Transgénérationnel : la déstructuration de l’arbre généalogique




Il y a des interdits fondamentaux qui revêtent un caractère absolu et qui construisent l’humanité, comme : tu ne tueras point, tu ne voleras pas, si tu manges un fruit vert tes petits enfants auront les dents gâtés... Les braver, les affronter déstructure complètement la hiérarchie, la colonne vertébrale familiale. La répercussion du viol de ces interdits peut se propager pendant de très nombreuses générations car, dans ce déséquilibre profond consécutif à la transgression de l’interdit fondamental, chacun, à chaque génération, va faire des choix, hors nature parfois, pour garder à tout prix l’équilibre à partir d’un système bancal à la base. Ne croyez pas que la mort physique de la personne transgressive arrête la chaîne, c’est impossible.

Pour mieux visualiser ces propos, prenez un arbre généalogique avec, à son sommet, un couple relié, donnant naissance à des enfants. eux, vous les positionnerez naturellement au niveau en dessous. Imaginez maintenant que ce système soit un mobile suspendu dans l’espace, chaque personne représentée par une boule va se positionner pour constituer un système équilibré, en fonction du poids de chacun. Bien sûr, le poids peut être autant de nature physique, comportementale que psychologique, le tout est d’atteindre un équilibre de l’ensemble. D’où les rapports de force qui s’exercent et évoluent constamment entre les participants. Maintenant, imaginez une relation hors norme, qui peut aller jusqu’à l’inceste entre un parent et un enfant. Dans votre mobile, vous rajoutez donc un fil au niveau parental qui ramène l’enfant au niveau supérieur. Vous pouvez ainsi mesurer le déséquilibre généré et les rapports de force qui vont se mettre en place par réaction de survie, même si l’information n’est pas connue par les autres acteurs du système. Puis construisez les fils reliant les enfants à leur propre descendance et ainsi de suite. Il aura suffi d’une transgression pour créer un capharnaüm et chacun devra inventer un transfert de poids pour compenser cette modification et cette perte d’équilibre.

Ce système est comme un château de cartes qui menace à tout instant de s’effondrer. et si par malheur une personne cherche à fuir et à quitter la structure, elle va être attaquée avec grande violence car les personnes restantes ne peuvent imaginer une défection tant cet équilibre est difficile à tenir. Système solidaire et mortifère pour certains. Un exemple peut vous aider à en mesurer l’enjeu :

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• Une autre jeune fille, Zoé, très inquiète, m’explique le drame de sa famille. elle ne comprend pas quelle malédiction s’abat sur elle. Sa famille est victime d’une maladie génétique rare depuis huit générations. Soit ils donnent, de façon aléatoire, naissance à des enfants handicapés mentaux, soit les femmes ont une ménopause précoce. elle a déjà fait de nombreuses recherches et rencontré maints thérapeutes énergétiques pour comprendre, mais comment arrêter ce cycle infernal ?

Notre séance révéla une situation d’inceste paternel très ancienne (je n’ai pu identifier l’époque précise), qui donna naissance à un enfant. Cet inceste était resté secret, inconnu pendant longtemps. Zoé avait retrouvé cet événement et n’en fut donc pas surprise, mais elle était persuadée que les thérapeutes qui l’avaient mis à jour, l’avaient réglé. Cependant cette histoire n’était pas encore en paix, sinon je n’aurais pas eu accès à ces images. Ce qui était encore actif, c’était la culpabilité de la jeune ancêtre qui avait été contrainte de se soumettre aux sévices du viol sous la menace. Le poids de cette culpabilité consécutive au viol pesait lourdement sur toute la généalogie de la famille. Les images ont montré dans quelles conditions l’ancêtre avait cédé au chantage : avec un pistolet sur la tempe ! Loin d’incriminer son père, auteur du viol et des abus répétés, la jeune victime endossait et s’appropriait la totalité de la responsabilité des conséquences de son « choix ». La déliance fut d’accompagner cette jeune fille jusqu’à ce qu’elle lâchât la culpabilité qui la maintenait dans un état de survie mortifère, avant d’accepter de prendre conscience de son état de victime.
Cette histoire ancienne apaisée, Zoé s’est présentée symboliquement comme prise en étau entre son père et sa mère. Dans la réalité, elle a effectivement tendance à intervenir chaque fois qu’il y a des conflits parentaux. C’était un positionnement qu’elle avait adopté en mémoire (inconsciente) de cette ancêtre.
Retrouver le thème de la souffrance ne suffit pas à se libérer du traumatisme si la culpabilité ressentie par la victime n’a pu être repérée puis apaisée... Comme dans le système du pendule décrit plus haut, Zoé compensait. Toute situation d’inceste déstructure l’équilibre des relations familiales. Suite à cette séance, Zoé a compris l’urgence de reprendre sa place de fille et non de conciliatrice, rôle où elle allait se perdre.
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Difficulté de positionnement dans la hiérarchie familiale
Nous avons même, dans des circonstances plus légères, des choix de positionnement qui sont parfois très handicapants.

Parlons de Louis, petit garçon de trois ans environ au moment de notre première rencontre. Louis a été conçu pour consolider le couple, comme enfant médicament. Son handicap était, entre autres, de ne pouvoir marcher. Il ne posait pas correctement ses pieds au sol, et n’avait aucune stabilité. Difficile de s’incarner, d’avoir du poids dans la vie en posant ses pieds à plat sur la terre, si la raison de son existence est de réparer une relation. Quand celle-ci est réparée, que devient sa raison de vivre ? Après quelques séances et la prise de conscience de la réalité de la situation par les parents, Louis a rattrapé de manière extraordinaire son retard en motricité, à la grande surprise des médecins*.

L’exemple d’une autre petite fille de cinq ans qui marchait les jambes très écartées, en équilibre instable permanent, illustre le même type de dysfonctionnement. Elle exprimait sa détresse de devoir choisir entre son père et sa mère en plein divorce. Ce choix lui était impossible. Elle n’avait pas envisagé l’option d’exister hors de la relation parentale. Une nette amélioration s’est manifestée ensuite.

Tic ou même toc et comportements compulsifs
Selon moi et malgré le peu de cas qu’il m’a été donné d’observer, les comportements compulsifs parlent de façon très explicite. La personne, même un enfant tout jeune, par ce geste ou ces gestes, montre qu’elle consacre toute son énergie à un mouvement exprimant au mieux le blocage intérieur. Si elle le lâche, elle va devoir d’urgence trouver un autre mode de décompensation. Ce n’est pas si simple et elle risque d’intérioriser cette souffrance compulsive au point de se détruire. Là, elle a le meilleur moyen de montrer aux autres l’intensité de sa souffrance. Si l’intériorisation prend le relais, alors il sera plus difficile d’identifier la cause. L’extériorisation d’une souffrance intérieure par un toc, ou tic, physique fait partie, encore une fois, d’une quête d’équilibre à tout prix.

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• Une jeune femme me raconte qu’elle ne pouvait tenir son enfant dans ses bras que si elle avait les mains propres, et cela dès sa naissance. Lorsque, plus grand, il rentrait de classe ou venait de jouer dehors, il devait faire de même. Aucune spontanéité n’était possible sans torture intérieure pour elle. Lors des séances où elle était venue me consulter pour ce problème, les images ont montré deux histoires, l’une après l’autre, qui semblaient reliées :
Une femme en robe de velours bleu marine, en début de grossesse et ceinturant son ventre pour le cacher, est assise dans un train. Un homme est dans le couloir et se cache sur le côté pour laisser entrer un soldat qui menace cette femme de son fusil. Ensuite je découvre qu’on a découpé la tôle du wagon en faisant un grand rond et je vois une civière en sortir pour évacuer une personne.

La patiente me confirme que sa grand-mère est bien partie en train en Suisse avec son mari et qu’à leur retour, il avait annoncé à son épouse son intention de divorcer. Ma patiente trouvait qu’emmener sa femme en voyage une dernière fois, avant de la quitter, était une attitude élégante et un choix révélateur des égards qu’il avait pour elle.
Or la vérité semble se présenter sous un autre jour. L’a-t-il emmenée se faire avorter en secret, avec l’interdiction d’en parler ? Et personne n’a rien su de cet enfant. La civière que j’avais vue, ce pourrait être celle du bébé, victime de l’avortement....
Puis je vis un bébé ensanglanté ayant des ailes, posé sur le ventre de sa mère. Il la consolait avec beaucoup de tendresse ! Là nous sommes devant l’image d’une déliance, comme si l’âme de cet enfant venait apaiser sa mère piégée par sa culpabilité d’avoir accepté ce contrat.
Cette hypothèse explique vraisemblablement la conséquence vécue par sa petite fille. L’impression que jamais ses mains ne seront assez propres pour tenir son enfant dans ses bras. D’autant que, outre l’histoire de cette ancêtre, cette patiente me confia avoir avorté aussi avant son fils.
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Isabelle Dadvisard

 

                      

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