Nouvelles cibles, nouvelles stratégies.... Comment restaurer la tolérance dans l’intestin

Conférence du docteur Pascal Mensah*

« Difficile d’imaginer à quel point notre intestin joue un rôle prépondérant dans la stabilité de notre système immunitaire. En effet, l’intestin est un lieu d’échanges et de régulation entre ce qui vient de l’extérieur (nutriments, bactéries, virus) et ce qui va être utilisé par l’organisme. Son rôle ? Traiter positivement les bonnes informations et éliminer celles qui sont nocives. L’intestin est le lieu où se détermine la guerre ou la paix. A trop faire la guerre, notre intestin pourrait compromettre une de ses fonctions principales : la tolérance. Celle-ci permet en effet d’accepter tout simplement nos aliments pour que ceux-ci puissent se transformer en énergie, fondamentale au bon fonctionnement de nos cellules. Si cette tolérance est rompue, c’est la porte ouverte alors aux maladies inflammatoires ainsi qu’aux pathologies auto-immunes.

Les études de ces 5 dernières années ont permis d’augmenter nos connaissances en matière de métabolisme cellulaire et précisément sur le métabolisme des cellules du système immunitaire.

On sait que pour « mettre en route » une cellule immunitaire comme le lymphocyte T il faut la nourrir pour lui permettre de faire son stock de lipides, ainsi que de nucléotides pour fabriquer de l’ADN et d’augmenter son taux de glycolyse pour produire de l’ATP, l’énergie nécessaire à tout réaction chimique métabolique. Ce régime spécial peut être mis en route par l’intermédiaire de substances se trouvant dans l’intestin et notamment par les métabolites issues de la fermentation des fibres par les bactéries de la flore commensale ou microbiote. Parmi ces métabolites se trouvent les acides gras à chaînes courtes dont le butyrate, une molécule ayant fait l’objet de nombreuses études en raison des ses propriétés très variées. Les acides gras comme le butyrate agissent au niveau de l’AMPK, une enzyme stratégique, renforçant ainsi un métabolisme de type catabolique (dégradation de composés moléculaires pour fournir de l’énergie) propre au cellules au repos ou à certaines cellules régulatrices comme les lymphocytes T régulateurs. En 2013 Furusawa et collègues, ont démontré l’action du Butyrate comme inducteur de différentiation des lymphocytes T régulateurs du colon, permettant à ceux-ci de produire de l’IL10 une cytokine anti-inflammatoire et inductrice de modulateurs de la réponse inflammatoire. Ce mécanisme joue ainsi un rôle important dans l’induction d’un environnement tolérogène, c’est-à-dire pacifique. On voit ainsi, l’intime relation ou symbiose qui existe entre le microbiote et les lymphocytes T régulateurs.

Bien-sûr la nutrition joue un rôle important puisqu’elle va fournir les fibres et les probiotiques nécessaires, mais l’apport de cytokines comme l’IL10 via les médicaments de micro-immunothérapie va également participer au maintien de la tolérance intestinale.

On les prescrira donc en prévention en cas de terrains allergiques, d’antécédents de pathologies auto-immunes, dans les états inflammatoires et également en appui de traitements conventionnels. Les médicaments de micro-immunothérapie sont également précieux pour entretenir une situation d’équilibre et donc de santé.

Les destins des lymphocytes T sont étroitement corrélés au métabolisme provenant du microbiote. Autrement dit la flore commensale de l’intestin participe de façon active à l’équilibre du système immunitaire.

De récents travaux ont permis de mettre en évidence le rôle joué par les métabolites produit par certaines bactéries sur l’activité notamment des lymphocytes T régulateurs. Ces cellules sont impliquées dans la Tolérance et permettent d’entrevoir des implications thérapeutiques dans la prise en charge des maladies auto-immunes. Certaines molécules ont déjà montré leur intérêt dans la promotion de cellules régulatrices, comme les micronutriments tels que la vitamine A et D, les acides gras à chaines courtes mais aussi certaines cytokines comme interleukine 10. La micronutrition ainsi que la Micro-Immunothérapie peuvent respectivement contribuer à apporter des éléments indispensables au maintien de la tolérance immunitaire au niveau intestinal.

*Pascal Mensah est médecin généraliste et vice-président de L'Institut International d'Immunothérapie à Doses Infinitésimales (3idi) qui a pour objectif de développer les connaissances en micro-immunothérapie. L’objectif de la micro-immunothérapie est de rééquilibrer la réponse immunitaire, un système performant capable de faire face à de nombreuses pathologies, qu’elles soient d’origine virale, inflammatoire, allergique... Les maladies auto-immunes consécutives à un dérèglement de l’immunité et le développement de cellules cancéreuses sont également concernés. Les médicaments de micro- immunothérapie intègrent des messagers chimiques comme les cytokines ainsi que des acides nucléiques à doses physiologiques qui vont moduler en douceur la réponse immunitaire. La haute dilution des molécules actives correspondant aux doses physiologiques nécessaires garantit une parfaite tolérance des médicaments.

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