Quand son enfant manque d’attention et de concentration

La capacité de l’enfant à conserver un niveau d’éveil optimal pour effectuer ses travaux scolaires et être attentif aux enseignements en classe est essentielle à sa réussite. Néanmoins, plusieurs élèves peuvent éprouver des difficultés à se concentrer. Ils peuvent être facile- ment « dans la lune » ou être dérangés par les stimuli environnants. Quelques-uns utiliseront des stratégies sensorielles pour rester alertes, parfois sans même s’en rendre compte, en se mettant à mordiller un crayon, à bouger sur la chaise ou à pianoter sur le pupitre. Cette capacité à traiter les stimulations sensorielles par des moyens adéquats permet d’ailleurs aux élèves d’obtenir de meilleurs résultats scolaires.

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La capacité de l’enfant à conserver un niveau d’éveil optimal pour effectuer ses travaux scolaires et être attentif aux enseignements en classe est essentielle à sa réussite. Néanmoins, plusieurs élèves peuvent éprouver des difficultés à se concentrer. Ils peuvent être facile- ment « dans la lune » ou être dérangés par les stimuli environnants. Quelques-uns utiliseront des stratégies sensorielles pour rester alertes, parfois sans même s’en rendre compte, en se mettant à mordiller un crayon, à bouger sur la chaise ou à pianoter sur le pupitre. Cette capacité à traiter les stimulations sensorielles par des moyens adéquats permet d’ailleurs aux élèves d’obtenir de meilleurs résultats scolaires.

Comme l’école représente un environnement très exigeant sur le plan sensoriel, la transition de la maison vers l’école peut aussi s’avérer difficile pour quelques enfants. Les nombreuses règles et la routine stricte limitent les possibilités de prendre du temps pour se relaxer, particulièrement pour l’enfant en recherche de stimulations vestibulo-proprioceptives, qui doit rester assis pendant de longues périodes. L’enfant hypersensible est quant à lui soumis à de nombreuses stimulations dérangeantes provenant, par exemple, de la ventilation, de l’éclairage au néon ou du son de la cloche. Le fait de travailler dans un grand groupe, au sein d’élèves qui bougent, font du bruit et parlent, augmente également les stimulations et peut perturber l’enfant. Cela est encore plus pénible, car il ne contrôle pas les actions de ses pairs. Ainsi, il peut être bousculé par un ami dans le corridor ou être étourdi par le tapage provenant du vestiaire. Les récréations peuvent aussi être pénibles, car les enfants crient, courent, se poussent, etc. Pourtant, elles offrent davantage de moments de liberté, qui lui permettent d’utiliser les stratégies d’autorégulation qui lui conviennent. L’autorégulation est la capacité de l’enfant à moduler son niveau d’éveil pour répondre adéquatement aux demandes de l’environnement et des personnes qui l’entourent. Se mettre à l’écart, mordiller ses doigts, serrer les poings ou sauter quelques fois sont des techniques simples qui amènent l’enfant à se recentrer et retrouver un fonctionnement optimal. En fait, en profitant de la récréation pour utiliser ces moyens d’adaptation, il peut retourner en classe en étant plus disponible aux apprentissages. Les exemples qui suivent illustrent comment l’utilisation de stratégies sensorielles peut faciliter la réussite scolaire.

Manque d’attention et de concentration
Notions et stratégies de base
L’attention et la concentration sont nécessaires pour écouter une consigne, prendre des notes, terminer un examen, recopier une phrase du tableau, etc. Or, ces habiletés font parfois défaut chez certains enfants. Par exemple, l’élève peut prendre plus de temps pour terminer une tâche ou faire des erreurs qu’il aurait pu éviter s’il avait été suffisamment concentré sur son examen. En classe, l’enfant hypersensible peut rapidement perdre sa concentration ou la diriger vers des stimuli faibles, mais non importants (par ex. : crayon qui tombe au sol, bricolage sur le mur, odeur de la collation). Pour sa part, l’enfant hyposensible suit difficilement la leçon donnée s’il n’est pas davantage stimulé et si son attention n’est pas captée par son professeur.

Stratégies sensorielles
Exemple 1 : L’enfant est facilement distrait

Observer
◗ Guillaume a 10 ans. Il est assis près du bureau de sa professeure, car il éprouve des difficultés d’apprentissage. Son pupitre est aussi près de la fenêtre, ce qui l’amène à être constamment déconcentré par les mouvements et les bruits à l’extérieur. Si l’enseignante ferme les rideaux, d’autres stimulations altèrent son attention, comme les élèves qui jouent avec leur crayon ou ceux qui circulent dans le corridor. Guillaume peine à suivre efficacement un enseignement magistral et il est difficile pour lui de terminer un travail à temps. Sa professeure le redirige constamment vers sa tâche et de nombreux rappels sont nécessaires.

Attente formulée : L’enseignante de Guillaume souhaite qu’il se concentre sur ses tâches sans qu’elle ait besoin d’intervenir.

Analyser
◗ L’hypersensibilité de Guillaume l’amène à percevoir toutes les stimulations de son environnement — même les plus petites — et à avoir de la difficulté à rester concentré sur son travail.

Agir

◗ Être constant : L’enseignante rappelle fréquemment à Guillaume de se concentrer sur sa tâche. Or, cette exigence est élevée, car il contrôle peu les stimulations qui le déconcentrent. Pour l’aider à rester centré sur la tâche, elle doit tenter de lui fournir un environnement optimal dans la classe. Par exemple, elle peut lui donner accès à des outils tels que les coquilles anti-bruit ou un grand carton qu’il peut disposer autour de son pupitre pour cacher les stimuli visuels dérangeants.
◗ Être prévisible : Pour un enfant hypersensible comme Guillaume, l’imprévisibilité des stimuli peut nuire à l’attention. Le fait qu’il soit assis à l’avant de la classe limite sa capacité de prévoir ce qui se passe derrière et peut l’amener à se retourner fréquemment. En effet, il peut craindre de se faire toucher par quelqu’un ou qu’un bruit le fasse sursauter. Cette situation crée de l’anxiété et augmente ses difficultés d’attention. Il importe d’observer si Guillaume semble méfiant et, dans ce cas, il s’avère nécessaire de le faire changer de place dans la classe pour qu’il puisse plus facilement prendre connaissance de son environnement et anticiper les stimuli. Être à l’arrière de la classe peut alors être favorable.
◗ Offrir du contrôle : Guillaume est assez âgé pour nom- mer ses besoins. Pendant un examen, il peut signifier à son enseignante qu’il préfère prendre les coquilles anti-bruit ou faire une partie de l’examen à l’extérieur de la classe dans une salle isolée. L’enseignante doit lui permettre de décider de la stratégie à mettre en place. Par exemple, les coquilles peuvent être placées à proximité de son pupitre pour qu’il puisse les prendre, au besoin. Il peut aussi avoir à sa disposition un pictogramme à remettre à sa professeure pour signifier qu’il sort de la classe pour quelques minutes.
◗ Éliminer :
› Fermer les rideaux aux fenêtres et la porte de la classe pour diminuer les stimuli potentiels à l’extérieur de la pièce.
› Limiter les décorations sur les murs. Les classes sont souvent très belles et stimulantes. Par contre, pour un enfant hypersensible, les bricolages brillants qui pendent du plafond peuvent être dérangeants et le rendre davantage inattentif.
› Donner priorité aux rappels visuels essentiels à l’apprentissage des élèves (chiffres, lettres, calendriers, sons, règles de grammaire, etc.) sans recouvrir tous les murs.
◗ Graduer :
› Le temps durant lequel Guillaume doit accomplir les tâches sans outils sensoriels peut être progressivement augmenté. Par exemple, il peut commencer son examen sans les coquilles (15 minutes), puis les mettre lorsque sa concentration est plus difficile.

Mon enfant apprivoise ses sens
Le positionnement dans la classe peut être modifié selon ses besoins. L’enseignante doit bien identifier ce qui nuit et ce qui aide le plus Guillaume. Il peut être assis près d’elle, tout en étant éloigné du tableau où elle fait ses enseignements magistraux. S’il est préférable pour lui d’être attentif durant ces moments, il est possible de le déplacer près du tableau. En fait, Guillaume doit avoir une place dans la classe qui l’aide à suivre facilement les leçons. Au fur et à mesure qu’il améliorera sa capacité d’écoute et qu’il intégrera les indications de sa professeure, il pourra graduellement s’éloigner.
 ◗ Combiner :
› Faire jouer une mélodie douce à l’occasion, notamment lors des travaux individuels, peut s’avérer efficace pour Guillaume, car la musique permet de masquer les bruits. L’utilisation d’écouteurs ou d’un système de son pour toute la classe sont deux solutions à considérer, selon la préférence de l’enseignante et les besoins de l’ensemble des élèves.
Réanalyser
◗ Dans la classe comme à l’extérieur, il est impossible d’éliminer tous les bruits et les mouvements. Guillaume doit progressivement apprendre à travailler dans un contexte scolaire stimulant propre à l’école. Ses progrès dépendront de sa capacité à utiliser de façon autonome les stratégies qui lui permettent d’être plus attentif et de maintenir sa concentration.

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Témoignage


Bruits qui dérangent

Je suis ergothérapeute auprès d’enfants présentant un trouble du spectre de l’autisme, un retard global de développement ou une déficience intellectuelle. Dans le cadre de mon travail, j’utilise parfois les coquilles ou les bouchons d’oreilles pour les enfants ayant une hypersensibilité auditive. Les coquilles permettent de couper efficacement les bruits environnants en recouvrant entièrement les oreilles. Les bouchons (en silicone ou en mousse) réduisent également les bruits perçus par l’enfant, tout en étant plus discrets. Ainsi, en diminuant les stimuli sonores qu’il doit interpréter et en atténuant les bruits qui le dérangent, l’enfant est généralement plus disponible pour participer aux activités de son quotidien.

Bien que les coquilles et les bouchons auditifs présentent des avantages pour le fonctionnement de l’enfant, ils doivent cependant être utilisés avec précaution. En effet, une utilisation soutenue peut augmenter l’hypersensibilité auditive chez l’enfant et nuire à ses interactions avec les autres et avec son environnement. Il est donc important de cibler des périodes d’utilisation (par ex. : lors du repas à la cafétéria de l’école, car il y a beaucoup de bruits) et de limiter le port à deux heures par jour au total. Idéalement, les périodes visées sont de courtes durées. Il faut aussi noter que ce ne sont pas tous les enfants qui acceptent d’utiliser ces outils, en particulier s’ils présentent une hypersensibilité tactile.

Récemment, je suis intervenue auprès d’un enfant de 5 ans qui présentait une hypersensibilité auditive et qui fréquentait une classe régulière de maternelle. Ce garçon devenait rapidement agité dans un environnement avec plusieurs bruits (enfants qui s’agitent sur leur chaise, ventilation, chuchotements, etc.). Cela faisant en sorte qu’il avait de la difficulté à se concentrer lors des activités individuelles.

Le port de coquilles a été recommandé durant ces périodes, après que les consignes aient été données par l’enseignante. Celle-ci a rapporté que le port des coquilles a permis à l’enfant de rester assis pendant les activités et de mieux s’organiser.

Catherine Mercier, ergothérapeute

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   Myriam Chrétien-Vincent, Sylvie Tétreault et Emmanuelle Rossini-Drecq

 

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