Pour m'aimer je reconnais mes émotions


« La vie consiste à rire de tous ses rires et à pleurer de tous ses pleurs. »
                                                              Marshall Rosenberg

Comment vous sentez-vous lorsque vous invitez des amis à dîner ? Heureux à l’idée de les recevoir, vous cuisinez à la bonne franquette, le cœur léger, car vous savez qu’ils vous aiment tel que vous êtes ? Ou nerveux, vous préparez des plats compliqués, craignant secrètement qu’ils critiquent votre sens de l’hospitalité ?

Et si l’amour de soi commençait tout simplement par l’apprivoisement et l’accueil de vos émotions ? Imaginez-vous ressentir chacune d’elles pleinement, et laissez-vous traverser sans jugement. Joie, peur, tristesse... toutes témoignent de nos états intérieurs. Les écouter est toujours précieux car cela ouvre les portes de la connaissance de soi. Encore faut-il parvenir à les identifier !

Une émotion, c’est d’abord... un signal essentiel
Notre cœur palpite. Nos muscles se tendent. Nous transpirons, sursautons, tremblons, toussotons... Dès qu’une émotion surgit, notre corps s’exprime. Cette réponse physiologique, automatique, répond à l’origine à une fonction de taille : assurer la survie de l’être humain face à une menace extérieure. La peur, par exemple, n’évite pas le danger, mais elle alerte d’un risque et en cela se révèle bénéfique. Mieux vaut en effet éloigner sa main du feu pour qu’il ne vous brûle pas la peau ! La tristesse nous invite à nous intérioriser. Les émotions ne sont ni négatives ni positives. Elles sont simplement agréables ou désagréables. Par le biais de nos cinq sens, elles nous signalent que nous avons perçu un changement de situation et qu’il y a une action concrète à mettre en place pour nous y adapter. Elles sont source et expressions de vie.

Marshall Rosenberg, créateur de la Communication Non Violente, disait voir beaucoup de « gentilles personnes mortes » autour de lui. Il faisait ainsi allusion au conditionnement social qui nous amène à réprimer nos émotions par sens du devoir. Nous sommes ulcérés par l’attitude de quelqu’un ? « Ravale ta colère », nous apprend-on. « Ça ne sert à rien de s’énerver... Allez, garde le sourire ! »
Beaucoup de personnes pensent être déconnectées de leurs émotions : « Je ne sens rien de spécial » ou « Je ne saurais pas vous expliquer ce que je ressens... », disent-elles. Au contraire, d’autres avouent être facilement émotives, se laissant alors envahir par la tristesse, paralyser par la peur, submerger par la colère ou déborder par la joie. Dans un cas comme dans l’autre, une véritable « rééducation » émotionnelle peut être nécessaire afin de prendre conscience de ce ressenti, d’en percevoir toutes les nuances et de l’exprimer avec justesse. Car ces réactions peuvent nourrir un sentiment de désamour, voire de haine de soi. La preuve ? Certains se jugent « bons à rien » quand la tristesse les cantonne à végéter dans un travail qui ne les épanouit pas. Ou ils s’estiment peu courageux en s’apercevant qu’au fond, ils ont peur de réaliser leurs rêves. D’autres se détestent et culpabilisent d’avoir laissé leur colère exploser au visage de leur interlocuteur. On pourrait citer bien d’autres exemples...

Dites merci à vos crises de nerfs !
Involontairement, nous nous sommes tous plus ou moins coupés de nos émotions. C’est un réflexe de protection quand, enfant, les émotions que nous ressentions n’ont pas été suffisamment entendues ou qu’elles ont fait l’objet de jugements (« Tu ne vas pas pleurer pour ça! »). D’autre part, nous avons pu intégrer psychiquement que face aux expériences douloureuses à répétition comme les reproches, les comparaisons, les critiques voire la violence physique ou morale, la stratégie antidouleur la plus intelligente sur le moment consistait à les réprimer. Éviter la souffrance, c’est humain! Cette rupture émotionnelle nous a peut-être protégés durant l’enfance, mais elle nous a également coupés de notre sensibilité, de notre empathie naturelle, de notre spontanéité et de notre expressivité.

À l’âge adulte, certains d’entre nous tentent encore d’anesthésier leurs profondes douleurs en s’enivrant, par exemple, de sorties ou en adoptant des comportements addictifs plus ou moins prononcés. Et puis un jour, c’est le déclic. La pression devient trop forte, nous ne parvenons plus à la contenir, et nous acceptons d’y faire face, souvent lorsque nous sommes accompagnés par un thérapeute ou des êtres chers bienveillants.

Nous vivons tous des périodes de crise où, sans trop savoir pourquoi, nous pleurons, déprimons ou agressons les autres. Bien souvent, elles nous signalent que nos émotions enfouies et muselées sont encore là, stockées quelque part dans le corps. Et voilà qu’elles se manifestent à nouveau. Ces crises sont un cadeau. Dites-vous bien que ces émotions qui sortent tout à coup ne sont pas là pour vous embêter. Elles sont des lanceurs d’alerte qui vous montrent que quelque chose souhaiterait être mis en lumière. Elles vous invitent à leur prêter attention. Elles vous demandent de les regarder et de les reconnaître pour aller à la rencontre de vous-même et pour apprendre, enfin, à accueillir votre monde intérieur.

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La stratégie de la Cocotte-Minute
On vous conseille souvent d’évacuer la pression. À juste titre, car nous venons de le voir, tout ce que nous refrénons reste bloqué dans notre corps. Comment l’évacuer ? Faire du sport, crier un bon coup, taper sur son oreiller? C’est un début. Mais en réalité, comme tout le monde, vous employez quotidiennement d’autres façons de la chasser, beaucoup moins bénéfiques, et qui découlent directement du fait de ne pas reconnaître vos émotions. Ainsi, vous pouvez adopter un mode de réaction :
••soit par Op/pression : violence envers les autres (agressivité verbale ou physique) ;
••soit par Ré/pression : comportement violent envers soi (nourriture excessive, insuffisante ou anarchique, tabac, alcool, drogue, etc.).
Or, il existe bel et bien une troisième voie qui évite de se venger sur soi et sur les autres :
••L’Ex/pression : transformation de cette pression émotionnelle à des fins « ressourçantes » et créatives.
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Diane Baran

 

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