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Comme tout ce qui dicte les lois de l’univers, la mort et le deuil sont inscrits dans l’ADN de chacun d’entre nous. Ainsi, nous sommes appelés à leur faire face, un jour ou l’autre, malgré nos vaines tentatives pour les tenir à distance.
C’est la force de l’amour qui nous tiendra debout ! De la naissance jusqu’à l’ultime dépouillement, dans le tissage de chaque lien, dans l’humide vallée de nos larmes au cœur de l’incroyable mystère. L’amour comme unique destin.
Le titre « Les traversées du deuil » m’est apparu comme une évidence pour évoquer ce cheminement tellement inédit du deuil. Quitter soudainement le territoire familier de notre « vie d’avant », s’embarquer en solitaire à bord d’un navire incertain sur un océan agité et finir par atteindre une terre encore inconnue. Ainsi, nous naviguerons à travers nos espaces émotionnels, charnels et spirituels sans jamais couler. Nous surferons sur les vagues de nos sentiments, bravant nos tempêtes intérieures, nageant dans l’écume de nos peurs et de nos doutes, guidés par les phares de l’amour et par la lumière de nos valeurs. Au terme de ce voyage initiatique inédit et des escales proposées, nous accosterons enfin sur de nouveaux rivages intérieurs apaisés, transformés et chargés de belles promesses.
De nombreuses traditions évoquent ce mythe de la traversée à partir d’une épreuve (la traversée du désert dans la Bible, la traversée du fleuve chez Platon, etc.). Ce mythe symbolise en effet un parcours d’initiation, un élan vers l’acceptation et un passage vers une nouvelle vie, plus riche de sens.
Pour guider et éclairer votre cheminement, pour faire connaissance avec ses multiples territoires, je vous propose trois temps.
Dans la première partie, il m’a paru important de dresser un état des lieux de la mort telle qu’elle est perçue dans la société et de réfléchir sur la place du deuil. Dans la deuxième partie, mon intention est de vous aider à comprendre les processus, les phases, les mouvements des émotions et tous les bouleversements qui vous secouent, lorsque vous êtes confronté à un deuil. Pour finir, dans la troisième partie, je partage avec vous un bouquet d’outils, d’enseignements, de méthodes et de réflexions pour que chacun puisse inventer la meilleure façon de traverser son deuil.
Tout au long du livre présenté en bas de page, je mets à votre disposition des petites bouées, pour reprendre pied et faire une halte, en vous proposant des exercices à expérimenter après chaque thème abordé. En répondant aux exercices dans votre « Journal de deuil » (voir « Votre Journal de deuil », p. 21), vous découvrirez combien l’écriture peut être un socle solide, un espace de cohérence et de créativité quand on est perdu, seul et attristé. Je vous proposerai aussi des pratiques de méditation de pleine conscience, des exercices de respiration, de visualisation et des citations ressourçantes.
Je vous invite à acquérir rapidement votre Journal de deuil, un gros cahier par exemple, que vous pourrez remplir et renouveler selon vos besoins. Si vous le souhaitez, vous pourrez aussi y réserver un espace de créativité – un « Carnet créatif » – pour exprimer avec des couleurs, des collages et des photos les émotions et les ressentis les plus difficiles à verbaliser.
Ainsi, dans ce livre, je souhaite vous offrir mon expérience de thérapeute éclairée, de femme engagée, de mère expérimentée ainsi que mon vécu d’endeuillée au service de tous ceux et celles qui ont subi une perte significative.
J’ai écrit aussi pour libérer la parole et élargir la réflexion autour du deuil aujourd’hui. Ainsi, tenter de répondre à l’immense besoin d’informations, de soutien, d’écoute, de guidance et de compassion évoqué par de nombreuses personnes.
Et si nous acceptions de montrer et d’accompagner ces états ultimes de la vie qui débordent et qui dérangent ? Si nous partagions nos pleurs et nos peurs en exprimant toute l’ambivalence de nos sentiments, de la souffrance jusqu’à l’espoir ? Si nous validions enfin notre droit de vivre à notre rythme et pleinement présents cette traversée, malgré son intensité, jusqu’à la terre ferme de notre retour à la vie ?
Avec vous, je fais ce rêve encore un peu fou de réhabiliter la mort dans nos vies, de redonner une place cardinale au deuil, comme un processus essentiel au carrefour des questions les plus fondamentales de toute existence humaine. Lui rendre ainsi toute sa légitimité, en rappelant à chacun que chaque deuil est unique et précieux, qu’il a besoin de temps, qu’il nous secoue en profondeur, nous oblige à revisiter nos histoires et nous transforme à jamais. Mais surtout que la vie continue et nous convoque au plus intime pour avancer sur notre chemin, au-delà du chagrin.
Libérons donc la parole, formons et informons tout un chacun sur ce qu’est le deuil. Invitons tous nos proches à vivre à nos côtés cette épreuve douloureuse et initiatrice. Réinventons des rituels individuels et communs pour apaiser le chagrin et relier les communautés.
Il est temps de porter un nouveau regard sur cet incroyable processus, et je vous invite à participer à cette ouverture du cœur tout en traversant votre deuil.
Mais, tout d’abord, je voudrais vous remercier d’être là, dans votre belle dignité d’endeuillé! Je vous accueille avec bienveillance dans notre vulnérable et puissante humanité commune pour commencer ce voyage.
Martine Spiesser
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