Avant de rentrer dans le vif du sujet, quelques informations sont nécessaires sur le fonctionnement du corps en situation de stress plus ou moins intense.
En effet, c’est grandement à partir des travaux sur la façon dont fonctionne l’organisme sous stress et sur les mémoires traumatiques que l’on peut expliquer ce à quoi on assiste dans les revécus de naissance.
Parfois, ou souvent dans notre vie, nous nous retrouvons pris d’angoisse de façon plus ou moins forte dans des situations qui raisonnablement devraient être faciles à gérer.
Nous nous sermonnons en essayant de prendre sur nous, comme nous avons appris à le faire depuis que nous sommes nés.
Le plus souvent, nous nous parlons à nous-mêmes, reproduisant le discours que nos parents nous ont tenu, discours que leurs propres parents leur avaient tenu. C’est la solution que nous avons apprise pour gérer nos difficultés, nous n’en connaissons pas d’autres.
Ce discours ressemble plus ou moins à celui-ci :
« Allons, sois courageux, il n’y a pas de problème, ce n’est pas un petit rien qui va t’arrêter. »
Une autre variante de ce discours est : « Tout ça, c’est dans ta tête, arrête de t’écouter et prends sur toi. »
Je ne m’attarderai pas sur la variante dévalorisante : « T’es pas une lavette, vas-y ! »
Cela marche plus ou moins bien :
- au mieux, au prix d’une grande énergie, nous arrivons à faire ce qui nous est difficile ;
- ou bien nous apprenons à éviter de nous retrouver dans ces situations angoissantes ;
- au pire, nous renonçons, engrangeant dans notre cerveau des pensées dévalorisantes sur nous-mêmes, les autres et le monde.
Or, contrairement à ce que nous avons appris depuis des géné- rations, notre corps (et pas seulement notre tête !) sait pourquoi il bute devant telle ou telle situation.
On nous dit « c’est psychologique », ou bien « sois courageux ».
Cela n’a rien à voir avec le courage, la lâcheté, ou l’intelligence.
Pas plus que cela n’a à voir avec « notre tête » au sens péjoratif du terme. Non, ce n’est pas une simple vue de l’esprit.
Cela concerne le fonctionnement de notre organisme, de notre cerveau, et plus particulièrement de notre cerveau reptilien. J’y reviendrai.
Les études sur le fonctionnement de l’organisme en état de stress
Les études initiées par Hans Selyé 28, Henri Laborit 29, sur le stress ; et par Louis Crocq 30 autour du trauma (poursuivies aujourd’hui notamment par Peter Levine31) ont permis de connaître le fonctionnement de l’organisme de mieux en mieux.
Je vais vous présenter ce fonctionnement de façon extrêmement simplifiée, tel que je le présente aux personnes qui viennent en consultation à mon cabinet.
28 L’inventeur de la théorie du stress en 1936.
29 Directeur de recherche à l’hôpital Boucicaut, a contribué à vulgariser les connaissances sur le stress en étant l’assistant d’Alain Resnais sur le film Mon oncle d’Amérique.
30 Le précurseur de la théorie du trauma, professeur associé honoraire à l’Universi- té René-Descartes à Paris V, président honoraire de l’Association de langue française pour l’étude du stress et du trauma.
31 Docteur en biophysique médicale (Université de Californie à Berkeley) et en psychologie (Université internationale), consultant en matière de stress pour la NASA. Réveiller le tigre, guérir le traumatisme, Socrate éditions/Promarex, 2004.
32 Antonio Damasio, professeur de neurologie, neurosciences et psychologie. Il est directeur de l’Institut pour l’étude neurologique de l’émotion et de la créativité de l’Université de Californie du Sud et également professeur adjoint au Salk Institute de La Jolla (L’Erreur de Descartes, Odile Jacob, coll. « Sciences », 2010).
Sylvie Prager-Séchaud
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