Lire : Elever un garçon, mission possible !

Élever trois fils a été pour moi un vrai bonheur, une belle aventure ! Outre la joie de voir leurs personnalités s’épanouir, cela m’a aidée à trouver en moi l’énergie nécessaire, la créativité indispensable pour pouvoir les suivre dans leurs jeux, leurs inventions souvent déroutantes. J’ai mieux appris à travers eux à connaître les « hommes », leur diversité, j’ai mieux compris la place – pas toujours facile – qu’ils occupent aujourd’hui dans la société, j’ai davantage accepté celle de leur père, et sans doute, ai-je ainsi appris à faire la paix avec mon propre père.
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Élever trois fils a été pour moi un vrai bonheur, une belle aventure ! Outre la joie de voir leurs personnalités s’épanouir, cela m’a aidée à trouver en moi l’énergie nécessaire, la créativité indispensable pour pouvoir les suivre dans leurs jeux, leurs inventions souvent déroutantes. J’ai mieux appris à travers eux à connaître les « hommes », leur diversité, j’ai mieux compris la place – pas toujours facile – qu’ils occupent aujourd’hui dans la société, j’ai davantage accepté celle de leur père, et sans doute, ai-je ainsi appris à faire la paix avec mon propre père.

C’est dire qu’élever des garçons nous fait grandir, en tant que mère et peut-être, avant tout, en tant que femme. Cela touche à des aspects profonds de nos identités, de nos places dans la famille, le couple, la société.

Bien sûr, il y eut des nuits blanches, des conflits, des inquiétudes, un nombre sans doute considérable de loupés. Les parents « psy »ne sont pas à l’abri d’erreurs ! Cependant, avec le recul, je constate, rassurée, qu’arrivés à l’âge adulte, ils se débrouillent plutôt bien dans leur existence. Quand on n’a plus le « nez dans le guidon », qu’on est un peu libérée du quotidien, qu’on n’a plus à se soucier de l’angine de l’un, d’une mauvaise note de l’autre, d’une dispute entre eux, on voit heureusement les choses avec un peu de distance. Recul qu’il faudrait pouvoir prendre plus souvent, pour s’inquiéter un peu moins et se faire davantage confiance. Car les parents que je rencontre dans mes consultations doutent trop souvent d’eux-mêmes alors que, finalement, ce sont eux les experts et qu’ils sont tout à fait capables de trouver des solutions, à partir du moment où ils se posent les bonnes questions. Ce à quoi ce livre va vous aider !

Ce que j’ai apprécié le plus dans cette aventure avec mes trois garçons, et que je continue à savourer encore, ce sont leurs différences. Élevés par les deux mêmes parents, scolarisés dans les mêmes écoles, ils ont cependant des personnalités bien différentes, et c’est ce qui, à mes yeux, fait la richesse d’une fratrie. Permettre à ses enfants de se réaliser dans leur singularité est, à mon sens, l’une des responsabilités parentales incontournables, l’un des enjeux essentiels de l’éducation.

Il m’arrive souvent de me demander si j’ai élevé mes fils comme j’aurais élevé des filles si j’en avais eu. Oui, sans doute, en tous les cas, j’ai tenté de le faire. Mais il n’est pas si facile que cela de se libérer de tant de siècles de conditionnement assignant hommes et femmes non seulement à des places et à des fonctions particulières dans notre société et notre culture, mais induisant et forgeant des identités spécifiques dans le moule des idéaux sexués. Leur père et moi avons fait du mieux possible pour éviter les pièges des carcans idéologiques. Nos enfants ont joué aussi bien aux voitures qu’à la poupée, ont eu des cuisinières aussi bien que des pistolets – inévitables ! –, ont construit des cabanes dans les arbres comme joué au papa et à la maman.

Résultat : devenus adultes, ils adorent cuisiner – fort bien au demeurant, chacun ayant ses spécialités et son style –, repassent sans problème, cousent un bouton (mieux que moi !) tout en étant bons bricoleurs. Ceux, parmi eux, qui ont des enfants s’en occupent formidablement bien, portés également par l’évolution des figures paternelles et l’apparition d’une génération de « nouveaux pères ».

Est-ce différent pour une femme d’être mère d’une fratrie de garçons, d’une fratrie de filles ou d’une fratrie mixte ? Bien sûr, une fille ou un garçon renvoie sa mère à des expériences distinctes, la relation mère-fille a plus de chance d’être une relation miroir, générant peut-être plus de complicité mais aussi plus de conflits potentiels, car il n’est pas toujours facile de se voir dans le miroir d’une autre « soi-même » ; alors que la relation mère-fils est de l’ordre d’une découverte mutuelle, générant curiosité et peut-être une aptitude à mieux réguler la distance.

Mais au-delà de cela, aucun enfant ne représente la même chose pour l’un et l’autre de ses parents, aucun n’arrive au même moment de leur évolution personnelle, aucun ne réactive les mêmes vécus de leur propre enfance... C’est pourquoi on n’élève pas deux enfants de la même manière, que ce soit une fille ou un garçon. C’est bien en cela que la relation parent-enfant est passionnante !
En fait, il s’agit non pas d’élever notre enfant comme un garçon ou comme une fille, il s’agit de l’élever en l’aidant à se réaliser dans ce qu’il a d’unique. Être soi, c’est oser exprimer sa singularité en se libérant des carcans sexistes, comme des carcans de son histoire familiale, comme tout autre carcan qui engendre bien des souffrances et éloigne les individus de ce qu’ils sont au plus profond d’eux-mêmes.

Mes garçons, je les ai surtout élevés dans la perspective de les inscrire dans leur humanité, dans le but qu’ils aiment la vie et la respectent, qu’ils soient capables de savourer le beau et de se diriger vers le bien : autant de préoccupations qui dépassent la seule et étroite question du masculin et du féminin.

Un enfant, c’est d’abord un être humain, et notre rôle de parent, c’est d’en faire une personne libre et responsable, solide éthiquement, ouverte sur les autres et le monde. Dans notre société en pleine transformation, ces notions philosophiques sauront nous aider et nous y aurons recours de plus en plus.

C’est dans cette perspective que ce livre a été écrit par Alix Leduc, une perspective d’ouverture d’esprit et de réflexions, nourries par des rencontres avec des parents et des spécialistes de l’enfance. Tout au long de ce texte, elle nous fait partager utilement son enthousiasme, son engagement vis-à-vis d’une éducation éthique et bienveillante.

 

Nicole Prieur. Psychologue et mère de trois enfant

 
 


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