JOURNÉE MONDIALE DE LA SCLÉROSE EN PLAQUES : Les avancées de DHUNE sur la maladie - Interview du Professeur Jean Pelletier

Avancées du programme DHUNE sur la Sclérose en Plaques
Interview du Professeur Jean Pelletier,
Chef du Service Neurologie et Unité NeuroVasculaire à l'AP-HM

La Sclérose en Plaques (SEP) touche plus de 100 000 personnes en France et débute plus particulièrement chez les jeunes femmes entre 20 et 30 ans. Il s'agit d'une maladie inflammatoire démyélinisante du système nerveux central (cerveau et moëlle épinière) qui provoque des troubles visuels (baisse de la vision d'un seul œil), des troubles de la sensibilité (fourmillements au niveau d'un membre), des troubles moteurs (problème d'équilibre, de marche..) et peut causer de nombreuses séquelles et handicaps. L'IRM permet de diagnostiquer la maladie en décelant les lésions inflammatoires au niveau du cerveau et de la moelle épinière.

Crédit photo : K. Magalon (IBDM)

 

 

Pouvez vous brièvement nous rappeler les principaux symptômes de la Sclérose en Plaques et ce que nous en savons aujourd'hui ?
 
La Sclérose en Plaques (SEP) touche plus de 100 000 personnes en France et débute plus particulièrement chez les jeunes femmes entre 20 et 30 ans. Il s'agit d'une maladie inflammatoire démyélinisante du système nerveux central (cerveau et moëlle épinière) qui provoque des troubles visuels (baisse de la vision d'un seul œil), des troubles de la sensibilité (fourmillements au niveau d'un membre), des troubles moteurs (problème d'équilibre, de marche..) et peut causer de nombreuses séquelles et handicaps. L'IRM permet de diagnostiquer la maladie en décelant les lésions inflammatoires au niveau du cerveau et de la moelle épinière.
 
 
Qu'elles en sont les causes ?

Bien que la maladie soit décrite depuis le 19ème siècle, les causes de la SEP restent toujours inconnues et multifactorielles. Plusieurs facteurs sembleraient impliqués : des facteurs de susceptibilité génétique, des facteurs environnementaux (notamment le tabagisme et la carence en vitamine D), et des facteurs infectieux (par exemple, le virus de la mononucléose infectieuse).

Où en sommes-nous des traitements et des essais cliniques ?

Les avancées ont été considérables ces dernières années pour ralentir l'évolution de la maladie.
Aujourd'hui, 3 grandes pistes sont explorées :
- Deux pistes de traitements de fond pour agir favorablement sur l'évolution de la maladie et sur le handicap : des molécules pour bloquer l'inflammation responsable des poussées et de l'évolution progressive de la maladie (un premier médicament est attendu cette année qui permettra de soigner les formes progressives) et des molécules réparatrices de la myéline et neuroprotectrices qui permettraient de réparer les dégâts.
- Des traitements symptomatiques pour améliorer la qualité de vie des patients : des molécules permettant d'agir sur la raideur, la fatigue ou les problèmes urinaires que rencontrent les patients atteints de la SEP (par exemple, la toxine botulique)
Le but étant de trouver le traitement adéquat pour chaque patient et surtout de « verrouiller » la maladie pour éviter les séquelles et les conséquences sur la vie du patient.
 
 
Quelles sont les avancées au niveau de la recherche?

Les recherches fondamentales de DHUNE portent sur 3 axes :
1 - La compréhension des mécanismes de destruction de la myéline par une étude du dialogue qui s'établit entre les neurones et les oligodendrocytes (cellules qui forment la myéline), et des mécanismes qui contrôlent l'assemblage de la myéline (équipes de C. Faivre-Sarrailh, AP-HM et B. Dargent, CRN2N);
 
2 - L'impact de la démyélinisation sur l'immunité des patients par l'étude du dialogue entre les cellules nerveuses et les cellules immunitaires lors des processus de démyélinisation (équipes de G. Rougon, F. Debardieux, INT et S. Deplat Jegot, NICN). Ces chercheurs ont développé des techniques innovantes d'imagerie pour visualiser la dynamique de ces interactions cellulaires.
 
3 - La compréhension du processus de régénération de la gaine de myéline afin de favoriser ce processus de réparation spontanée qui existe chez certains patients et proposer de nouvelles pistes thérapeutiques (équipes de P. Durbec, IBDM, et F. Féron, NICN).
 
Les recherches cliniques sont orientées vers l'imagerie (équipe de M. Guye, J.P. Ranjeva et J. Pelletier, CRMBM) afin de mieux appréhender les mécanismes impliqués dans la maladie (inflammation, démyélinisation, neurodégénérescence) à partir d'appareils d'IRM de hauts champs (3T) et très hauts champs (7T). Ces approches de recherche sont associées au Réseau PACASEP et au Centre de Recours et de Compétences SEP (CHU Timone).
 
 
Quels sont les essais cliniques en cours et à venir ?

Il y a plusieurs essais thérapeutiques en cours notamment sur la remyélinisation et un médicament issu de cette approche est disponible actuellement en France en Autorisation Temporaire d'Utilisation, à base de vitamine B à forte dose qui a montré qu'il était possible d'améliorer l'état des patients. (Pour s'informer sur les prochains essais cliniques en PACA : www.pacasep.org/)

Quelles sont, selon vous, les pistes qui n'ont pas été suffisamment explorées ?

Essayer de mieux comprendre les causes de la maladie et les mécanismes impliqués dans l'apparition et l'aggravation de la maladie, pour éviter le handicap et essayer de protéger le système nerveux. Cela est vrai pour toutes les maladies neurodégénératives. La neuroprotection, est l'avenir des 20 prochaines années.
 
 
Des conseils à donner aux patients et leur entourage ?

Il est important de diagnostiquer au plus tôt la maladie et de commencer à la traiter le plus tôt possible pour éviter les séquelles. Les patients ont souvent du mal à parler de leur maladie et de ses conséquences. il faut les aider à relativiser car ce n'est pas obligatoirement une maladie grave ! Leur expliquer qu'on peut vivre avec cette maladie de façon normale, les inciter à d'accepter le traitement sur le long terme, notamment de par son rôle préventif. Le soutien des familles, des conjoints et des aidants est primordial pour la bonne prise en charge de la maladie

Que vous apporte le programme DHUNE dans l'avancée de la maladie?

Le programme et son approche pluridisciplinaire englobant recherche académique, clinique, préclinique, différents pôles hospitaliers, industriels du secteur, patients et associations de patients nous permet d'avoir des collaborations nationales et internationales fructueuses, une meilleure compréhension des pistes à explorer et un aboutissement plus rapide des molécules explorées.
 
 
Quelles sont les actualités des prochains mois sur la SEP ?

A Marseille, la journée mondiale de la SEP aura lieu le 31 mai 2017. Ce jour là, le hall de l'hôpital La Timone accueillera un stand d'information avec une patiente experte pour répondre aux questions, ainsi qu'une exposition photos intitulée « SEP'As ce que vous croyez » destinée à améliorer la connaissance du grand public sur la maladie et ses symptômes invisibles. Cette journée sera suivie de celle de la Maison de la SEP à Marseille le 2 juin 2017 (Autres dates et villes : http://www.lamaisondelasep.fr).
Par ailleurs, les membres de DHUNE, en association avec le Master de Neurosciences et le programme doctoral Neurosciences Intégratives et Cliniques (ICN) d'Aix-Marseille Université, organiseront d'ici la fin de l'année 2017 une conférence scientifique sur la sclérose en plaques.

A propos de DHUNE :
DHUNE est un programme de recherche ambitieux sur les maladies neurodégénératives (Alzheimer, Parkinson, Sclérose Latérale Amyotrophique (SLA) dite Charcot, Sclérose en Plaques, Huntington) avec une approche pluridisciplinaire inédite, porteur de beaucoup d'espoirs pour les malades et leur entourage. Abordant la maladie différemment, établissant des passerelles entre la recherche clinique et pré clinique, impliquant à la fois les différents pôles hospitaliers (gérontologie, neurologie, psychiatrie, imagerie, biologie) et les équipes de recherche académique (plus de 100 chercheurs), les patients, les industriels du secteur, et l'éducation, DHUNE a pour objectif d'aboutir à des découvertes sur la motricité, la cognition, la vie quotidienne des patients atteints de maladies neurodégénératives et d'obtenir des avancées plus rapides sur ces maladies d'ici 5 ans. Le centre DHUNE fait partie des 7 centres français à avoir été labellisés par AVIESAN (Alliance Nationale pour les Sciences de la Vie et de la Santé), comme centre d'excellence au sein du réseau «Centres of Excellence in Neurodegeneration » (CoEN) en Europe et au Canada. DHUNE est par ailleurs labellisé comme FHU (Fédération Hospitalo Universitaire) dans le cadre du plan 2014-2019 sur les maladies neurodégénératives. Plus d'informations sur www.dhune.org