Pardonner pour adoucir sa vie



Devant tout conflit grave avec autrui, il existe au moins deux voies possibles : celle de la guerre et celle de la paix. L’une perpétue la douleur et la hargne ; l’autre, la douceur et l’harmonie. L’une va de pair avec des relations dysfonctionnelles ; l’autre permet de s’en affranchir. L’une procure un état d’agitation désagréable ; l’autre, un grand sentiment de bien-être. Lorsque nous choisissons la voie de la paix, nous sommes en contact avec notre force véritable et nous faisons chaque jour l’expérience de la sérénité. Comment accéder à ce calme intérieur qui dissipe la colère et fait naître la joie ? En changeant notre regard sur le passé et le présent grâce au fabuleux pouvoir du pardon.


Pardonner, c’est se donner le droit de tourner la page et, donc, de rester maître de sa vie. C’est enlever aux personnes qui nous ont fait mal le pouvoir de bloquer nos énergies vitales et de nous ralentir sur le chemin du bonheur. Ainsi, non seulement adoucissons-nous nos relations par le pardon, mais nous commençons à faire l’expérience d’une vie bonne sur tous les plans, à l’abri des affres de la rancune, de l’angoisse, de l’amertume. Il n’y a rien de plus dévastateur, de plus destructeur que ces sentiments. Ils rendent l’être humain extrêmement vulnérable et le privent des forces dont il a besoin pour être heureux, pour se réaliser, pour se lancer à la poursuite de ses rêves.

Lorsque nous choisissons la paix, le pardon, nous optons en même temps pour la douceur de vivre et le partage. Nous disons oui à la vie elle-même. Ne pas pardonner, c’est non seulement prolonger la souffrance, mais aussi la perpétuer. Car ce que nous ne parvenons pas à régler intérieurement se reflétera nécessairement dans nos pensées, dans notre façon d’être et dans nos gestes. De là la nécessité, pour atteindre la sérénité, de guérir ses vieilles blessures.

Car comment se passe la vie lorsque nous portons au fond de nous une douleur profonde ? N’est-elle pas infini- ment longue et désolante ? N’est-elle pas empreinte d’une profonde tristesse ? On pourrait croire que certaines souffrances sont indélébiles et que rien ne saurait les effacer. C’est pourtant faux. Il n’est aucun mal, aucune offense qui ne résistent au pardon. Ainsi, il est des gens qui ont été victimes de gestes horribles et qui ont réussi à pardonner grâce à une force extraordinaire, qui se trouve en chacun de nous si nous nous donnons la peine de la chercher.

Songeons, par exemple, à ceux qui ont survécu aux affres de la guerre et qui, au lieu de se maintenir dans un climat de haine, ont cru ensuite de nouveau en l’existence, en l’amour, en eux-mêmes. Ils ne se sont pas laissé détruire par les terribles angoisses qu’ils avaient vécues. Grâce à la force de l’amour et du pardon, ils ont pu recommencer à croire en l’existence, ils ont pu élever une famille, mener une carrière florissante, vivre d’immenses joies, et ils sont la preuve vivante que tout acte de haine est moins fort que l’amour de la vie. Quel que soit le mal dont nous avons pu être victimes, aussi douloureux fût-il, nous pouvons nous laisser aller à la dérive et prolonger notre souffrance ou, au contraire, avoir foi en la vie et en l’amour, qui panse toute blessure, qu’elle soit superficielle ou profonde.

Se défaire de la haine
Bien sûr, le processus du pardon ne se fait pas du jour au lendemain. Il requiert du temps et comporte plusieurs étapes, comme nous le verrons au chapitre 5. C’est un travail à ne pas prendre à la légère, puisqu’il va jusque dans les profondeurs de l’âme. C’est pour cela qu’il recèle un si grand pouvoir de transformation. Oui, cela demande un certain courage, une certaine humilité. Mais renaître au monde et à soi-même n’en vaut-il pas la peine ? Devenir une personne apaisée et sereine n’est-il pas le plus beau cadeau que nous puissions nous faire ?

Sans le pardon, la souffrance s’imprime en nous et nous torture à petit feu. La mémoire se fige sur l’événement douloureux et la moindre pensée vient réveiller la douleur. Tantôt cela va un peu mieux, et nous pensons à autre chose ; tantôt la peine est avivée, et nous souffrons. Sans le pardon, nous sommes le jouet de l’offense subie, nous ne sommes pas une personne libre.

Vient un temps où la douleur est insupportable et finit par nous gâcher l’existence. Car si nous ne faisons pas le choix de pardonner, il y a de forts risques que nous adoptions une attitude teintée d’agressivité. Nous perpétuerons ainsi dans notre propre vie la colère dont nous avons été l’objet. Si nous optons pour le chemin de la haine et de la vengeance, nous donnerons nécessairement à cette haine un immense pouvoir sur nous, un pouvoir destructeur. Or, ce pouvoir destructeur ne fait qu’aggraver la souffrance. Ainsi, au mal subi vient se mêler le remords, la culpabilité d’avoir répondu par l’offense. Si la non-vengeance et le pardon se parent de dignité, la vengeance ne fait que prolonger la ronde du mépris et des tourments. L’entêtement à poursuivre la lutte, l’obstination à maintenir un combat ne font qu’accentuer la peine ressentie. Ne pas rétorquer agressivement à une personne qui nous a fait du mal, ce n’est donc pas être naïf, mais plutôt refuser un dialogue qui ne se déroule pas selon les règles du respect et de la bienveillance.

Cependant, le sentiment de vengeance et la colère sont parfaitement normaux, même si nous tentons parfois de les nier. Et comme nous le verrons au cours de la démarche du pardon, pour réussir à les évincer, nous devons tout d’abord admettre que nous les éprouvons. Alors seulement nous sera-t-il possible de mettre en branle le processus du pardon, qui permettra d’évincer réellement l’agressivité suscitée par l’offense. Encore une fois, cela peut nécessiter une bonne période de temps, mais il faut bien comprendre qu’une douleur profonde, qui a parfois mis des années à se forger, ne peut être évacuée en quelques jours. Toutefois, dès que le processus est mis en marche, des changements importants se produisent sur tous les plans : dans notre vie intérieure, bien sûr, mais aussi dans nos relations avec les autres et dans notre travail.

 

Virginia  Clarke         

                        
                                                                              

Si cet extrait vous a intéressé,
vous pouvez en lire plus
en cliquant sur l'icone ci-dessous 

 Le Pouvoir guérisseur du pardon - Les 5 étapes pour cicatriser ses blessures