À partir du VIIe siècle, l’europe est submergée par les invasions barbares. Les traditions, le savoir, les connaissances, tout cela n’a pu être sauvé que par les ordres monastiques solidement installés. Les secrets des bâtisseurs trouvèrent refuge dans les monastères jusqu’au Xe siècle.
Après cette période noire de stagnation et même de recul de la civilisation, siècles de bouleversement et de destructions de toutes sortes, on assiste à une véritable renaissance, même si ce terme ne sera employé que cinq siècles plus tard pour les arts. Les confréries de bâtisseurs, maçons et tailleurs de pierre vont élever les plus extraordinaires constructions jamais conçues par l’humain : les cathédrales. on s’extasie encore, et à juste raison, devant ces édifices, mais on ne se rend pas compte de ce qu’ils représentaient lors de leur construction. Les maisons ne dépassaient pas généralement les trois étages. Compte tenu des constructions que nous faisons de nos jours, combien de kilomètres de haut devraient avoir des cathédrales contemporaines ? on a cherché à frapper les esprits par le gigantisme de l’architecture, mais aussi par celui de la musique. Les grandes orgues ont dû, au début, terrifier les fidèles !
Les pèlerinages, notamment en Terre sainte, ne se sont jamais interrompus. Aussi périlleux qu’ils fussent, ils étaient fort pratiqués par des élites qui se frottaient aux mondes islamique et judaïque. Plus près de nous, les guerres en espagne, entrecoupées de longues trêves, ont favorisé les échanges entre chrétiens et Almoravides. on se souvient des controverses et des débats théologiques comme la fameuse « Dispute de Barcelone » qui se déroula en présence de la cour et du roi. enfin, ce que nous nommons aujourd’hui les croisades – mais qui n’ont jamais porté ce nom à leur époque – va se révéler un formidable creuset d’échange avec le monde arabe et son mode de pensée. C’est aussi à cette époque que revient d’Irlande un courant celtique christianisé, symbolisé par saint Malachie, un des rares proches de saint Bernard, qui terminera ses jours à Clairvaux. et rappelons que ce même saint Bernard, lorsqu’il prêchera la croisade à Vézelay, ne le fera pas du haut de la colline, mais depuis un tertre druidique situé un peu plus bas et dont il reste encore de nos jours un amas de rocaille que l’on a surmonté d’une croix. Ceux qui auront la curiosité de se rendre sur le lieu sentiront peut- être une étrange sensation les envahir. Ces endroits n’étaient jamais choisis au hasard.
C’est aussi l’époque où les règles monastiques reprennent la pureté d’origine, où Cîteaux commence à supplanter Cluny, et où on se soucie de reconstituer les bibliothèques détruites. Des moines, sachant souvent aussi bien lire l’arabe que l’hébreu, vont parcourir l’europe, et particulièrement l’espagne, à la recherche de documents. Leurs connaissances sont certaines, et on se souvient que le troisième abbé de Cîteaux, Étienne Harding, travailla avec un talmudiste sur les textes hébraïques utilisés pour la refonte de la Bible latine.
Les manuscrits recherchés par les moines étaient dans les monastères mozarabes. Les Clunisiens, grâce à l’amitié d’Alphonse VI et de ses successeurs, vont essayer d’accéder à ces bibliothèques et aux archives. en partant sur les routes de Compostelle, les bénédictins gagnaient sur tous les plans. Ils prenaient un chemin sacré déjà suivi mystérieusement bien avant le christianisme par les druides et par d’autres religions initiatiques encore plus anciennes...
Thierry Wirth
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