Une méthode pour se libérer des noeuds de sa mémoire et devenir riche de son passé



Une patiente souhaitait travailler sur sa lignée maternelle, car elle voulait la confirmation d’un secret de famille qu’elle pressentait et qui la torturait.

Pendant trois séances, les images m’ont emmenée dans la lignée paternelle pour lui permettre de mettre en paix la souffrance de son père. Une femme morte en couche avec son enfant est apparue et c’était la première femme de son père. Il en avait été traumatisé et n’en avait jamais fait le deuil. Je l’ai accompagnée pendant ces trois séances en abordant plusieurs aspects de sa vie et de sa famille. À la quatrième séance, les images ont confirmé que la mère de ma patiente n’était pas sa mère biologique. Or c’était la question primordiale pour laquelle elle était venue. Si elle avait eu la réponse en première séance, elle aurait pu s’enfermer dans de la colère contre son père, alors que ces séances de pardon et d’apaisement lui ont permis d’accueillir la vérité avec compréhension et même avec compassion.

Méthodologie : la déliance, étape par étape
Au cours de mes deux premières années d’activité, j’ai retranscrit l’essentiel de chaque séance pour comprendre ce qui était en jeu et relire la manière dont la séance fonctionnait. Il était vraiment important pour moi d’intégrer ce qui se passait concrètement et de m’assurer que ce travail n’était pas déviant. Vous savez, c’est comme suivre une ligne blanche sans lever le bout du nez, la ligne est sortie de la route et vous emmène dans le fossé si vous n’y prenez pas garde. Très rapidement je me suis rendu compte que j’oubliais beaucoup d’informations, de détails qui s’avéraient très importants, c’est alors que j’ai décidé d’enregistrer mes séances. Certains patients me demandaient de leur fournir un compte rendu écrit. Puis trouvant ce travail long et astreignant, car cela me demandait deux à trois heures de travail avec une remise en situation qui pouvait être éprouvante, j’ai proposé́ de leur transmettre le fichier audio. Ainsi, s’ils le souhaitent, ils peuvent réécouter la séance, se remettre en mémoire les clés de fonctionnement nouvelles mises à disposition, vérifier auprès de leurs proches la véracité de scènes remontées. Cela libère aussi le patient dès le début de la séance. Car nous sommes dans la découverte de chaque étape, sans jamais essayer de la mémoriser. Cela donne une liberté formidable et permet de vivre l’instant présent.

Précisons qu’au fil de la séance, je raconte tout ce que je vois. C’est fondamental. Certains parents sont inquiets de ce qui pourrait être révélé à leurs enfants. Mais comme je le précise à chaque fois, c’est avec leur inconscient que je dialogue, toutes les informations auxquelles j’ai accès sont déjà connues et ne les surprennent absolument pas. Il m’appartient de bien les verbaliser pour ne pas les brusquer. Étonnamment, quand les patients ne veulent pas savoir en conscience, ils s’endorment pendant la séance. Je vais vous raconter une anecdote qui m’a poussée à tout raconter :
Il s’agit d’Isabelle, que vous retrouverez plus loin. C’était dans mes tout débuts, je vis une femme faire l’amour avec la mort, symbolisée par un personnage portant un vêtement à capuche, sans visage et tout noir. Je ne disais rien, ne sachant comment le verbaliser et plus je me taisais, plus les images devenaient intimes et me mettaient mal à l’aise, alors j’ai ouvert les yeux et j’ai essayé, le mieux possible, d’en faire part à Isabelle. À ma grande surprise, elle me confirma que c’est ce qu’elle avait ressenti lors de la mort de l’homme de sa vie dans ses bras. Depuis cette séance, je n’hésite plus à tout dire. Pourquoi ? Parce que ces images ne m’appartiennent pas, je ne suis que l’intermédiaire, la passeuse d’informations et non la détentrice.

Après un échange avec un patient, qui peut choisir de me dire pourquoi il est venu ou pas, je me mets en posture de détente et d’attente. C’est un moment paisible de prise de contact, de mise en condition comme avant le début d’un entretien. Comme je l’ai déjà évoqué, mes mains se mettent au travail dès le début. elles servent de capteurs, de détecteurs de zones sensibles et se positionnent sur les axes que je vais vous définir plus loin.

Imaginez que nous démarrons une réunion à trois, l’inconscient de mon patient a beaucoup de choses à raconter à son conscient et je sers de réceptrice et de traductrice. Je suis aussi celle qui mène la réunion pour m’assurer que nous irons à la déliance, phase incontournable de ma séance.
Le patient est devant une souffrance physique, mentale, un dysfonctionnement qu’il a décrit, ou non. La première étape consiste à aller à la rencontre des sujets en souffrance qui peuvent être traités au cours de la séance, puis l’objectif est d’en retrouver le ou les déclencheurs, de les désactiver et de leur permettre de s’apaiser.

Retrouver les déclencheurs du dysfonctionnement Une séance consiste à :
– Retrouver en images l’origine du traumatisme connu ou non (même si le patient ne peut ou ne veut le verbaliser).
– Permettre aux nœuds du passé d’expliquer comment ils se sont constitués de façon réelle ou symbolique.
– Permettre à chaque nœud d’apporter sa solution en images, dénouant ainsi cette situation bloquée dans le temps.
– Remettre le patient dans une nouvelle dynamique d’ac- tion, par rapport à lui-même, à son projet, et dans une dynamique relationnelle plus souple, dans un horizon plus dégagé.

Passer par la vision, un jeu vidéo ?
Lors d’une séance, je suis comme dans un jeu vidéo. Pour libérer les nœuds dissimulés dans un lieu que j’ignore, j’entre dans des pièces ou espaces, qui correspondent à ces moments où se sont passés les événements que l’on retrouve ensemble. Le but est de trouver la clé pour déverrouiller la porte devant eux. Les enfants adorent cette interprétation et comprennent très bien de quoi je parle, car pour une fois la personne à délivrer c’est eux.

Je me trouve face à des scènes qui parlent d’elles-mêmes tout en comprenant à quel point le décodage peut être surprenant. Je ne peux que vous raconter les images perçues, mais lorsqu’elles arrivent, elles peuvent être accompagnées de ressentis, de perceptions auditives, olfactives, de peurs, de douleurs physiques qui complètent l’illustration. elles me valident ou contredisent ma lecture de l’histoire, la font évoluer et l’éclairent progressivement. Quand je me suis trompée, une autre scène vient parfois préciser un détail, un angle de vue, qui me permettra d’ajuster ma perception. La précision de chaque image m’étonne encore aujourd’hui. La relecture, pour ce livre, de séances anciennes m’a donné des clés de compréhension que je n’avais pas perçues à l’époque. Cela n’a absolument pas altéré le résultat. Voici un exemple surprenant.

Apparaît un homme en grande souffrance, tout son corps est à vif, il courbe le dos. Une feuille de scarole, douce, rassurante, se pose sur lui avec délicatesse. (En mon for intérieur, je me demande pourquoi la « scarole » est associée à une scène d’une telle violence.) Puis l’homme apaisé se relève, prend un balai tout en restant sous la feuille qui le protège et balaie jusqu’à ce qu’il ne reste plus de traces de poussière autour de lui.

Le fait est que je suis avec une patiente en très grande souffrance affective et le ressenti de la souffrance de cet homme semble en adéquation totale avec la sienne. Quelle est la clé d’interprétation d’une telle scène du passé ? Au bout d’un moment de réflexion, en interaction avec ma patiente se dessine une explication : ma patiente s’appelle Anne-Carole et dans son enfance, elle était souvent surnommée Anne- Scarole ! L’image avait parlé naturellement. Nous avions la clé pour comprendre que le but de cet homme était que ma patiente n’ait plus à subir les conséquences de ses propres actes. Ceux-ci l’avaient conduit au supplice qu’il montrait dans cette scène d’éprouvante. Pour cela il faisait le ménage afin qu’elle ne se mette pas éternellement en situation de vic- time comme lui. Anne-Carole, quant à elle, se mettait inconsciemment dans des situations où elle était nerveusement à vif pour mettre à jour les douleurs insupportables de cet ancêtre.

Après une scène de ce type, je peux me retrouver parfois dans une autre pièce, une autre situation. Comme vous allez le découvrir sur des séances plus complètes, cela peut vous sembler décousu, le passé s’exprime comme par des flashs successifs qui n’ont pas toujours de lien apparent. Ce n’est qu’avec le recul, en validant avec le patient, que la trame se dévoile et se concrétise.

Imaginez que je regarde un tableau avec une lorgnette grossissante. Je me focalise donc sur des zones qui me confrontent à trop de détails, sans avoir la vue d’ensemble. C’est pourquoi lorsqu’une image ne nous parle pas, je la note en espérant qu’elle donnera son sens au cours de la séance, ce qui ne manque jamais d’arriver. Nous (moi et le patient ou les parents) arrivons presque toujours à recomposer l’histoire en fin de séance. Tout a un lien, c’est très étonnant.

Les études de cas de libération et de mieux-être qui sont décrites dans la dernière partie du livre sont riches de ces situations où les personnages évoluent de pièce en pièce, pour reprendre la comparaison avec un jeu vidéo, jusqu’à une porte de sortie où ils retrouvent la lumière, la liberté, ou leur monde, pour renouer avec un équilibre et une sensation de bien-être qui leur étaient interdits dans les couloirs d’un labyrinthe sans itinéraire...

Ce travail de visualisation s’opère en prenant en charge le conscient, l’ inconscient et le corps, lieux de stockage de la mémoire. Les trois sont fondamentaux, car le corps pourrait présenter un plus grand dysfonctionnement si le conscient et l’inconscient devaient se rééquilibrer sans tenir compte de lui. Cette affirmation n’est absolument pas anodine et je vais essayer de vous l’éclairer.

Lorsque vous travaillez sur vous-même avec un « psy », c’est- à-dire un thérapeute se limitant à votre psychisme, il prend en compte votre conscient et votre inconscient, mais ne communique jamais avec votre corps, détenteur de votre mémoire cellulaire. Visualisez donc une pyramide à trois pieds – j’exclus volontairement le quatrième, le spirituel. Certains thérapeutes jungiens le prennent en compte, mais ce n’est pas l’objet de mes propos. Maintenant imaginez le pied conscient se rapprocher du pied inconscient par résolution de problèmes les concernant. Comme le pied lié à votre corps détient des données transgé- nérationnelles que vous ignorez, il va être obligé de se mani- fester si tout n’est pas réglé. Donc il va extérioriser de façon plus visible qu’il n’a pas été pris en compte dans cette dimension. Un exemple très concret :
J’ai débuté une psychanalyse avec une femme de grande envergure qui m’a fait faire un chemin extraordinaire et qui m’a permis d’être ce que je suis aujourd’hui. Cependant, un jour elle mit fin à nos consultations car elle fut atteinte d’un cancer. Quelque temps plus tard, alors que je l’informais de l’ouverture de mon cabinet grâce à elle, elle m’avoua que son erreur fut de ne pas avoir pris en compte son histoire familiale transgénérationnelle comme vecteur de travail. C’est pourquoi elle était rattrapée ainsi.

L’inconscient connaît les informations du transgénérationnel, mais ne vous en parle pas si vous ne le sollicitez pas. Il reste au niveau où vous lui demandez de s’exprimer.

Au cours de la séance, en ayant accès en images à sa « boîte à mémoire », l’inconscient reste acteur sans être contrôlé par le conscient. Il envoie les images dans l’ordre par lequel il faut aborder les nœuds et c’est au thérapeute de l’accompagner, de donner du sens, de rester à la bonne vitesse, de lui poser des questions pour qu’il exprime par ce biais les raisons du mal-être... J’ai établi un protocole de travail s’articulant sur la dynamique annoncée précédemment. Il est fondé sur les axes d’analyse présentés ci-dessous, selon le rythme que je définis. C’est comme conduire une réunion, il faut avoir une structure, un plan de travail, des objectifs d’obtention de décision, sans savoir à l’avance le contenu.


 

Isabelle Dadvisard

 

                      

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