Une émotion, c’est une source de connaissance de soi


Chacune de nos émotions, agréables ou désagréables, nous permet d’identifier, dans l’instant présent, si nos besoins sont satisfaits ou insatisfaits. Nous reviendrons plus en détail sur cette notion de besoin en y consacrant entièrement la clé suivante. Mais pour l’instant, explorons son lien avec  les émotions.

Imaginez que vous soyez fan de trekking et que vous arriviez au sommet de l’Everest. Vous serez éprouvé car cette aventure exceptionnelle a mis à mal votre besoin de repos. En même temps, vous vous sentirez fier, satisfait, émerveillé : vos besoins de réalisation et de transcendance seront pleinement nourris.

Autre exemple : votre fils fête ses 7 ans dans le salon avec ses copains, alors que votre père, alité, habite chez vous. Vous êtes sans doute joyeux, car vous avez envie (en CNV, nous parlons plutôt de besoin) de célébrer l’anniversaire de votre enfant mais simultanément, vous pourrez vous sentir triste ou inquiet car, soucieux du bien-être de votre parent, vous avez besoin de nourrir de l’espoir et de la confiance quant à sa guérison.

Les émotions ne sont pas seulement un signal : elles servent aussi d’indicateur. Elles nous dirigent vers l’identification et la satisfaction de nos besoins pour peu que nous sachions écouter et décoder leur message. D’ailleurs, avez-vous remarqué à quel point les bébés sont experts en la matière ? Faute de maîtriser la parole, instinctivement, ils pleurent pour exprimer qu’ils ont faim, ou sourient quand ils sont réconfortés par un câlin. Les pleurs ou les sourires sont une manière pour eux d’attirer l’attention, quel que soit le message qu’ils souhaitent communiquer.les émotions.

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 DIFFÉRENCIER ÉMOTION ET SENTIMENT
• Une émotion est une réaction physiologique spontanée, brève (maximum quelques minutes) qui permet au corps de répondre de façon adaptée à un stimulus. Elle génère des manifestations physiques comme le rougissement, l’accélération des battements cardiaques ou la transpiration. La joie, la peur ou la tristesse en sont des exemples.

• Le sentiment, lui, s’inscrit dans la durée, notamment lorsqu’un stimulus extérieur s’est répété plusieurs fois. Si par exemple, tout petit, vous aviez peur du chien de votre voisin qui aboyait en vous voyant, vous avez peut-être développé un sentiment d’insécurité à la vue d’autres chiens, qui persiste encore aujourd’hui. Le sentiment représente un état affectif plus durable, susceptible d’évoluer avec le temps. Quelques exemples de sentiments : la gratitude, l’allégresse, l’insécurité, etc.

On a coutume de résumer la gamme des émotions à la joie, la peur, la tristesse et la colère. Pour moi, la sérénité peut aussi être une émotion. Quant à la colère, la Communication NonViolente nous amène à découvrir qu’elle est étroitement liée à nos jugements et nos pensées. Nous développerons cet aspect dans la cinquième clé sur l’affirmation de soi.

Je ne parle pas d’émotions négatives ou positives. Cela n’a aucun sens, et vous allez le constater immédiatement en examinant ci-après ces cinq émotions dans leur état « naturel », lorsqu’elles ne sont pas réprimées. Profitez-en pour noter quels indices elles livrent sur vous-même, vos attitudes, vos besoins et vos valeurs.
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Les émotions principales
La joie
Sa raison d’être
Elle est le signe d’un sentiment d’accomplissement, d’une expérience réussie ou d’un dénouement heureux.
Quand la ressent-on ?
Vous l’avez ressentie enfant en montrant fièrement vos dessins à vos parents. Aujourd’hui, vous pouvez être empli de joie à l’idée de partir en voyage au Japon, car cela faisait longtemps que vous attendiez ce moment. Toute grande joie est en général la conséquence d’une création, à l’image de celle de l’entrepreneur qui a porté son projet jusqu’au bout pour que sa société soit viable.
Sa beauté
La joie invite à célébrer la vie et à apprécier le chemin parcouru. Elle nous renvoie à nos qualités et par le sentiment de légèreté qu’elle génère, donne du sel et du sens à la vie.

La tristesse
Sa raison d’être
Elle nous relie à nos manques. À nos deuils, qu’il s’agisse de la perte d’un être cher ou d’un renoncement à un rêve. Elle nous place face à notre vécu et nous indique quels sont les besoins essentiels pour nous qui sont restés en jachère.
Quand la ressent-on ?
Vous avez peut-être été triste en voyant un reportage sur des enfants victimes de malnutrition. Ou quand le médecin vous a annoncé que vous ne pourriez jamais avoir d’enfant. Ou parce que vous vous attendiez à plus d’empathie de la part de votre conjoint après que vous lui avez confié que votre soi-disant amie vous a menti. Plus cette émotion est profonde, plus elle témoigne d’une aspiration importante pour nous.
Sa beauté
La tristesse pleinement ressentie est la porte d’entrée vers le deuil. Elle offre un véritable tremplin pour avancer. En effet, elle nous confronte à notre propre vulnérabilité, à notre humanité, à nos limites, ce qui permet de développer plus de compassion, d’empathie et d’amour envers soi et les autres. Par le travail du deuil et de l’acceptation, elle invite à évoluer et peut engendrer une véritable transformation de soi.

La peur
Sa raison d’être
Elle nous signale que nos besoins de protection et de sécurité sont en danger. Le problème, avec la peur, c’est qu’elle peut relever d’une situation purement imaginaire !
Quand la ressent-on ?
Si en vacances, la crainte de sauter dans la mer du haut d’un rocher vous a scotché sur place, car vous aviez du mal à évaluer la profondeur de l’eau, la peur vous a peut-être sauvé la vie. Prudence est mère de sûreté. Si vous avez renoncé alors que d’autres personnes se sont jetées à l’eau sans se blesser, votre peur reste bien réelle mais elle se fonde peut- être sur l’imaginaire. C’est aussi la peur d’être « abandonné », « rejeté » ou « blessé » qui nous anime parfois quand nous maquillons une vérité, ou chaque fois que nous portons un masque, comme celui d’une personne toujours de bonne humeur. La peur nous place face à nos limites.
Sa beauté
La peur préserve notre intégrité corporelle et psychique, ce qui n’est pas la moindre des qualités! Cependant, mieux vaut discerner celle qui se manifeste au service de la vie et celle qui nous maintient dans une illusion de sécurité. Pourquoi ne pas sauter du haut d’un rocher moins haut? C’est tout aussi honorable! La peur permet d’accepter nos limites et peut inciter à les dépasser avec courage, douceur et compassion pour soi.

La colère
Sa raison d’être
Elle nous montre parfois que des valeurs ou des besoins importants, comme le respect ou la protection, ne sont pas nourris dans notre vie.
Quand la ressent-on ?
Imaginez qu’un passant vous bouscule dans la rue ou qu’un adulte gifle un enfant devant vous. La colère nous signale que nous sommes touchés ou indignés par certains événements que nous voyons ou entendons, car ils entravent des valeurs importantes pour nous. Cette émotion est souvent en lien avec des besoins tels que le respect, la considération, la justice, l’équité ou encore la réciprocité.
Sa beauté
La colère nous permet de mobiliser notre énergie pour passer à l’action, protéger et respecter la vie, nous affirmer, poser nos limites ou dire « Non ». Elle peut être destructrice (et nous verrons comment la transformer), mais quand elle est constructive, elle nous oriente dans le sens de nos valeurs. Ainsi, en voyant des dégâts écologiques dans un lieu qu’elle aime, une personne pourra ressentir de la colère, car ses besoins de respect environnemental, de beauté et d’harmonie ne sont pas satisfaits. Sa colère pourra alors l’encourager à trouver des solutions pour nettoyer la plage ou la forêt, et la pousser à agir. Cette émotion peut être une source de grande puissance et de créativité lorsqu’elle est mise au service de la vie. Nous verrons plus tard que la colère, plus qu’une émotion, est en fait une sonnette d’alarme.

La sérénité
Sa raison d’être
Cette émotion nous indique que nous sommes à l’abri de toute perturbation, trouble ou conflit. Elle se réfère à nos besoins de sécurité, d’harmonie, d’entente amicale, de communion ou encore d’unité.
Quand la ressent-on ?
Si vous méditez ou faites du yoga, vous avez l’occasion de savourer souvent cette sensation de calme. La sérénité se caractérise par un mental placide et s’accompagne d’une plénitude intérieure. Elle émane du plus profond de nous- mêmes, de l’immobilité, du silence. Elle prend aussi toute son ampleur après une dispute ou un conflit larvé. Vous avez pu l’éprouver après un dialogue pacifique ou la résolution d’une difficulté, en famille ou au bureau. Dans cet état de tranquillité, votre cœur bat plus régulièrement et lentement, et vos muscles se détendent.
Sa beauté
La sérénité nous apprend à vivre ensemble dans le respect de nos différences. Elle nous ouvre à l’acceptation et à plus de tolérance les uns envers les autres. Cette paix intérieure est donc salutaire pour soi-même et pour l’ensemble de l’humanité.

Diane Baran

 

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