Cette découverte vient de faire l’objet d’une publication scientifique dans la prestigieuse revue Nature Communications.
Une nouvelle mutation responsable d’amylose a été identifiée dans une famille suivie à l’AP-HM, grâce aux investigations menées chez un patient et plusieurs membres de sa famille.
L’amylose est une maladie rare caractérisée par la déposition de fibrilles protéiques dans les organes (rein, cœur, foie, tube digestif…), qui altère leur fonctionnement. Plusieurs types de protéines peuvent former des fibrilles amyloïdes, dont des protéines mutées responsables d’amylose héréditaire.
Un suivi sur plusieurs générations
Dans le Centre de Néphrologie et Transplantation Rénale du Pr Berland, à la Conception, une famille atteinte d’amylose héréditaire a ainsi été suivie sur plusieurs générations. Les membres de la famille atteints souffraient dès l’âge de 25-30 ans d’une sécheresse oculaire et buccale, d’une hypertension artérielle, d’une insuffisance rénale chronique progressive pour laquelle certains ont été greffés, et d’une atteinte cardiaque. Ces patients ne présentaient aucune des mutations connues jusqu’alors pour être responsables d’amylose, et ils présentaient un profil lipidique particulier (avec un taux bas de triglycérides et une élévation du HDL-cholestérol).
Collaboration internationale
Le Dr Noémie Jourde-Chiche travaille en Néphrologie à la Conception et au « Vascular Research Center of Marseille » sur les atteintes rénales des maladies de système et sur les anomalies cardio-vasculaires et endothéliales au cours des maladies rénales chroniques. Elle a coordonné avec le Pr Valleix (généticienne à Cochin, AP-HP) un travail collaboratif entre médecins spécialistes de l’AP-HM (Pr Habib et Dr Renard en Cardiologie à la Timone, Dr Gayet en Médecine Interne à la Timone, Pr Daniel en Anatomie Pathologique à la Timone), et de nombreux chercheurs français, européens et américains, pour caractériser cette nouvelle amylose.
Ce travail mené entre 2000 et 2015 a permis d’identifier la mutation du gène codant pour une protéine synthétisée par le foie et impliquée dans le métabolisme des lipides : l’apolipoprotéine C3.
Les membres de la famille atteints d’amylose étaient porteurs de la mutation, et la protéine mutée a été retrouvée dans tous les prélèvements tissulaires de ces patients.
Un traitement connu
L’intérêt majeur de l’identification de cette protéine mutée est qu’il existe un médicament connu pour diminuer sa synthèse hépatique : le fénofibrate. Un traitement par fénofibrate a donc été proposé aux patients atteints, dans le but de diminuer la production hépatique d’apolipoprotéine C3 et de ralentir voire arrêter la formation des dépôts amyloïdes dans les organes. La surveillance rénale, cardiaque, et la quantification des dépôts amyloïdes par scintigraphie au cours des années à venir permettra d’évaluer l’efficacité de cette stratégie.
La mutation de l’apolipoprotéine C3 va également pouvoir être recherchée dans les familles de patients atteints d’amylose héréditaire pour lesquelles aucune mutation génétique n’a été identifiée jusqu’ici.
Cette découverte fait l’objet d’une publication scientifique dans la prestigieuse revue Nature Communications : « D25V apolipoprotein C-III variant causes dominant hereditary systemic amyloidosis and confers cardiovascular protective lipoprotein profile ».
Valleix S, Verona G, Jourde-Chiche N, Nédelec B, Mangione PP, Bridoux F, Mangé A, Dogan A, Goujon JM, Lhomme M, Dauteuille C, Chabert M, Porcari R, Waudby CA, Relini A, Talmud PJ, Kovrov O, Olivecrona G, Stoppini M, Christodoulou J, Hawkins PN, Grateau G, Delpech M, Kontush A, Gillmore JD, Kalopissis AD, Bellotti V. Nat Commun. 2016 Jan 21;7:10353. doi: 10.1038/ncomms10353).
Contact presse :
Dr Noémie Jourde-Chiche – MCU-PH Néphrologie
Aix-Marseille Université – Vascular Research Center of Marseille
Faculté de Médecine – AP-HM Hôpital de la Conception
Service de Néphrologie du Pr Berland
Email : noemie.jourde@ap-hm.fr