Créé au début de l’ère chrétienne, le culte des saints confère à certains hommes ou femmes des qualités extraordinaires, qui les autorisent à siéger à la cour céleste et à intercéder auprès des mortels.
À l’origine, dans la tradition biblique, le titre de « saint » ne s’applique qu’à Dieu. Puis Paul désigne ainsi tous les baptisés, qui de ce fait sont sanctifiés, la sainteté rassemblant et habitant tout ce qui appartient à Dieu.
Dans les premiers temps du christianisme, le titre de saint revient aux martyrs, de par leur communion au destin de Jésus. Puis, peu à peu, les désignations vont gagner l’ensemble du peuple chrétien. Au point qu’il faudra instaurer des règles d’élection au rang de saint et que s’imposera le processus de canonisation.
Mais la vie des saints, leur histoire, leur aventure humaine et spirituelle, se situant d’emblée au-delà de toute trajectoire commune, trouve son expression la plus significative dans une tradition populaire empreinte de respect et de ferveur.
En effet, alors que la plupart des dogmes religieux, tels la Trinité ou le Purgatoire, sont parfois difficilement compréhensibles pour le peuple, le culte des saints va pour sa part connaître un rapide succès, en ce sens qu’il met en quelque sorte « le ciel à la portée de tous », permettant à chacun d’interpeller par la prière le saint dont il souhaite s’attirer bienfaits et protection.
Dans le même temps, les saints deviennent en quelque sorte des « modèles », dont tout homme peut aspirer à suivre l’exemple afin de trouver la paix et la sérénité dans le royaume de Dieu.
De ces pratiques émergera l’idée que la sainteté est un « don de Dieu à son Église pour la soutenir et l’inspirer dans sa vie sur la Terre », faisant des saints les authentiques représentants du consentement divin aux réalisations de la communauté chrétienne.
Certes, l’Histoire des hommes va parfois mettre à mal la réputation de tel ou tel saint, le rejetant dans l’oubli pour un siècle ou deux par suite d’une décision humaine partiale, mais au bout du compte la sainteté trouvera toujours le moyen de resurgir et de s’imposer à nouveau, plus présente que jamais.
Ainsi naîtra l’enracinement historique d’une influence durable des saints par-delà les siècles, comme autant de témoignages d’une pensée chrétienne dédiée à la vie de l’Église en une ferveur sans cesse renouvelée.
Au seuil du XXIe siècle, dont on dit volontiers qu’il sera « spirituel » ou ne sera pas, l’empreinte du christianisme aux quatre coins du monde, notamment dans ce que l’on nomme aujourd’hui les « pays émergents », atteste du besoin de se référer d’une manière ou d’une autre à des valeurs bien plus qu’humaines, qui ne soient pas à la merci des marchands et des soubresauts politiques.
C’est la raison pour laquelle, aux yeux de centaines de millions d’individus, toutes nationalités et toutes races confondues, les saints de la chrétienté sont aujourd’hui encore vénérés avec la plus grande ferveur, traduisant une foi sans détour que les urgences et les impératifs de notre monde moderne, les raisons d’État et les agressions technologiques ne parviennent pas à endiguer. De telle sorte qu’à l’évidence, quoi qu’il arrive ici ou là, quelles que puis- sent être les épreuves que traversent les hommes et les douleurs qu’ils doivent assumer, les saints demeurent encore et toujours dans l’imagerie populaire des interlocuteurs privilégiés, comme autant d’ambassadeurs et de messagers du divin.
Si cet extrait vous a intéressé,
vous pouvez en lire plus
en cliquant sur l'icône ci-dessous
L’AUTEUR :