L’enfant et sa famille

La famille représente la base de sécurité de l’enfant. Il y développe sa confiance en lui et envers les autres. Les interactions de l’enfant avec ses parents, les personnes les plus importantes pour lui, sont au cœur de son développement affectif et façonnent toutes ses relations futures. La famille offre à l’enfant stabilité et sécurité : ses parents sont toujours là pour lui, ils s’occupent de lui et ils répondent à ses besoins.


La famille représente la base de sécurité de l’enfant. Il y développe sa confiance en lui et envers les autres. Les interactions de l’enfant avec ses parents, les personnes les plus importantes pour lui, sont au cœur de son développement affectif et façonnent toutes ses relations futures. La famille offre à l’enfant stabilité et sécurité : ses parents sont toujours là pour lui, ils s’occupent de lui et ils répondent à ses besoins.

La famille est aussi le premier lieu de socialisation de l’enfant, là où il apprend les rudiments de la vie en société. Une famille offrant amour, discipline et constance contrbue à une évolution harmonieuse de l’enfant et au développement de son autonomie.

La complexité des liens familiaux
L’enfant d’âge préscolaire apprend graduellement les liens qui unissent les membres de sa famille. Il identifie d’abord ses grands-parents paternels et maternels, puis il apprend qui sont ses oncles et ses tantes, ses cousins et ses cousines. Il comprend finalement que tel oncle est le frère de papa ou de maman et qui sont les parents de telle cousine.

Mes grands-parents, mon oncle, ma tante, mes cousins
Grand-papa Robert, c’est le papa de mon papa et grand-maman Michelle, c’est sa maman. Papi Michel et mamie Louise, c’est le papa et la maman de ma maman. C’est drôle que mon papi et ma grand-maman s’appellent pareil : Michel. C’est-tu mon papi qui a un nom de fille ou grand-maman qui a un nom de garçon ? En tout cas, moi, j’ai un vrai nom de fille. Il y a pas de garçon qui s’appelle Mathilde.

Maman a un frère ; il s’appelle Patrick. C’est le papa de Maude. Maude, c’est ma cousine. Sa maman, c’est Marise : elle, c’est ma... cousine... euh non... ma tante ! Le petit frère de Maude, c’est mon cousin Mathieu. Patrick est mon parrain et Marise, ma parraine. Un parrain et une parraine, c’est pour nous donner des cadeaux plus gros que les autres à notre anniversaire. Je suis contente que papa et maman ont choisi Patrick et Marise : ils ont toujours de bonnes idées pour me faire des cadeaux.

Papa a pas de frère et pas de sœur. Il devait s’ennuyer quand il était petit. Je me demande avec qui il jouait...

L’importance des grands-parents
Les grands-parents peuvent jouer un rôle important dans la vie de leurs petits-enfants. Ils sont une source d’amour et d’attention et peuvent devenir des confidents, surtout à l’adolescence. Ils représentent un oasis de sécurité et de stabilité pour l’enfant en période de crises familiales (maladie, divorce, difficultés financières, etc.).

Les enfants d’âge préscolaire aiment que leurs grands- parents s’intéressent à ce qu’ils font et à ce qui leur plaît et qu’ils jouent avec eux. Ces moments agréables qu’ils partagent avec des personnes qui les aiment de façon incon- ditionnelle leur laisseront des souvenirs impérissables.

Les grands-parents sont aussi les historiens qui permettent à l’enfant de découvrir ses racines familiales. Ils peuvent également lui montrer comment étaient ses parents quand ils étaient jeunes en regardant de vieilles photos, en lui racontant des anecdotes ou en ressortant des jouets leur ayant appartenu.

Ils perpétuent également les traditions familiales. Chez les uns, on fête Noël le 24 décembre en soirée et on mange de la dinde ; chez les autres, on se retrouve à la cabane à sucre tous les printemps. Ces différentes activités fami- liales renforcent le sentiment d’appartenance de l’enfant.

Les grands-parents maternels sont souvent plus près de la famille que les grands-parents paternels. Il arrive toutefois que la distance géographique ou la maladie d’un des grands-parents renverse la situation.

Les grands-parents qui vivent loin de leurs petits-enfants peuvent utiliser plusieurs moyens pour maintenir une relation suivie. Ils peuvent, par exemple, entretenir une correspondance avec eux ou échanger des cartes et des dessins par la poste. Abonner l’enfant à un maga- zine est une autre façon de faire partie de sa vie ; recevoir du courrier à son nom est toujours un grand plaisir pour l’enfant. Le téléphone permet aussi de maintenir un contact régulier avec l’enfant. Des technologies plus avancées, comme Skype ou Facetime, permettent de se voir en direct: ne dit-on pas qu’une image vaut mille mots ? L’enfant peut alors montrer à ses grands-parents le dessin qu’il vient de faire, grand-maman peut faire voir grand-papa qui dort sur le divan, grand-papa peut lire une histoire au petit en lui montrant les images. L’échange est alors plus dynamique.

Mes grands-parents sont venus nous voir
Aujourd’hui, grand-papa Robert et grand-maman Michelle sont venus chez nous. J’aime beaucoup mon grand-papa. Quand il vient à la maison, il joue toujours avec moi. Aujourd’hui, je lui ai préparé des biscuits en pâte à modeler et il les a trouvés « dé-li-ci-eux ». Comme ils étaient verts, il a dit que c’était des biscuits aux concombres. Il est drôle. Il est toujours de bonne humeur et il aime jouer autant que moi.

Après, on a joué à la cachette dans ma chambre. Moi, je m’ai cachée dans ma garde-robe. Mon chien Caramel a joué lui aussi. Il est rentré sous les couvertures, mais il fallait que mon grand-papa le trouve vite vite pasque Caramel, il reste pas caché longtemps ; ça, c’est pasqu’il comprend pas le jeu de cachette. Quand ça a été son tour, grand-papa s’est caché sous le lit, mais quand je l’ai trouvé, il était plus capable de sortir : son ventre voulait pas passer. On a ri !

Ma grand-maman Michelle, elle, m’apporte souvent des cadeaux. Aujourd’hui, elle m’a apporté un pyjama avec des princesses dessus. Je le trouve très beau. Mais elle joue jamais avec moi. Elle me parle, me pose des questions. Je sais qu’elle m’aime aussi, même si elle joue pas avec moi, pasqu’elle écoute tout ce que je lui dis.

Valérie reste pas souvent à la maison quand mes grands-parents viennent nous voir. Elle s’en va chez son amie Isabelle. Mais je pense qu’elle aussi aime beaucoup grand-papa Robert. Il fait des blagues avec elle. Il dit que lui aussi, il va mettre du rose dans ses cheveux. Ça serait drôle. Pis il parle de la musique que Valérie écoute. On dirait qu’il connaît cette musique-là.

Mon papi Michel et ma mamie Louise, on les voit pas souvent. Quand ils viennent chez nous, ils jouent pas avec moi. Ils parlent avec papa et maman. Mais ils disent toujours que j’ai grandi, que je suis une belle petite fille. Ils sont gentils.

Les familles recomposées
Les liens entre les membres des familles recomposées sont encore plus difficiles à comprendre. L’enfant constate alors qu’il y a la maman, le papa, mais aussi une maman qui n’est pas la maman de l’enfant ou un autre papa qui n’est pas non plus le papa de l’enfant. Les autres enfants, s’il y en a, ne sont pas des « vrais » frères et sœurs. Ce sont là des notions abstraites qui sont difficiles à saisir pour l’enfant d’âge préscolaire.

Plein de papas et de mamans et plein de grands-parents
À la garderie, il y a plein d’enfants qui ont plus de papas et de mamans que moi. Xavier a sa maman, son papa, une autre maman qui vit avec son papa et un autre papa qui vit avec sa maman. Mais c’est pas une vraie maman et un vrai papa pasqu’il les appelle pas maman et papa. Marie-Laure, elle, a deux mamans (une vraie et une pas vraie) et un papa. Camille aussi.

Mathieu, celui qui court tout le temps, a deux papas, deux mamans, un frère et deux sœurs qui sont pas ses vraies sœurs. Je comprends pas comment ça marche : comment il peut avoir des sœurs qui sont pas ses sœurs ?

Mon amie Camille a plus de grands-parents que moi. Elle a le papa et la maman de son papa, le papa et la maman de sa maman et le papa et la maman de la nouvelle amie de son papa. Moi, j’aimerais pas ça que papa ait une nouvelle amie. Ça voudrait dire qu’il serait plus avec nous et que je le verrais juste les fois qu’il travaille pas. En tout cas, c’est comme ça pour Camille. Son père peut pas lui raconter des histoires le soir.

Chez nous, c’est plus simple et j’aime mieux ça.
Une surprise attend cependant Mathilde : elle apprendra qu’elle fait elle-même partie d’une famille recomposée. Dans ce contexte, il est difficile pour le jeune enfant de démêler les relations qui unissent les uns et les autres. Il a en outre besoin d’être rassuré quant à l’amour que lui portent ses parents.

J’ai une moitié de sœur
Ce soir, je suis toute mêlée. Avant le souper, maman a demandé à ma sœur, Valérie, de l’aider. Valérie était pas de bonne humeur et elle s’est fâchée très fort. Elle criait et elle a dit à maman quelque chose de drôle. Elle lui a dit : « T’es même pas ma vraie mère. »

C’est drôle qu’elle ait dit ça à maman pasque c’est pas vrai. Je pensais que maman rirait, mais elle s’est fâchée elle aussi et elle a dit à Valérie : « Va tout de suite te calmer dans ta chambre. »

J’ai demandé à maman pourquoi Valérie avait dit ça. Maman a pris une grande respiation et m’a dit : « Viens t’asseoir à côté de moi, ma chouette. Je vais t’expliquer. » Et là, j’étais plus sûre de vouloir savoir. Maman avait une drôle de voix. Je m’ai quand même assise à côté d’elle.

Elle m’a expliqué que Valérie avait pas été dans son ventre. La vraie maman qui l’a portée dans son ventre est morte à sa naissance à Valérie. Cette dame était mariée avec mon papa. Papa était donc avec une autre maman avant ma maman ! Mais maman a jamais été avec un autre papa ; je lui ai demandé.

Quand Valérie avait 5 ans, papa a rencontré ma maman et ils se sont mariés. Je suis née quand Valérie avait 10 ans. Papa et maman sont mes vrais parents. Papa est le vrai papa de Valérie, mais...
— T’es pas sa vraie maman, alors ? — Non, je suis sa belle-maman.
— Pourquoi belle-maman ?
— C’est comme ça qu’on dit.
— Et si la maman est pas belle ?
— Elle est quand même la belle-maman : on dit aussi belle-mère.
— Moi, je dis toujours que j’ai une belle maman pasque je te trouve très belle. Tu es ma belle maman à moi aussi ?
— Bien sûr que je suis ta maman et tu es gentille de dire que tu me trouves belle.
— Et moi, je suis la belle-sœur de Valérie ?
— Non. Tu es sa demi-sœur et Valérie est ta demi-sœur aussi. Une belle-sœur, c’est... (maman avait pas l’air de savoir, elle cherchait ses mots) la femme de notre frère ou la sœur de notre mari.
— Hein ? Je comprends pas.
— Laisse tomber, tu as compris le plus important.
J’étais toute triste que Valérie ait plus de vraie maman. Peut- être que c’est pour ça qu’elle est pas toujours gentille. Mais... comment on peut être une moitié de sœur ? C’est peut-être comme Mathieu, à la garderie, qui a deux sœurs qui sont pas ses vraies sœurs.

Quand papa est arrivé, maman lui a dit des secrets à l’oreille et il est allé trouver Valérie dans sa chambre. Quand Valérie est revenue dans la cuisine avec papa, elle avait les yeux tout rouges. Elle est allée vers maman (sa belle-maman) et elle s’est excusée. Maman avait les yeux pleins d’eau et elle l’a embrassée.

Je me sentais tout drôle. Je savais pas quoi faire. Alors, j’ai dit à Valérie : « Même si t’es ma sœur juste à moitié, je t’aime comme si tu l’étais toute. » Tout le monde a ri. Pourtant, c’était vrai ce que je disais. C’était pas une blague. Mais ça a eu l’air de rendre tout le monde heureux et papa m’a serrée très fort dans ses bras. Ils peuvent bien rire si c’est pour qu’on soit mieux ensemble.

Et mamie ? Elle est pas la vraie grand-maman de Valérie ? Comment elle doit l’appeler alors ? Belle-mamie ? Demi-mamie ?
Ah ! C’est compliqué une famille.

Francine Ferland

 

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