Les 3 clés de l'apaisement dans la relation mère / fille

Quand tout va bien, il n’y a rien à comprendre car précisément... tout va bien. Mère et fille se coulent dans une relation paisible. Ce n’est pas qu’elle soit parfaite mais elle est une joie. C’est un plaisir de se voir et les contrariétés, quand il y en a, se diluent facilement. Un regard, une petite phrase, un ton de voix suffisent à la compréhension, à une remise en phase. Dans l’ensemble, les échanges sont tellement bons que rien n’est grave ; le positif l’emportera toujours sur le négatif.
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1. COMPRENDRE
Quand tout va bien, il n’y a rien à comprendre car précisément... tout va bien. Mère et fille se coulent dans une relation paisible. Ce n’est pas qu’elle soit parfaite mais elle est une joie. C’est un plaisir de se voir et les contrariétés, quand il y en a, se diluent facilement. Un regard, une petite phrase, un ton de voix suffisent à la compréhension, à une remise en phase. Dans l’ensemble, les échanges sont tellement bons que rien n’est grave ; le positif l’emportera toujours sur le négatif.

A contrario, si un inconfort relationnel persiste, c’est qu’il y a des choses à comprendre. On s’en sort par le décorticage. Que se passe-t-il en elle ? Que se passe- t-il en moi ? Que se passe-t-il dans notre relation ? Sans la compréhension, une relation difficile est vécue comme un casse-tête plein de colère, de chagrin et de déception. Comprendre la relation mère-fille, son fonctionnement, ses pièges, ses enjeux occupera la première partie de ce livre. C’est un incontournable pour avancer.

2. S’AJUSTER
Une relation humaine ressemble une danse. Mère et fille essaient de s’adapter l’une à l’autre, de se comprendre, de s’harmoniser pour que ce soit une joie. Longtemps, la maman mène la danse puisque la petite fille en ignore le rythme et les pas. À la naissance, elle est absolument démunie. Elle est bombardée de sensations plus ou moins agréables ou désagréables. Elle ignore qu’elle est une personne parmi d’autres personnes. Peu à peu, grâce aux interactions avec son entourage en général et sa maman en particulier, elle découvre le monde qui l’entoure et apprend à se connaître. Si les interactions sont douces et adaptées, elle fait connaissance tranquillement.

Elle apprend à être bien avec les autres, bien avec elle-même. Elle absorbe la manière dont sa maman, son phare, son modèle, son avenir vit sa condition de femme, d’être humain. La manière dont elle aime sa petite fille. Ses peurs, ses chagrins... tout est absorbé par son enfant, cette petite « éponge » qui ne sait rien mais qui sent tout. Ces interactions sont pleines de vie, d’émotions, de sentiments, de contradictions, de sensibilité, d’intelligence... La danse est plus ou moins bien menée par la maman et plus ou moins bien suivie par sa fille. Heureusement, il y a l’attention entre elles deux. C’est-à-dire la vigilance d’une maman qui ralentit quand sa fille peine, qui explique quand elle ne comprend pas, qui félicite quand elle réussit. Ainsi mère et fille s’harmonisent-elles et se réajustent-elles sans cesse l’une à l’autre. Dans la petite enfance, la mère devine et décide mais à mesure qu’elle grandit, la fille devient de plus en plus partie prenante. Il y a des périodes où les ajustements sont faciles. D’autres où la mère ne contrôle plus grand-chose, où la fille se dérobe mais l’une ou l’autre tend des perches pour reprendre la danse et elles se retrouvent, parviennent à danser ensemble... ou pas.

À l’âge adulte, s’ajuster consiste à prendre la mesure de la relation possible entre nous. Chaque « couple » mère-fille invente ses joies, ses limites, ses disponibilités. Les tensions arrivent quand elles ne se suivent pas, quand elles ne se comprennent pas, quand elles n’arrivent pas à s’harmoniser. Savoir, pouvoir, vouloir s’ajuster et danser ensemble : cette question est au cœur de la relation mère-fille.

3. AIMER
Aimer la vie, s’aimer soi-même (au sens de vivre en amitié avec soi-même) et aimer sa mère autant que faire se peut. Parce qu’il fait bon honorer ses parents. Parce que, dans l’amour, on trouve de la douceur, de la sérénité, une forme d’apaisement. Néanmoins, certaines mères ont l’art de décourager l’amour qu’on leur porte. Elles critiquent, elles manipulent... Reste à apprécier ses propres chances – car il y en a toujours – et à remercier sa mère, au moins en pensée, de nous avoir donné la vie, une éducation, des soins, des savoir-faire, une écoute et mille autres choses quand on a été une fille heureuse. Aimer sa mère, aussi, afin de ne pas avoir à regretter un jour de ne pas lui avoir assez dit son affection, sa gratitude, mais aimer la vie surtout car elle nous appelle de toutes ses forces. Le philosophe Blaise Pascal écrivait Tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne pas savoir demeurer en repos dans une chambre2. Aussi est-il difficile de s’épanouir en restant blotti dans le giron maternel. On a du mal aujourd’hui à s’extraire de l’enfance. La modernité est exaltante. Elle propose tant de possibles ! Mais où trouver sa place dans cette ruche ? Et son âme sœur où est-elle donc ? Grandir effraie. L’autonomie coûte cher. Difficile de renoncer à la douceur d’être protégée, couvée, guidée. Parfois, Maman veille au grain. Elle lâche la main : Va ma chérie, je ne suis pas loin... D’autres fois, elle retient. Voilà vingt ans qu’elle est mère à plein temps et il faudrait qu’elle trouve, comme par enchantement, un autre sens à sa vie ! Le temps est un allié précieux. Il aide mère et fille à se séparer en proposant des rencontres, des opportunités, des amours qui détournent de l’enfance. Changer, avancer, grandir... c’est le mouvement même de la vie que les mères favorisent ou pas.

Aimer, c’est donc s’aimer soi-même suffisamment pour se donner la priorité, ce qui n’empêche pas la « complicité mère-fille » de s’inventer, autrement. Et puis aimer sa fille – même quand elle est fâchée, même si elle est contrariante ou désagréable par moments – parce qu’elle a besoin de cet amour pour s’épanouir, parce que c’est notre rôle, parce qu’il y a en elle un trésor à découvrir et dont nous pourrons être fières le moment venu. L’amour de soi, de la vie, de sa mère ou de sa fille, c’est la troisième clé pour avancer et... s’apaiser.

Telle est la trame du livre que vous allez lire. Je l’ai voulu sans jugement, sans culpabilisation car ce sont des poisons qui empêchent la compréhension, l’ajustement, l’avancée. Personne ne commet de faute dans la relation mère-fille. Elle se heurte plutôt à des limites, des impossibilités, des malentendus, des peurs, des manques... qui la bloquent ou la faussent. Je n’ai jamais vu de mère qui voulait le malheur de sa fille. Ni de filles qui voulaient se venger. Certaines cherchent à se protéger d’une relation qui les blesse mais elles tiennent au respect, qui remplace ou accompagne l’amour. Des filles disent un mal fou de leur mère mais qu’un autre l’attaque et elles sortent les griffes. Ma mère ? Elle est sacrée ! disent-elles à l’unanimité. Autre phrase souvent entendue dans cette enquête : Elle est fragile, je ne veux pas lui faire du mal, une phrase prononcée tantôt par les mères, souvent par les filles.

J’espère qu’en lisant ce livre, vous sentirez à quelle point la relation mère-fille est une relation d’amour. Parfois c’est un coup de foudre qui dure toute la vie. D’autres fois, c’est un amour malheureux. D’autres fois encore, c’est un amour toxique ou une histoire d’amour qui ne se débloque pas, comme si personne ne savait faire le premier pas... J’aimerais que ce livre soit une aide à l’ouverture, à la bienveillance, à la compréhension. Un livre qu’on se prête entre mère et fille, pour mieux s’entendre et se comprendre. Je retiens de cette enquête les joies qui se nichent au cœur des difficultés. Je revois Pascale enfant, la tête dans les étoiles pour échapper au désamour maternel. Elle deviendra astrophysicienne. Je pense à Élodie, victime d’une disgrâce, disputant avec sa fille d’interminables parties de tennis parce que dans le sport au moins les règles sont justes. Je me rappelle Sophie adorant son mari. Quand on lui demande comment elle fait pour l’aimer tant, elle rit : Je lui voue une reconnaissance éternelle : il m’a séparée de ma mère ! Même au cœur des larmes, il y a des rires magnifiques. Finalement, j’aimerais dédier ce livre à ma mère pour lui dire merci. Non pas merci d’avoir été ma mère car il était trop difficile d’être sa fille mais merci de m’avoir mise au monde parce que vivre est difficile, comme disait Maylis, mais pas que...

Patricia Delahaie
 
 


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