TDHA / La médication : une option qui suscite parfois des inquiétudes... ou de l’opposition


Le recours à un traitement pharmacologique exige d’abord l’établissement du bon diagnostic et doit être recommandé par un professionnel de la santé. Cette option s’inscrit toujours dans une prise en charge globale et multidisciplinaire du TDA/H. Les médicaments prescrits pour le TDA/H ne sont en aucun cas des médicaments qui ont pour but d’améliorer les résultats scolaires ou qui ont comme visée d’apaiser l’entourage. Ils demeurent d’abord et avant tout des moyens (parmi d’autres) d’augmenter la qualité de vie de l’ado et sa capacité à réinvestir les stratégies enseignées. Ils ne remplacent donc pas les interventions éducatives et ne devraient pas être considérés comme une solution à eux seuls.

C’est le médecin spécialiste qui choisit le médicament le plus adéquat, selon le profil du patient. On fonctionne au cas par cas. Un médicament à libération progressive et prolongée pourrait par exemple être favorable à un ado qui termine l’école en fin d’après-midi, alors qu’une autre à action immédiate pourrait mieux convenir à un jeune qui peine à s’organiser pour démarrer sa journée. Dans tous les cas, le choix de la molécule et la posologie devraient être déterminés sur la base d’un bilan multidisciplinaire complet.


———————————
Internet le dit...
Une simple recherche sur Internet est suffisante pour constater la quantité d’informations que l’on peut retrouver sur les médicaments traitant le TDA/H. Tantôt fiables en apparence, d’autres fois amenés sous forme de discussion informelle, ces renseignements peuvent confondre le plus consciencieux des enquêteurs novices en la matière.
Chose certaine, si l’on vous donnait le mandat de répertorier des données vous permet- tant de défendre l’argument selon lequel cette médication est à proscrire complètement, vous n’auriez aucun mal à le faire en naviguant quelques minutes. Il serait cependant tout aussi facile de prouver le contraire, aussi rapidement...
Soyez prudent dans vos recherches et ne croyez pas tout ce que vous lisez, surtout lorsqu’il s’agit d’informations non validées scientifiquement. Il est déjà assez difficile de prendre une décision concernant la médication, ne vous laissez pas par surcroît influencer par des mauvaises allégations ou des jugements sociaux non fondés.
————————————

L’objectif de la médication
La communication entre certaines régions du cerveau s’effectue par l’entremise de messagers chimiques, appelés neurotransmetteurs, qui n’accomplissent pas leur travail adéquatement chez les TDA/H. L’action des médicaments vise à établir un fonctionnement plus «normal», en réduisant les déficits cognitifs occasionnés par ce débalancement. La médication n’est toutefois pas miraculeuse... la pomme reste une pomme ! Elle ne « guérit » pas non plus le TDA/H et ne change pas la personnalité de l’ado. Son action a uniquement pour but d’améliorer la situation par l’atténuation des symptômes durant sa période d’efficacité.

Encore une fois, la médication constitue une mesure efficace pour composer avec le TDA/H, mais elle ne doit pas être la seule mise de l’avant.

Les catégories de médicaments
Les médicaments généralement prescrits pour le traitement du TDA/H font partie de la classe des psychostimulants à base d’amphétamines (Dexedrine, Adderall, Vyvanse) ou de méthyl- phénidate (Ritalin, Biphentin, Concerta). D’autres dits non stimulants, dont l’action sur le cerveau est différente, sont aussi utilisés (Strattera, Intuniv).

Les médicaments diffèrent selon leur dosage, leur durée d’action et d’autres caractéristiques, comme la possibilité d’être écrasés (dans le cas des comprimés) ou saupoudrés3 (dans le cas de capsules renfermant des granules) quand les ados parviennent difficilement à les avaler. Un tableau des médicaments sur le site de CADDRA4 fournit toutes les informations utiles sur l’ensemble des médicaments offerts au Québec pour le traitement du TDA/H.

Les inquiétudes parentales
Plusieurs parents s’interrogent sur les effets de la médication et s’en inquiètent pour de multiples raisons :

Les effets secondaires
Certains effets secondaires se manifestent chez les jeunes qui commencent la médication, et persistent pendant un moment. Les plus fréquents sont la diminution de l’appétit, les difficultés d’endormissement, les maux de tête et une sécheresse de la bouche. Chez la grande majorité, ils s’estompent ou disparaissent avec le temps. Quelques-uns peuvent néanmoins demeurer à long terme et être gênants. Il faut alors évaluer les retom- bées négatives (en comparaison avec les positives) de la prise de médicaments et décider en conséquence de la voie à suivre. Pour le moment, les études portant sur les conséquences à long terme de la médication montrent qu’il n’y a pas de répercussions importantes sur la santé.

La difficulté d’évaluer les effets de la médication
Malheureusement, il faut traverser en début de traitement une période d’essai et d’adaptation qui peut conduire à plusieurs changements dans le traitement. Le médecin prescrit d’abord une faible dose, dans le but de prévenir les effets secondaires et de permettre au corps de s’adapter, puis l’augmente graduelle- ment. Comme il n’existe pas d’instrument de mesure précise pour indiquer au professionnel que le bon médicament ou la bonne dose (entraînant le maximum d’effets positifs pour un minimum de symptômes gênants) est sélectionné, il arrive parfois que des effets négatifs soient observés.

L’effet zombi, caractérisé par une sous- réactivité, une apathie générale ou des changements importants sur le plan de l’humeur ou du tempérament, survient lorsque le médicament n’est pas approprié. Il faut alors en diminuer le dosage, l’augmenter, ou changer complètement le type de médicament. Soyez sans crainte, l’effet zombi n’est jamais permanent ; s’il perdure malgré l’ajustement du ou des médicaments, vous pourrez en conclure qu’il s’agit plutôt de l’adolescence dans toute sa splendeur.

Les éléments qui suivent devraient donc faire l’objet d’un questionnement de la part des parents :
• Efficacité du traitement : Mon ado prend-il son médicament régulièrement? Ses symptômes sont-ils bien contrôlés ? Quels sont ceux qui ne semblent pas traités par le médicament ? Qu’en disent les enseignants ?
• Durée d’action ou temps d’absorption du médicament: Le médicament agit-il assez longtemps pour permettre à mon ado de finir ses devoirs ou de faire ses tâches en soirée? L’absorption est-elle assez rapide pour qu’il parvienne à se mobiliser adéquatement lors de la routine du matin ?
• Effets secondaires observés: Mon ado subit-il une baisse ou une perte de l’appétit? Parvient-il à bien dormir? Des variations d’humeur sont-elles apparues avec le traitement pharmacologique ?
• Dans l’ensemble: les bénéfices surpassent-ils les inconvénients de ce traitement médical ?

La dépendance aux drogues
Certains parents craignent que la médication incite leur ado à consommer des drogues durant leur adolescence ou à l’âge adulte. Les recherches scientifiques pointent vers l’effet inverse, c’est-à-dire que ce sont les jeunes non traités qui ont davantage recours aux drogues, en guise d’automédication.

L’effet combiné de plusieurs substances
Les médicaments prescrits pour le TDA/H ne sont pas à prendre à la légère. Une consommation non conforme aux recommandations peut entraîner des effets graves sur la santé, dangers qui augmentent si les médicaments sont consommés :
• à des doses plus élevées que celles prescrites ;
• d’une manière différente ou pour d’autres raisons que celles qui figurent sur l’ordonnance ;
• avec de l’alcool ou d’autres médicaments d’ordonnance, médicaments en vente libre ou drogues.

Dans les faits, la prise d’alcool combinée avec des psycho- stimulants peut exacerber les effets indésirables de ceux-ci. La consommation de drogues comporte quant à elle des risques élevés, car il est irréaliste d’essayer de prévoir les réactions des substances combinées. Lorsqu’on les mélange, ces dernières deviennent incontestablement plus dangereuses, puisque leurs effets sont souvent multipliés et intensifiés. Toute combinaison de substances, même en petite quantité, peut engendrer des complications importantes, incontrôlables et irréversibles, conduisant parfois à une intoxication sévère ou à une surdose potentiellement mortelle.

 

 Ariane Hébert / Christiane Sylvestre



Si cet extrait vous a intéressé,

vous pouvez en lire plus
en cliquant sur l'icône ci-dessous :

TDAH ados