Se relever après une épreuve

Nous sommes nombreux à faire face à des épreuves, qu’elles nous tombent dessus un beau matin ou qu’on les affronte depuis toujours. «Pourquoi moi? Pourquoi la vie m’inflige- t-elle cela?» se dit-on, à la recherche de réponses qui bien souvent n’existent pas. Ce questionnement éperdu se double souvent d’un sentiment de grande solitude. L’impression d’être étranger parmi les humains.

C’est précisément dans ces moments sombres que l’on a besoin d’entendre que d’autres ont traversé des tempêtes et s’en sont sortis. Non seulement vivants, mais parfois encore plus vivants. Comme si l’épreuve avait mis à jour le joyau de leur être.

Il ne s’agit aucunement de glorifier la souffrance physique ou morale. Celle-ci reste insupportable, point. Mais de montrer les capacités insoupçonnables des hommes et des femmes à l’endurer

et à la transformer, avec peur, humour ou détermination. La plupart du temps, ces témoins se surprennent eux-mêmes dans leurs capacités à rester debout dans un vent de tempête force 9, alors qu’ils se sentent aussi fragiles qu’un fétu. Effondrés? Oui. Anéantis? Non. « Je n’y laisserai pas ma peau, ou seulement un petit morceau, et en tout cas je n’y abandonnerai pas mon âme », semblent-ils tous dire face à cet événement tragique. Sorte de mélange d’acceptation – car comment faire autrement ! – et de résistance digne.

Parfois, la rupture, l’annonce d’une maladie, le deuil, l’accident, viennent chambouler tous les projets d’avenir ou nous extraire brutalement d’une routine confortable. Il faut se réinventer autre- ment. À l’épreuve en tant que telle, il faut bien souvent ajouter le regard des autres qui catalogue, enferme dans une boîte oppressante. Mais quelle jouissance lorsque l’on parvient à s’en libérer ! Il n’est alors plus question de suivre le chemin que certains auraient bien envie d’imposer. Cette traversée du traumatisme permet généralement de prendre conscience de qui on est vraiment, et ce de manière plus aiguë.

Enfin, les témoins qui racontent leur histoire dans ce livre ont un point commun: ils n’ont pas renoncé au bonheur. Malgré les éclipses, les nuages qui passent sur leur soleil, ou l’impression d’avoir carrément changé de planète, ils gardent dans un coin de leur cœur cette envie-là.

La résilience, cette capacité à surmonter et à guérir de drames, est un thème qui résonne fortement en moi. Journaliste, j’ai quitté des rédactions classiques et entrepris de montrer des initiatives positives. J’en avais assez de recevoir des kilos de morosité tous les matins en ouvrant la radio. «Trop bisounours», me disait-on : pas si simple de changer le regard des médias. Et pourtant les lecteurs et les internautes me faisaient part de leur appétit pour de belles histoires. Quant à moi, je me gorgeais de rencontres avec des hurluberlus qui avaient la bonne idée de croire en un futur meilleur. Quelle chance! Je suis également devenue coach pour travailler avec cette part de lumière pré- sente en chacun, qui ne demande parfois qu’un peu d’écoute pour émerger.

Avec les témoignages présents dans ce livre, j’ai appris que, même en pleine déroute, le goût de la vie peut être le plus fort et permettre de remonter sur le ring. J’ai appris que l’on peut avoir accès à une grande force intérieure en arrêtant de vou- loir se conformer et en étant soi-même, ce qui n’est pas une mince affaire, j’en conviens. J’ai appris que, en s’écoutant un peu mieux, en faisant silence et en permettant à sa voix intérieure de s’exprimer, on pouvait arrêter de se battre à contre-courant et se laisser emporter par les flots de la vie vers des rivages inat- tendus et magnifiques. Et enfin, j’ai appris le courage, véritable fil rouge de toutes ces histoires, qui constitue pour moi notre dignité d’êtres humains.

Claire Aubé


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