Stratégies à adopter pour aider un enfant qui a des difficultés à s'endormir

Chacun s’endort avec plus ou moins de facilité selon le confort du lit, le niveau sonore, les préoccupations qui l’habitent et les niveaux d’anxiété ou de fatigue ressentis. Apprendre à s’endormir comporte deux aspects sur le plan sensoriel. Premièrement, l’enfant doit être accompagné pour atteindre l’état de calme qui le rendra disponible au sommeil. Dès la naissance, la routine prend ainsi une grande importance. Les massages, les balancements, la tétée sont des stimulations fournies par le parent qui peuvent l’aider à dormir. Plus l’enfant grandit, plus il peut se calmer de lui-même et s’endormir seul. Certains bébés gazouillent dans leur lit ou sucent leurs doigts pour y arriver. Deuxièmement, le bébé doit s’adapter à son environnement de sommeil. Pour qu’il arrive à s’endormir, un contexte sensoriel optimal doit être mis en place par le parent et adapté selon l’âge de l’enfant.
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Notions et stratégies de base
Chacun s’endort avec plus ou moins de facilité selon le confort du lit, le niveau sonore, les préoccupations qui l’habitent et les niveaux d’anxiété ou de fatigue ressentis. Apprendre à s’endormir comporte deux aspects sur le plan sensoriel. Premièrement, l’enfant doit être accompagné pour atteindre l’état de calme qui le rendra disponible au sommeil. Dès la naissance, la routine prend ainsi une grande importance. Les massages, les balancements, la tétée sont des stimulations fournies par le parent qui peuvent l’aider à dormir. Plus l’enfant grandit, plus il peut se calmer de lui-même et s’endormir seul. Certains bébés gazouillent dans leur lit ou sucent leurs doigts pour y arriver. Deuxièmement, le bébé doit s’adapter à son environnement de sommeil. Pour qu’il arrive à s’endormir, un contexte sensoriel optimal doit être mis en place par le parent et adapté selon l’âge de l’enfant.

Stratégies sensorielles
Exemple 1 : L’enfant dépend de son parent pour trouver le sommeil
Observer
◗ Henri a 4 mois. Depuis sa naissance, le sommeil est particulièrement difficile. Il doit être dans les bras de son parent pour s’endormir et il se réveille peu de temps après s’être fait déposer dans son lit. Il est très sensible au moindre bruit. Considérant cela, ses parents ont installé des papiers adhésifs sur le parquet de bois pour indiquer où marcher afin de ne pas provoquer de craquements. Malheureusement, cette stratégie est plus ou moins efficace pour éviter les réveils d’Henri.

Attente formulée : Les parents d’Henri sont très fatigués et souhaitent qu’il dorme seul dans son lit pendant quelques heures.

Analyser
◗ Il est important de s’assurer que l’enfant n’est pas inconfortable ou malade avant de mettre en place des stratégies sensorielles.
◗ Plus il est en bas âge, plus le bébé se calme grâce à des stimulations qui lui rappellent le confort du milieu utérin. C’est pourquoi Henri préfère s’endormir à la chaleur, serré contre l’un de ses parents et accompagné de l’odeur de celui-ci. Il est d’ailleurs approprié de pratiquer le portage (porter l’enfant sur soi à l’aide d’un porte-bébé ou d’une écharpe appropriée), de le bercer, de l’étreindre et de le caresser fréquemment.
◗ Chaque enfant a son niveau de tolérance aux stimuli extérieurs lors du sommeil. Henri semble un peu plus hypersensible que d’autres enfants.

Agir
◗ Être constant et prévisible : Dès un très jeune âge, la routine du sommeil est importante. Plusieurs éléments sensoriels ont pour effet de calmer le jeune bébé et de le préparer au sommeil. Il convient de trouver les meilleurs moments pour le mettre au lit, c’est-à-dire lorsqu’il est fatigué, mais calme. À cet instant, les parents doivent accompagner Henri afin de trouver les stimuli qui le réconfortent. Un exemple de routine sensorielle sécurisante avant le dodo pourrait être composée d’un bain, d’un massage (voir l’encadré à la page 75), d’une période passée à regarder un livre avec son parent, d’étreintes en étant bercé doucement, etc.
◗ Éliminer :
› Les lumières vives. Les rideaux doivent être fermés et les lumières à proximité de la chambre doivent préférablement être éteintes.
› Les objets (mobiles, veilleuses) qui bougent ou changent de couleur. Ils peuvent être pertinents pour calmer Henri si celui-ci se fâche, mais il faut les utiliser avec modération. Souvent, les mouvements d’un objet ont pour effet de stimuler l’enfant plutôt que de l’accompagner vers le sommeil. Le parent doit bien observer les réactions de son enfant pour déterminer le bon moment pour mettre ses accessoires en fonction.
› Les bruits forts et soudains. Le silence total n’est pas nécessaire, mais il faut éviter de ranger la vaisselle ou de parler au téléphone pendant que l’enfant s’endort. Privilégiez plutôt les activités qui ont un bruit constant, comme faire fonctionner la laveuse ou cuisiner avec le micro-ondes. Il est toutefois nécessaire d’arrêter celui-ci avant la fin de la cuis- son pour éviter la sonnerie stridente.
◗ Graduer : Pour reproduire un environnement sécurisant, comme lorsque l’enfant était dans le ventre de sa mère, les parents d’Henri peuvent tenter plusieurs actions :
› S’assurer qu’il est suffisamment au chaud dans sa chambre et dans son lit. Il est recommandé que la température de la pièce se situe entre 20 et 21oC5.
› Enrouler l’enfant lâchement dans une petite couverture faite d’un tissu qui respire bien (type mousseline de coton) sans que cela nuise à ses mouvements naturels. L’emmaillotage très serré n’est pas recommandé pour le jeune bébé en raison des risques de mort subite du nourrisson et de possibilités de luxation de la hanche6. Cette technique ne peut être utilisée que si elle est enseignée et recommandée par un professionnel de la santé. Autrement, l’emmaillotage peut être utilisé à l’occasion lors des siestes et lorsque l’adulte peut surveiller l’enfant. Pour éviter la mort subite du nourrisson, il ne devrait y avoir aucun objet (peluches ou couvertures) dans le lit du bébé.
Poser près du lit de leur fils (par ex. : sur une petite table de nuit) un morceau de vêtement qui a l’odeur d’un des parents pour le réconforter.
Laisser les mains du bébé dégagées pour lui permettre de porter ses doigts à sa bouche. Il s’agit d’une méthode simple et naturelle qui lui permet de se calmer par lui-même.
◗Combiner : L’utilisation de bruits blancs neutres et continus (par ex.: bruit du ventilateur, musique de relaxation, bruit d’une fontaine d’eau d’intérieure, radio entre deux fréquences) dans la chambre de l’enfant peut parfois être nécessaire pour masquer certains bruits, comme les craquements du plancher.

Réanalyser
◗ La routine est-elle suffisamment calmante pour qu’Henri puisse arriver à s’endormir lorsqu’il est déposé dans son lit ? L’environnement est-il favorable au sommeil ? Les réveils sont-ils moins fréquents ? Il est essentiel de prendre le temps d’accompagner le bébé, puisque celui-ci est en grande période d’adaptation. Les parents doivent voir les défis un à la fois et s’encourager à chaque petite réussite. Une attitude positive demeure essentielle.

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Témoignage
Le pouvoir du toucher sur le sommeil
Depuis très longtemps, le massage est utilisé pour soigner et faire du bien. Il calme et apaise le système nerveux parasympathique*. Il ralentit le rythme cardiaque et le rythme respiratoire, favorise la digestion, relâche la musculature et améliore le sommeil. Ainsi, la production des hormones de stress (cortisol et adrénaline) est remplacée par celle de la mélatonine, des endorphines et de l’ocytocine. La mélatonine est surnommée «l’hormone du sommeil». Les endorphines et l’ocytocine, quant à elles, sont surnommées les « hormones du bonheur ». Elles sont aussi celles du bien-être, de l’attachement, de la sécurité, du plaisir, du rapprochement et de l’amour. Quoi de mieux que de remplir son réservoir de toutes ces hormones avant de dormir?

Je suis massothérapeute et maman de deux enfants. L’un d’entre eux est un peu anxieux et a reçu des diagnostics de trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité (TDAH) et de trouble d’opposition. Depuis leur naissance, je masse mes enfants de façon régulière avant qu’ils se couchent. Ils dorment extrêmement bien tous les deux, même mon fils dont la médication devrait affecter négativement le sommeil. D’ailleurs, les soirs où il est excité sont ceux où il me crie par la tête en sautant sur son lit qu’il veut un massage. Il est kinesthésique et, dans ces moments-là, c’est son corps qui lui parle. Une fois les mains posées sur son thorax, je lui demande de prendre une grande respiration, et hop, l’excitation vient de tomber de moitié ! Après quelques minutes de massage, mon petit bonhomme, tout calme, se roule en boule avec sa peluche et s’endort presque immédiatement Je le dis souvent : le massage présente de nombreux bien- faits physiologiques, mais entre un parent et son enfant, c’est avant tout le rapprochement, la complicité et le calme que je considère comme importants. Prendre quelques minutes pour masser votre enfant avant le dodo lui permettra de passer une bonne nuit de sommeil et d’être en super forme le lendemain pour continuer ses apprentissages. Et pas besoin d’être un professionnel pour prodiguer d’excellents massages à vos enfants. Avec des techniques toutes simples, ce tête-à-tête privilégié produira des effets étonnants, rapides et qui durent dans le temps.
Chrystine Roy, maman et massothérapeute agréée
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Exemple 2 : L’enfant éprouve de l’anxiété lors du coucher
Observer
◗ Paule a 5 ans et commence la maternelle dans un mois. Elle est très anxieuse par rapport à cette nouvelle étape. Elle dort habituellement très bien, mais depuis quelques semaines, l’endormissement est plus difficile. Elle réclame ses parents et désire qu’ils restent avec elle pour la nuit. S’ils sortent de la chambre et qu’elle ne dort pas, elle se lève et se met à jouer dans sa chambre.
Attente formulée : Les parents de Paule souhaitent qu’elle s’endorme seule, calmement, comme elle le faisait auparavant.

Analyser
◗ L’anxiété n’est pas proprement associée au traitement des stimuli sensoriels, mais perturbe le niveau d’éveil de l’enfant. Celui-ci devient hypervigilant et peu enclin à s’endormir ou à participer à des activités lui demandant de la concentration. Des stratégies sensorielles peuvent être utiles pour favoriser un état de calme et de bien-être propice au sommeil.

Agir
◗ Être constant : En analysant la routine du sommeil de leur fille, les parents doivent établir combien de temps demeurer avec elle pour l’accompagner vers le sommeil. Il faut qu’ils imposent certaines limites pour que Paule puisse comprendre que ses parents ne resteront pas avec elle toute la nuit.
◗ Être prévisible : La routine devrait être revue avec Paule afin qu’elle soit prévisible. Présentement, Paule est anxieuse, car elle anticipe négativement la nouveauté, soit son arrivée à l’école. Dans les circonstances, elle présente un niveau d’éveil peu propice au sommeil. Les stratégies sensorielles doivent l’aider à atteindre un état optimal pour s’endormir. Les stimulations proprioceptives (par ex. : massage, se recroqueviller entre les coussins du divan, s’enrouler fermement dans une couverture) sont efficaces pour y arriver. Il est aussi pertinent de maximiser les autres stimuli calmants dans la routine de l’enfant : voix douce et posée, éclairage tamisé, mouvement lent et régulier, etc. Le yoga est également une activité favorable à l’endormissement.
◗ Offrir du contrôle : À son âge, Paule peut participer à des changements dans sa routine. Divers outils sensoriels peuvent lui être proposés, comme caresser une peluche douce, se blottir contre un oreiller de corps (plus long que les oreillers standards) ou mettre une couverture plus lourde (de type catalogne) sur ses jambes. Pour diminuer son niveau d’anxiété, des stimulations proprioceptives (massage, catalogne) et calmantes (musique douce, lumière tamisée) pourraient être mises en place.

Réanalyser
◗ Ses parents peuvent-ils maintenant entrer dans la chambre de Paule pour la rassurer et ressortir lorsqu’elle est calme ? Paule peut-elle adopter certaines stratégies pour se calmer seule ? Pour déterminer les progrès, il faut s’attarder au nombre d’interventions parentales nécessaires et au temps que Paule met à s’endormir.

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Témoignage
Le yoga : pour un état de calme et de bien-être
Le mot YOGA signifie « union » : union du corps, du cœur et de l’esprit. En effet, la pratique de différentes postures a un effet direct sur notre conscience corporelle* et favorise l’acceptation et l’estime de soi7. Les bienfaits d’une pratique régulière sont nombreux : stabilité émotionnelle et physique, diminution de l’anxiété, augmentation de la flexibilité du corps, etc. Pendant une séance de yoga, le professeur joue le rôle de guide. Il aide l’enfant à développer ses propres capacités sans le limiter. Pour ce faire, plusieurs stratégies sont utilisées : massages, peluches lourdes, jeux de mouvements et respirations. Le but est de permettre au jeune de trouver ce qui lui fait du bien.
De par sa nature, le yoga est une discipline individuelle. Chaque enfant est amené à se concentrer sur ses capacités et sur l’écoute de son corps. La complexité des postures pendant une séance varie selon chacun. Ainsi, l’enfant apprend à découvrir le sentiment de bien-être qu’il peut ressentir et à reconnaître ses limites.

La respiration est un allié important dans la pratique du yoga. D’abord guidée par le professeur, elle devient ensuite libre et individuelle selon l’enfant. Elle a pour but de favoriser le retour au calme. L’intensité et le temps nécessaire pour atteindre un état de contentement sont encore une fois propres à chacun.

Par son effet calmant, le yoga peut être bénéfique pour le sommeil, notamment pour un enfant d’âge scolaire très agité et dont l’endormissement est particulièrement difficile. Ce fut le cas d’un de mes élèves. Bien entendu, les premières séances ont représenté un défi pour lui. Je lui ai proposé une courte série de quelques postures combinée à une respiration profonde guidée pour encourager son bien-être et son repos. Un animal lourd a aussi été placé sur ses jambes pendant les cinq dernières minutes de relaxation, car il était excité au départ. Cependant, après seulement quelques séances, la relaxation est devenue un moment significatif pour lui. J’ai transmis à ses parents les images de postures ainsi que des exercices de respiration. Les problèmes d’endormissement ont beaucoup diminué. Encourager l’enfant, respecter son rythme, ses besoins et ses limites ainsi que partager des intentions calmantes centrées sur le positif sont des éléments clés lors de l’expérimentation du yoga avec les enfants.

Maude Dubé, professeure de yoga

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Réveils impromptus
Notions et stratégies de base
Pendant une nuit de huit heures, les réveils sont fréquents et normaux. Les phases du sommeil se succèdent : sommeil léger, sommeil profond, sommeil léger, réveil, sommeil léger... La nuit se déroule ainsi jusqu’au lendemain, sans laisser à la personne un souvenir de ces différents cycles de sommeil. Toutefois, si on est tiré du sommeil par le froid, une douleur, un bruit fort ou un état de nervosité, il sera plus difficile de se rendormir. Il en est de même pour les enfants. Un environnement connu, sécurisant et confortable permet à ces derniers d’être en confiance et d’éviter les réveils brutaux.

Stratégies sensorielles
Exemple 1 : L’enfant fait de très courtes siestes
Observer
◗ Marie a 12 mois et dort très peu le jour. Après 45 minutes de sieste, elle se réveille en hurlant et ne veut plus se rendormir. Cette réaction excessive signifie qu’elle est encore fatiguée. Ses parents ne comprennent pas pourquoi Marie réagit ainsi alors qu’elle fait de belles nuits sans réveil.
Attente formulée : Les parents de Marie souhaitent qu’elle fasse des siestes suffisamment longues pour être plus en forme en fin de journée.

Analyser
◗ Deux hypothèses associées à une hypersensibilité peuvent être envisagées dans cette situation.
› Premièrement, il convient de chercher à savoir si quelque chose incommode Marie. Par exemple, si elle se réveille et que sa couche est souillée, il est possible qu’elle manifeste de l’inconfort.
› Deuxièmement, il faut comparer l’environnement et la routine de la sieste avec ce qui se passe durant la nuit. Quelles sont les différences qui pourraient amener Marie à être moins capable de se rendormir seule ou à faire une sieste durant la journée ?

Agir

◗ Être constant et prévisible : Les parents de Marie et le personnel de la garderie8 doivent déterminer comment ils réagissent quand la petite fille se réveille après une courte sieste et se concerter pour agir de la même façon. Est-ce qu’ils la bercent ? Est-ce qu’ils lui chantent des chansons ? Est-ce qu’ils la laissent pleurer ?
◗ Éliminer : Les stimuli qui peuvent troubler son sommeil, comme la lumière et le bruit, sont à éviter pour favoriser le sommeil de Marie.
◗ Combiner et graduer : Son réveil est prévisible, car elle se réveille toujours avant la fin de sa sieste. Il peut être pertinent d’utiliser les stratégies sensorielles qui fonctionnent lors de l’endormissement dès qu’elle manifeste des signes d’éveil. Par exemple, plutôt que d’attendre qu’elle pleure, les parents de Marie peuvent lui faire des pressions sur les épaules, lui chanter une berceuse ou encore la balancer doucement de droite à gauche dès qu’elle bouge. Ces actions auront pour effet de la calmer et de lui permettre de se rendormir. Graduellement, elles pourront être amoindries au fur et à mesure que la petite fille apprendra à se calmer seule.

   Myriam Chrétien-Vincent, Sylvie Tétreault et Emmanuelle Rossini-Drecq

 

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