 86 % d’entre elles récidivent. Non seulement ces accidents altèrent la qualité de vie, mais ils augmentent le risque de dépendance, surtout chez les personnes âgées. Certaines localisations sont particulièrement cruciales : une fracture de hanche est associée à un décès dans l’année qui suit chez 20 % des femmes atteintes4.
Le risque de fracture est étroitement corrélé à la densité minérale osseuse, mesurée par ostéodensitométrie5. En 2006, la HAS estimait à environ 4 millions par an le nombre nécessaire d’examen pour dépister les femmes à risque et faire ainsi diminuer les fractures ostéoporotiques, grâce à une prise en charge appropriée5. En 2013, seules 571 425 densitométries6 ont été effectuées et ce chiffre baisse chaque année malgré le vieillissement de la population. Il est donc urgent de sensibiliser les femmes et leurs médecins traitants. C’est tout le sens de la campagne « Toisons-nous ».
Plus d'infos sur www.aflar.org