LES PRINCIPALES SITUATIONS GÉNÉRANT UN TROUBLE DE STRESS POST-TRAUMATIQUE

Les victimes de traumatismes à travers le monde sont innombrables depuis le début de l’humanité et trop souvent loin d’être reconnues comme telles. Les premiers manuscrits relatent autant d’horreurs que toute la littérature restituant l’histoire de l’homme, que ces victimes soient directes (décédées ou blessées) ou indirectes (témoins de proximité ou lointains de situations traumatiques). Bien des événements sont à l’origine du trouble de stress post-traumatique, sachant que s’ils le provoquent chez certaines personnes, d’autres sont épargnées : nous ne sommes pas tous égaux dans ce domaine.
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Les victimes de traumatismes à travers le monde sont innombrables depuis le début de l’humanité et trop souvent loin d’être reconnues comme telles. Les premiers manuscrits relatent autant d’horreurs que toute la littérature restituant l’histoire de l’homme, que ces victimes soient directes (décédées ou blessées) ou indirectes (témoins de proximité ou lointains de situations traumatiques). Bien des événements sont à l’origine du trouble de stress post-traumatique, sachant que s’ils le provoquent chez certaines personnes, d’autres sont épargnées : nous ne sommes pas tous égaux dans ce domaine.

Voici les éléments qui définissent l’évènement traumatique.
1. Il s’agit avant tout d’une situation hors du commun, inhabituelle donc, vécue très intensément et provoquant des symptômes bien particuliers, regroupés en un tableau clinique précis.

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Quelques chiffres
Les situations qui déclenchent un état de stress post- traumatique sont très variées :
le risque de subir un traumatisme dans sa vie est de 5 à 6 % pour les hommes et de 10,5 % à 13,8 % chez les femmes.
Quant au risque de vivre un trouble de stress post-traumatique à la suite d’un événement traumatisant, il est de 24 %.
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2. Les traumatismes psychiques, appelés aussi psychotraumatismes, sont de deux sortes :
- de «type 1» lorsqu’il s’agit d’un événement qui n’est arrivé qu’une fois (subir une inondation, un accident, etc.) ;
- de «type 2» (les plus fréquents) lorsque la situation traumatisante se reproduit et/ou se prolonge dans le temps comme la maltraitance, l’emprise psychique,1 ou encore la menace des attentats 2.

3. Il peut s’agir de traumatismes aléatoires (accidents, incendies, deuils violents et annonce de maladies graves, catastrophes naturelles ou industrielles), non intentionnels, ou de situations traumatiques récurrentes : violences familiales (maltraitance physique et/ou psychique), collectives (guerres, terrorisme, exils), sociales (agressions physiques et/ou psychiques, crimes, etc.), professionnelles (harcèlement 3).


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Les psychotraumatismes de type ll
Les traumatismes de type II sont ceux qui causent les TSPT les plus sévères et surtout chroniques. Leurs causes sont diverses : guerres, maltraitance psychique et physique (coups, abus sexuels, mutilations génitales, mariages forcés) durant les années d’enfance et d’adolescence, violences familiales et scolaires, relationnelles, sexistes, sexuelles (viols4, prostitution), souffrance au travail 5.
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Les causes les plus connues de traumatismes sont les accidents graves de la vie, physiques et psychiques, de toute nature. Toutes les formes d’abus de pouvoir (comme la mise sous emprise, le harcèlement dont les formes sont nombreuses, etc.), l’abandon (je rappelle que ce terme ne s’applique qu’aux enfants et aux personnes âgées et/ ou dépendantes psychologiquement et physiquement), la violence sous toutes ses formes (morale, physique). Certaines grandes souffrances psychiques (les deuils particulièrement douloureux et brutaux en font partie) peuvent aussi provoquer un trouble de stress post-traumatique, comme aussi des maladies ou, en amont, leur annonce. Il existe encore d’autres causes : les traumas subis durant la vie intra-utérine et ceux vécus au moment de la naissance. Sans compter les victimes de catastrophes naturelles, de guerre (avec sa nouvelle forme : le terrorisme). Il peut même y avoir certains traitements médicaux et dentaires, chirurgicaux, des anesthésies, des immobilisations forcées ou prolongées, qui provoquent des traumatismes.

4. Différents facteurs sont à l’origine de l’état de stress post-traumatique :
- La nature du traumatisme (sa violence, son aspect humiliant ou révoltant et toujours vécu comme une injustice) ;
-Les émotions qu’il engendre (terreur, horreur, sentiment d’impuissance, de honte, etc.) ;
- Les réactions individuelles de protection psychique instantanée ;
- Les blessures physiques et/ou psychiques précédentes, qui donnent une impression de «déjà-vu» : des points communs avec des situations vécues antérieurement, personnellement ou par des proches subies dans le présent ou craintes dans le futur (à court, moyen ou long terme, comme en temps de guerre) ;
- Les souvenirs traumatisants ;
- Les états de stress post-traumatique transmis d’une génération à l’autre6, car les transmissions transgénérationnelles existent, comme le prouve l’épigénétique (science du domaine de la génétique étudiant les interactions de l’environnement sur les gènes). Il peut s’agir par exemple des enfants ou petits-enfants de déportés, de personnes ayant fui le nazisme, ou de migrants. Les migrations existent depuis des millénaires, les dernières décennies ne sont pas exceptionnelles, bien qu’aujourd’hui on en dénombre bien davantage, les conditions de vie de certains pays étant intenables. Les descendants peuvent être touchés par ce qu’ont vécu leurs ascendants, même très longtemps après. «La génération suivante des victimes de l’Holocauste avait les mêmes anomalies hormonales que les personnes souffrant du syndrome de stress post-traumatique comme leurs aînés7.» Les traumatismes peuvent ainsi se transmettre, de façon épigénétique, cette mémoire cellulaire se transmettant d’une génération à l’autre, déjà in utero. Les informations s’installent alors dans l’inconscient de l’enfant à naître (cerveau archaïque).

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Les différentes formes de violence
Certains traumatismes sont non intentionnels, comme les accidents de la vie, les catastrophes, les problèmes de santé, les incendies, les deuils, tandis que d’autres découlent d’une intention de nuire : ce sont toutes les formes de violence.
• Politique : guerre, terrorisme ;
• Relationnelle : famille, couple, proches ;
• Due à la délinquance : vol, agression, viol, homicide, séquestration ;
• Institutionnelle : scolaire, professionnelle.
Intentionnelles, elles violent le légitime droit à vivre dans des conditions de sécurité satisfaisantes et respectueuses de la dignité de chaque être humain, quel qu’il soit. Elles représentent un abus de pouvoir de la part des agresseurs qui s’appuient, la plupart du temps, consciemment et délibérément, sur un rapport de force déséquilibré.

L’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) définit ainsi la violence : « Menace ou utilisation intentionnelle de la force physique ou du pouvoir contre soi-même ou contre autrui ou contre un groupe ou une communauté, qui entraîne ou risque d’entraîner un traumatisme, un décès, des dommages psychologiques, un mal-développement ou des privations. »

Les violences entre personnes sont les plus traumatisantes, ce sont elles qui génèrent le plus de TSPT, même si leur degré de gravité dépend de leur nature et de leur intensité, de leur caractère unique (de type I) ou répété (de type II). Elles représentent des atteintes à l’intégrité (physique et psychique) et sont très nuisibles à la santé sur ces deux plans (très imbriqués).
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5. Il existe deux sortes d’événements stressants ou traumatisants :
- ceux qui sont subjectifs (la perception et la réaction à la situation sont différentes selon les personnes) ;
-ceux dont l’aspect traumatogène est objectif (menaces, violence avérée, ruine, souffrance au travail, changements radicaux et douloureux dans la vie, guerre, exil, etc.).

 

1. Sylvie Tenenbaum, Se libérer de l’emprise émotionnelle, voir bibliographie. 2. Sylvie Tenenbaum, Apprendre à vivre avec les attentats, voir bibliographie
3. 16 % de la population active en est victime, 20 % des femmes selon un sondage Louis Harris, 1991, Métiers à risque ou à forte pénibilité.
4. 120 000 par an en France sans compter ceux qui ne sont pas dénoncés.
5. Selon l’Agence Européenne pour la Santé et la Sécurité au Travail, 50 à 60 % des personnels ont souffert de psychotraumatismes professionnels.
6. Sylvie Tenenbaum, Dépression. Et si ça venait de nos ancêtres ?, voir bibliographie. 7. Joanna Thevenot, « Le traumatisme de la Shoah se transmet génétiquement, selon une étude scientifique », in Le Huffington Post, 26 août 2015.

                                                                                              

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Couverture de livre

 
Sylvie Tenenbaum est psychothérapeute depuis plus de trente-cinq ans. Elle est l’auteure de nombreux ouvrages dont "Se libérer de l’emprise émotionnelle" (éditions Leduc.s) et "Vaincre la dépendance affective" (Albin Michel).