À l'approche du baccalauréat, voici une belle façon de réviser ses cours de philosophie...

 

À l'approche du baccalauréat, voici une belle façon de réviser ses cours de philosophie...


La philosophe et professeure émérite Catherine Kintzler revient sur le traité d'éducation fictive de Jean-Jacques Rousseau dans lequel il s'efforce de dégager une enfance essentielle. Selon elle, « cette fiction de laboratoire, souvent traversée d'apories, n'a que peu de chose à voir avec l'idée que les pédagogies actives de l'éveil se font aujourd'hui de l'enfant. Elle est au yeux de Rousseau un opérateur d'éclairage philosophique sur la nature humaine, sur ce qui l'anime et qu'on ne cesse de trahir. »
 
Avec « Émile ou de l'éducation » Rousseau propose un projet éducatif révolutionnaire basé sur son temps. Du landau à l'âge adulte, il suit et forme Émile, son élève imaginaire. Sa conception de l'éducation n'a qu'une seule boussole - la nature - et qu'un seul cap - l'autonomie.
 
 
UNIVERSITÉ POPULAIRE
 
Cycle « L'Enfance »
Jean-Jacques Rousseau et l'enfance
Vendredi 13/05/16, 18h30
 
Par Catherine Kintzler, philosophe
 
 
 
En s'efforçant, dans un traité d'éducation fictive, de dégager une enfance essentielle, Rousseau travaille un aspect de l'impossible et nécessaire programme philosophique qu'il poursuit inlassablement dans toute son œuvre. Son objet n'est pas tant d'exposer comment on devrait élever un enfant que de remonter, par des opérations d'extraction, à un point-origine qui révèle un élément premier, enfoui mais toujours actif, du principe humain : un état à la fois absolu et inachevé de la conscience qui se manifeste par l'absorbement en soi-même et où la jouissance de soi, pour être parfaite, règle sa liberté par la pure extériorité inerte des choses.


Obtenu par dissolution purgative de la pourriture sociale qui gâte inévitablement tout enfant réel, plongé dans un tube de Newton où il prend sa gravité, cet enfant essentiel et général, ce petit prince charmant et effrayant nous fait signe au loin de notre généalogie. Nous ne l'avons jamais rencontré, mais nous aimons supposer qu'il est au fond de nous-mêmes et le ressouvenir inventé que nous en forgeons le situe comme objet perdu - c'est sous un regard rétrospectif pourvoyeur de fictions poétiques qu'il nous instruit de quelques vérités.

 
Il s'agit, en un immense point d'orgue, de l'étudier en retardant le plus possible sa sortie de l'insularité philosophique où Rousseau l'isole pour mieux scruter l'oxymore d'un état moral antérieur à toute moralité. Cette fiction de laboratoire, souvent traversée d'apories, n'a que peu de chose à voir avec l'idée que les pédagogies actives de l'éveil se font aujourd'hui de l'enfant. Elle est aux yeux de Rousseau un opérateur d'éclairage philosophique sur la nature humaine, sur ce qui l'anime et qu'on ne cesse de trahir.
 
 
Après avoir été admise à l'agrégation de philosophie en 1970, Catherine Kintzler enseigne en lycée jusqu'en 1992. Elle soutient le doctorat d'État en 1990, avant d'être nommée en 1992 professeur à l'Université Lille III, où elle enseigne la philosophie générale et l'esthétique jusqu'en 2007. Elle est par ailleurs membre du comité scientifique du musée Jean-Jacques Rousseau à Montmorency, et vice-présidente de la Société française de philosophie.
 

ET AUSSI :
Cycles « Les Grandes Révoltes »
L'homosexualité et le sida
Mercredi 11/05/16, 18h30
 
Par Thierry Fauconnier, psychologue clinicien
 
Après avoir obtenu un DESS en psychologie clinique et pathologique à l'Université de Paris 8 en 2005, Thierry Fauconnier a rapidement intégré l'équipe du Centre Georges Devereux, centre d'aide psychologique spécialisé en ethnopsychiatrie. Il assiste par ailleurs depuis 2012 le professeur Tobie Nathan, dans le cadre du cours « Psychologie et Politique » à Sciences-po.
Engagé au sein de l'association AIDES au début des années 90, Thierry Fauconnier a été amené à prendre en charge des familles marquées par l'épreuve de la maladie durant cette période. Aujourd'hui encore, il continue à s'intéresser de près à la question du sida et des bouleversements produits par cette épidémie sur la population et plus particulièrement sur la population homosexuelle. Il aimerait d'ailleurs prendre cette thématique comme support de recherche dans un cadre psychologique et ethnopsychiatrique.
 
 
Cycle « Déclages : les autres et nous »
Duo sur l'amour
Mercredi 18/05/16, 18h30
 
Par Alain Badiou, philosophe, romancier et dramaturge, et Catherine Clément, philosophe et romancière
 

Fondateur du Centre international d'étude de la philosophie française contemporaine, Alain Badiou est aujourd'hui une figure de renom de la vie intellectuelle française et l'un des philosophes français les plus connus à l'étranger, notamment en Amérique latine, aux États-Unis et en Asie. Outre son activité de philosophe, Badiou est romancier et dramaturge, ce qui l'a amené à travailler avec des metteurs en scène comme  Antoine Vitez ou Christian Schiaretti. Parallèlement, il effectue un travail d'éditeur auquel l'a initié son ami François Wahl : il a longtemps codirigé avec Barbara Cassin la collection « L'ordre philosophique » aux éditions du Seuil. Depuis le début de l'année 2015 et en collaboration avec la journaliste/philosophe Aude Lancelin - collaboratrice régulière du philosophe -, Alain Badiou co-anime une émission de pensée diffusée par Médiapart - média diffusant sur Internet, conviant chaque mois un invité suivant l'actualité.
 
Après ses études à l'École normale supérieure de jeunes filles, Catherine Clément est agrégée de philosophie à l'âge de 22 ans. Elle devient ensuite l'assistante du philosophe et musicologue Vladimir Jankélévitch. Sa rencontre avec Claude Lévi-Strauss, qui l'invite à décrypter un mythe africain, l'influence de manière décisive. Elle lui consacre d'ailleurs son premier essai Claude Lévi-Strauss ou la structure et le malheur, publié en 1962. Parallèlement elle a collaboré au quotidien Le Matin de Paris, en tant que chef des pages Culture. En 1980, elle a été nommée à la tête de l'AFAA (Association française d'action artistique) afin de favoriser la diffusion de la culture française à l'étranger, poste qu'elle occupera jusqu'en 1999. Romancière traduite en 28 langues, elle a publié une soixantaine d'ouvrages, romans et essais. Elle est chargée des programmes de l'Université populaire du quai Branly depuis 2003.
 
 

L'Université populaire du musée du quai Branly
Dans une perspective de diffusion des connaissances et d'une volonté d'élaboration d'enseignements au musée, l'Université populaire est un forum ouvert sur un monde de partage. Autour de cinq cycles thématiques, l'Université populaire interroge les rapports entre les cultures et les questions d'universalité, d'altérité et de mémoire.