Selon la tradition, Zoroastre, serait le fils de Pouruchaspa Spitama et de Dughdova. On lui prête une femme dénommée Hvōvi, dont il aurait eu trois filles : Freni, Friti et Pourucistā, ainsi que trois fils : Isat-Vastar, Uruvat-Nara et Hvare-Ci. Mais beaucoup pensent que ces noms seraient en fait symboliques et que le maître aurait très tôt été un prêtre du mazdéisme, la religion qui dominait alors en Perse. À l’âge de trente ans, il aurait eu une illumination concernant le dieu Ahura-Mazda, à la suite de quoi il créa les bases de sa religion qui furent complétées par d’autres visions. Puis il commença sa prédication à travers l’Iran, autour des idées suivantes :
– le dieu Ahura-Mazda est élevé au rang de dieu suprême, et il relègue les autres divinités à un rang subalterne ;
– il convient de coopérer à l’œuvre de Ahura-Mazda, en vue de l’instauration du Royaume de Justice, sous peine de châtiment ;
– la remise en cause des pratiques de la religion en vigueur alors, et en particulier du culte de Mithra et des sacrifices d’animaux. Cela attira contre lui les foudres des prêtres du culte mazdéen, car ces sacrifices constituaient pour eux une source de revenus lucratifs ;
– la condamnation de la consommation de boissons enivrantes, en particulier de l’haoma, un breuvage hallucinogène qui était jusqu’alors utilisé lors des rituels ;
– la justice et la conscience personnelle qui remettent en cause le pouvoir établi et heurtent profondément les coutumes et les mentalités des vieilles familles aristocratiques guerrières qui le détenaient jusqu’alors.
C’est ce dernier point qui fut la cause de la fuite de Zoroastre
Pour sauver sa vie. Après plusieurs années d’exil et de retraite, au cours desquelles il aurait eu des entretiens mystiques avec Ahura-Mazda, il aurait fini par trouver, à Bactres1, un protecteur puissant en la personne d’Hystaspès, le père de Darius Ier qui suivit son enseignement à travers un parcours initiatique. Mais cela ne correspond pas aux dates plus lointaines, au moins autour de l’an 1000 av. J.-C., sur lesquelles on s’accorde désormais à situer son existence. En effet, Hystaspès, pour sa part aurait vécu entre 600 et 550 av. J.-C. En tout état de cause, c’est à partir de cette rencontre que, pour la tradition, Zoroastre connut ses succès. En effet, le monarque contraignit alors ses sujets, puis ceux qu’il soumit lors de ses conquêtes, à se convertir. C’est ainsi que le zoroastrisme s’étendit en Perse, mais aussi chez les Parthes qui en firent une religion officielle. Cette religion se dota d’une véritable institution ecclésiastique, la caste des mobeds, qui eut une grande influence dans l’empire. Pour certains d’ailleurs, la dénomination de Zoroastre serait un grade symbolisant la plus haute distinction dans la hiérarchie religieuse. Les mobeds furent amenés à diriger les districts ecclésiastiques, en particulier sous le règne de la dynastie des Sassanides qui dirigea la Perse à partir de 224, période de gloire où le zoroastrisme fut officiellement religion d’État.
Les Parsis derniers adeptes du zoroastrisme ?
Les rites qu’on prête, à cette religion, quoiqu’ils ne soient pas mentionnés dans les Gathas, sont facultatifs et peu contraignants. Prier cinq fois par jour pour se rappeler que que la droiture et le bien sont de bonnes choses. On peut sur ce point y voir une grande proximité avec le rôle de la prière dans l’islam. Il convient aussi de pratiquer une célébration ou un culte une fois par mois, ainsi que cinq jours par an, pour préparer la nouvelle année, en se purifiant au préalable. Cette célébration est l’occasion de prendre un repas sur une nappe et des fleurs. La naissance d’un Parsi n’est pas vraiment accompagnée de rites religieux. À l’occasion de son premier anniversaire, l’enfant peut être présenté au temple, où le prêtre le marque au front avec de la cendre du feu sacré tandis qu’il récite des bénédictions. Mais cette cérémonie n’est pas obligatoire, ce qui n’est pas le cas du naojote, qui doit être effectué au maximum à l’âge de quinze ans, tant pour les garçons que pour les filles. Ce rite d’initiation marque l’arrivée du Parsi à l’âge adulte. Il reçoit à cette occasion une tunique blanche, le dudreh, nouée à la taille par un cordon de laine, le kūsti. Sans cette initiation, l’âme d’un Parsi resterait dans un état en quelque sorte virtuel, et il vivrait comme un paria. Chez les Parsis, le mariage est obligatoire et la stérilité conçue comme une malédiction. Mais, pratiquant l’endogamie, ils ne se marient qu’entre eux, ce qui contribue à la diminution rapide de la taille de leur communauté.
Selon eux, la vie est conçue comme un don d’Ahura-Mazda. C’est pourquoi la mort est considérée avec horreur et la décomposition du corps comme l’œuvre d’un démon. Des Parsis formant une sorte de caste sont chargés d’emmener les morts dans les fameuses tours du silence. L’âme du mort y reste trois jours, avant de la quitter le quatrième jour. À ce stade se produit une forme de jugement, puisque l’âme du juste franchit le pont et accède à la maison des chants, tandis que celle du méchant tombe dans la maison du druj, qui serait une sorte de purgatoire où l’on attend sa résurrection. En effet, pour les Parsis, toutes les âmes jouiront de l’instauration d’un paradis terrestre consécutive à la victoire d’Ahuramazda sur l’esprit du mal. Cette résurrection n’est cependant pas la même que celle des chrétiens compte tenu du rapport différent qu’ils entretiennent avec le corps.
Pour ce qui est du récit épique de sa vie, transmis par la tradition à partir de son livre sacré, l’Avesta, il est empli d’événements surnaturels et de miracles et témoigne de nombreuses incohérences. On note cependant qu’y est mentionné un excellent roi, du nom de Vishtaspa, qui aida à la propagation et à la défense de la nouvelle croyance. Il est intéressant de le mentionner à ce stade car il constitue une excellente transition avec le récit que nous vous proposons maintenant et dans lequel il apparaîtra comme l’héritier à la fois spirituel et temporel de Zoroastre.
Christophe Queruau Lamerie
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