Comment les produits chimiques présents dans l’alimentation et les produits de consommation utilisés à la maison, à l’école et au travail peuvent porter atteinte au développement cérébral de l’enfant

CHEM Trust [1] publie aujourd’hui un rapport qui montre comment les produits chimiques présents dans l’alimentation et les produits de consommation utilisés à la maison, à l’école et au travail peuvent porter atteinte au développement cérébral de l’enfant.
Les impacts de ces expositions, tels que déficits de l’attention, hyperactivité ou baisses de QI, peuvent empêcher les enfants d’atteindre leur plein potentiel, et pourraient être évités, comme l’explique CHEM Trust dans son rapport Menace sur le cerveau - Agir pour protéger notre santé contre les produits chimiques qui menacent le développement cérébral de l’enfant.

Des chercheurs ont montré que des milliers de personnes ont été exposées à des produits chimiques aujourd’hui largement interdits, tels que le plomb ou les PCB, à des niveaux suffisamment élevés pour que leurs fonctions cérébrales aient subi des dommages. Aujourd’hui, les inquiétudes sur l’impact des expositions à de « nouveaux » produits chimiques, présents dans notre environnement quotidien du 21ème siècle, se multiplient. Parmi les produits chimiques préoccupants, on trouve les retardateurs de flammes bromés, un groupe de produits chimiques présent dans le mobilier, les équipements électroniques et les matériaux de construction ou les composés perfluorés et polyfluorés, utilisés dans les revêtements antiadhésifs ou les matériaux respirants, qu’on retrouve par exemple dans des emballages ou des vêtements. Certains produits chimiques ont été interdits, mais des produits similaires restent commercialisés.

 L’étude énonce une vérité dérangeante : les enfants sont constamment exposés à un cocktail de substances chimiques, que les réglementations actuelles négligent singulièrement.

"Au travers des différentes enquêtes aux polluants chimiques que Générations Futures publie maintenant depuis de nombreuses années, nous avons pu constater la multiplicité des molécules auxquelles chacun(e) de nous se trouve exposé. Pesticides, plastifiants, retardateurs de flamme etc. autant de molécules qui constituent un cocktail inquiétant tout particulièrement pour la femme enceinte et les jeunes enfants. Ce nouveau rapport démontre qu'il est plus que temps d'agir pour retirer et interdire la mise sur le marché de ces substances à l'impact néfaste avéré. Il en va de notre santé et de l'avenir des générations futures.", déclare François Veillerette pour Générations Futures.

CHEM Trust fait des propositions pour faire face à ce défi, comme accélérer la réglementation de groupes de substances chimiques similaires, développer de nouvelles méthodes pour identifier les produits préoccupants. Des conseils destinés aux consommateurs pour réduire leur exposition sont également proposés [2].

Comme l’explique le Dr Michael Warhurst, directeur de CHEM Trust : “Le développement cérébral des générations futures est en jeu. Le législateur européen doit substituer des groupes de produits chimiques préoccupants, plutôt que de restreindre petit à petit un produit chimique à la fois. Nous ne pouvons pas continuer à jouer avec la santé de nos enfants.”

Pour Véronique Moreira, présidente de WECF France : “La pollution de l’environnement cause 1,7 million de décès chez les enfants chaque année. C'est l’Organisation Mondiale de la Santé qui le dit elle-même dans un rapport daté d'hier [3]. Aujourd’hui, les données de CHEM Trust viennent confirmer que nous devons agir rapidement et efficacement pour protéger la santé de nos enfants, dès la période de grossesse.  Les Etats européens et la Commission européenne ne semblent pas avoir compris cette nécessité, comme le montre le blocage sur le dossier des perturbateurs endocriniens. Il faut pourtant agir, et vite, pour protéger les plus fragiles. C'est possible : la prévention des expositions est le seul moyen pour y parvenir, car les dommages sont irréversibles. ”

 
Le rapport a été validé par deux éminents scientifiques spécialistes de ces questions, les professeurs Philippe Grandjean et Barbara Demeneix. Selon le professeur Demeneix : “Aujourd’hui, l’exposition à des produits chimiques atteint des niveaux sans précédent et est à la fois multiple, ubiquitaire, et débute dès la conception ”. Le Professeur Philippe Grandjean estime quant à lui que “La génération actuelle a la responsabilité de sauvegarder les cerveaux du futur. J’insiste sur la nécessité d’appliquer le principe de précaution pour protéger les cerveaux des générations futures ”.
 

Notes
CHEM Trust n’est pas responsable de la traduction du présent document. 

CHEM Trust est une association britannique qui travaille aux niveau britannique, européen et international pour prévenir les effets à long terme sur la santé humaine et animale des produits chimiques de synthèse, en s’assurant que les produits dangereux sont remplacés par des alternatives plus saines. www.chemtrust.org.uk

WECF France est l’antenne française du réseau international regroupant 150 organisations féminines et environnementales Women Engage for a Common Future. WECF France agit pour créer avec les femmes un monde juste, sain et durable, notamment à travers la promotion de la santé environnementale. www.wecf.eu/francais

Générations Futures est une association française, membre de PAN Europe et de HEAL, sans but lucratif de défense de l’environnement qui mène des actions (enquêtes, colloques, actions en justice, campagne de sensibilisation…) pour informer sur les risques de diverses pollutions (les substances chimiques en général et les pesticides en particulier) et promouvoir des alternatives à ces produits menaçants la santé et l’environnement.www.generations-futures.fr/

Inter Environnement Wallonie est un réseau regroupant 150 organisations actives en matière de protection de l’environnement, allant des comités de quartier aux mouvements internationaux en passant par des réseaux associatifs. Les membres ont une large palette de leurs actions est très large : de la sensibilisation et l’éducation au plaidoyer politique en passant par les offres de service et l’expertise.

 
[1] Le rapport complet et sa synthèse en anglais sont disponibles sur : www.chemtrust.org.uk/brain. La synthèse en français est disponible sur : http://www.generations-futures.fr/chimique/menace-cerveau-enfants-chemtrust/
Une infographie illustrant le rapport et les sources de contamination de ces produits chimiques dans la vie courante est disponible en page 5 du rapport.


[2] Parmi les recommandations :

Agir plus vite pour interdire les produits chimiques préoccupants, y compris en agissant sur des groupes de substances similaires, et pas seulement ceux sur lesquels nous avons le plus d’informations.
Assurer que tout test de produits chimiques inclut l’évaluation d’effets sur le développement neurologique.
Assurer une meilleure réglementation des produits chimiques présents dans les emballages alimentaires.
Parmi les conseils pour le grand public :

Consommer une alimentation biologique autant que possible, pour éviter les pesticides,
Ne pas laisser les enfants jouer avec des tickets de caisse, pour éviter le bisphénol A
Acheter des produits portant des écolabels
Nettoyer fréquemment son intérieur pour réduire l’accumulation de poussières, qui sont des réservoirs de produits chimiques
 
[3] Inheriting a Sustainable World: Atlas on Children’s Health and the Environment, World Health Organisation, www.who.int/ceh/en/  et  www.who.int/phe