Vivre l’estime de soi

On nomme estime de soi une disposition naturelle de l’être humain à se respecter et à respecter les autres, à s’aimer, car l’amour de soi conditionne l’amour du prochain. C’est une prescription biblique et une recherche du bouddhisme et de l’hindouisme.


On nomme estime de soi une disposition naturelle de l’être humain à se respecter et à respecter les autres, à s’aimer, car l’amour de soi conditionne l’amour du prochain. C’est une prescription biblique et une recherche du bouddhisme et de l’hindouisme.

L’estime de soi grandit, s’épanouit, ou s’étiole et disparaît selon les affirmations positives ou négatives de l’entourage parental, scolaire, parfois universitaire, professionnel, puis amical.

L’estime de soi peut être aussi définie comme l’expression positive que j’ai de moi, ce que je pense de moi, ce que j’affirme de moi, la conscience de ma personne. La situation de survie est un épisode de vie au cours duquel un être humain peut décider, choisir, guidé par une estime ou une mésestime de soi inconsciente, ce qui ne signifie pas qu’il ait conscience de la notion d’estime de soi. Il vit dans ce cas une situation qui contribue à le dévaloriser. La prise de conscience de la capacité de nommer, de reconnaître les sentiments d’estime de soi, nécessite généralement des conditions de vie plus confortables. Elles sont propices à une prise de recul par rapport aux conditions de vie, à la capacité d’analyser les qualités mises en œuvre pendant la durée de la situation, à leur donner un nom juste, surtout à accepter de se les attribuer. Ainsi construit-on l’estime de soi au cours des épreuves de la vie.

Exprimer des questions ou des comparaisons telles que :
• « Est-ce que je suis aimé(e) ? »
• « Ma mère est plus gentille avec mon frère. »
peut être interprété, malgré une constatation objective, comme une dépendance par rapport à l’amour de l’autre, une estime de soi un peu faible qui peut occasionner de la souffrance.
• « Il gagne plus que moi. »
• « Il est plus riche que moi. »
sont également des constatations objectives ; elles indiquent cepen- dant un besoin de se comparer à l’autre. Lorsque ces deux affirmations surgissent à l’esprit, sont-elles l’expression d’une simple constatation ou d’un désir refoulé de posséder ? Dans ce cas, ce désir pourrait traduire une insatisfaction, source de souffrance.
• « Je dois être soumis pour garder ma place. »
• « Je ne peux pas dire ce que je pense, je vais le payer très cher. »

sont aussi des affirmations. Mais que dit la personne ? Ces phrases expriment-elles des constatations, des formulations de dépendance, de servitude créées par une relation de pouvoir, d’argent, de puissance ? Elles entravent la liberté d’expression de l’estime de soi. Une comparaison de salaires peut être une constatation lucide. Elle peut aussi indiquer une dévalorisation de soi.

Nos héroïnes, Blanche-Neige et Cendrillon, sont des exemples de personnalités qui ne se sous-estiment pas, elles sont lucides par rapport à elles-mêmes, à leur entourage. Elles prendront leur place dans la société, dans la vie familiale.

L’estime de soi entraîne une perception lucide, juste, dégagée du ressenti émotionnel, sorte d’avertissement des sensations.

La mésestime de soi
« Je ne m’aime pas », « Je me déteste », « Je suis nul », sont des expressions qui expriment la mésestime de soi. Cette absence d’estime de soi peut cacher, parfois, un état pathologique sous- jacent. Si je me déteste, je dois poser la question : « L’autre, le dif- férent, l’environnement social, a-t-il le même regard de destruction à mon égard ? » Cette mésestime de soi résulte de la construction de l’image de soi par l’enfant. Ces notions d’image de soi et de conscience de soi sont développées dans le chapitre suivant.

Pour l’adulte, la mésestime de soi s’installe lors de situations stressantes, dévalorisantes. La personne qui vit des idéaux perfection- nistes, des fantasmes, en vient à se sous-estimer. Elle se coupe de la réalité. Il en est de même pour celle qui n’intègre pas ses qualités, ses réussites ou pense les « ratages de la vie » comme des échecs et non comme des apprentissages de la vie, et se ressent mauvaise ou coupable.

Qui est concerné par l’estime de soi ?
L’homme est-il concerné par l’estime de soi ? L’attitude des deux princes charmants, vis-à-vis de nos Cendrillon et Blanche-Neige, témoigne de leur haute estime d’eux-mêmes. Ils décident d’épouser les jeunes femmes malgré leurs situations singulières. Un homme qui a une bonne image de lui-même vit mieux un licenciement ou une rupture sentimentale. Il est facile pour lui de comprendre la situation sans s’impliquer dans un sentiment de culpabilité.

L’enfant structure l’estime de soi. Vers l’âge de 2 ans 1⁄2, l’enfant se reconnaît dans le miroir : il est temps de le nommer, de lui dire qu’il est beau, de construire une représentation mentale des diffé- rentes parties de son corps par des mots, de lui apprendre à accepter son corps sans juger ce corps dans lequel il est incarné. Ses investigations, ses apprentissages sont également à valoriser. On ne juge pas ses bêtises : on lui apprend à réparer. Ainsi construit-on ce qui est appelé par les psychanalystes le narcissisme primaire. Du point de vue de notre propos, on édifie ainsi les fondations de l’estime de soi. On comprend l’importance d’éviter de lui dire qu’il est « mau- vais », « maladroit ». Le jeune enfant a besoin de compliments, cependant il est indispensable de lui transmettre des repères. Il doit apprendre à discerner les conséquences de l’expérience de la trans- gression afin de vivre un juste sentiment de culpabilité. Ainsi ne se croira-t-il pas subjectivement « mauvais ». Il se peut que l’enfant lui-même refuse la construction de l’estime de soi, personne n’est alors responsable de cette attitude.

Lorsque des parents se disputent souvent devant l’enfant, ils ont tendance à se dévaloriser l’un l’autre. L’enfant ne peut pas se situer par rapport à son père, à sa mère, il risque de s’identifier dans ce cas comme étant l’enfant d’une mauvaise mère ou d’un mauvais père. La fonction parentale doit être séparée de la fonction « conjugale ». Celle-ci est une relation d’homme et de femme désirant vivre ensemble l’expression, le développement, la recherche de la pléni- tude de leur masculinité, de leur féminité. La relation parentale est une relation triangulaire entre un père, une mère et un enfant, duale entre une mère et l’enfant, un père et l’enfant. L’enfant ne doit, ne peut pas être utilisé pour régler des comptes avec l’autre.

Je préconise à notre époque d’apprendre à différencier les deux fonctions. Papa peut être un mari que maman ne supporte plus, ce qui ne veut pas dire qu’il est mauvais père, et vice-versa. Si un homme ne supporte plus la présence de sa compagne, ne peut plus vivre avec celle-ci, cela ne signifie pas qu’ils sont mauvais. Lorsque chacun a une bonne estime de lui-même, il sait dissocier la fonction parentale de la fonction conjugale, de la relation de couples, concubins ou pacsés.


L’enfant a besoin de l’amour de son père, de celui de sa mère. Ce n’est pas le rôle de l’adulte d’exprimer devant l’enfant son ressenti, sa peine, sa déception et ses sentiments divers suscités par la décep- tion amoureuse, il s’agit de la vie d’adulte. L’enfant est une personne qui se construit, il a besoin d’un bon père, d’une bonne mère ; il décidera plus tard. De cette manière, il exercera pleinement sa capacité d’être soi. Avec sa liberté intérieure, il aimera ses parents avec leurs faiblesses ou leurs limites d’êtres humains.

Estime de soi et contexte culturel
L’évolution de la société fait émerger la «nécessité d’être fort psychiquement ». Cette nécessité est renforcée par le concept d’in- dividu, de consommateur qui gomme la notion de personne. Historiquement, la société se transforme profondément depuis deux siècles. Passant d’une structure rurale à celle d’industrielle, puis de postindustrielle, elle mute en modifiant ses valeurs qui reposaient sur la transmission familiale. Au fil des années, la dissolution des traditions apparaît. On constate que cette mutation sociale internationale bouleverse deux millénaires d’acquis culturels qui se dissol-vent lentement et progressivement. Ce fait entraîne pour certains un pot-pourri d’amalgames, d’idées fausses. Ainsi, pour répondre aux ouvertures créées par les résultats de la recherche fondamentale en génétique, on aménage une réflexion pour élaborer une sorte de charte éthique de l’être humain : devient-il clone ? matériel généti- que breveté ? Un embryon humain est-il une organisation de cellu- les ou un être humain en devenir ? Le citoyen est-il responsable, avec des droits dont découlent des obligations ? Appartient-il à une nation qui a des devoirs et des obligations envers lui ? Au fil des années, la dissolution des traditions apparaît. Cependant le besoin d’appartenance à des groupes sociaux codés reste fort. Il y a un décalage entre le discours et le « vécu ». Néanmoins, le besoin de lien social, d’intelligence relationnelle existe, car l’individu dit : « Je suis largué »...

Estime de soi et corps de la personne
L’individu, qui est une personne, rentre en relation avec son corps par la pratique des exercices corporels simples, faciles, expliqués dans ce livre. Il construit le ressenti du corps. Dans des circonstances de stress, le lecteur qui pratique les exercices corporels décrits se préserve et se protège des effets négatifs de ce stress. Il a une bonne image de son corps, laquelle contribue à garder l’estime de soi, à la cultiver.

La deuxième partie vous apporte des connaissances qui vous aideront à comprendre comment se construit l’estime de soi. Elle est pédagogique. Je vous conseille de la lire avant de débuter les leçons pratiques du livre.


 

Agnès Payen de la Garanderie

 

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Développer l'estime de soi en 8 leçons