Le trouble du déficit de l’attention chez l'enfant


© istock

 


Le trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDA/H) est l’un des troubles neuro-développementaux les plus médiatisés des dernières années. Bien qu’il existe depuis déjà plusieurs décennies, sans équivoque, il n’était guère diagnostiqué auparavant, alors qu’actuellement on estime la prévalence du trouble à environ 5 % de la population1. Pourtant, il est encore très mal compris, en général ; dans la croyance populaire, les enfants TDA/H sont nécessairement de petites tornades qui sautent sur les divans en visite, lancent des gommes à effacer en classe et font des crises en plein centre commercial. Or, il existe autant de profils TDA/H qu’il existe... d’enfants TDA/H !

Essentiellement, le TDA/H résulte d’une difficulté ou d’une inaptitude, pour l’individu atteint, à faire abstraction de certains stimuli (ou à les inhiber) et à se contrôler. Le manque d’inhibition peut entraîner une incapacité à demeurer calme (par exemple, cesser de gigoter), à sélectionner des stimuli dans l’environnement (ne prêter attention qu’à ce que dit l’enseignante, en faisant fi du camion qui passe dans la rue), à restreindre ses montées d’émotions (contrôler sa frustration lorsqu’une demande est refusée) ou à maîtriser ses propres pensées (ne pas se laisser distraire par son monde imaginaire ou, encore, ne pas présager que la pire tragédie grecque se joue à tout instant).

Le manque d’inhibition est facilement percevable lorsqu’il conduit l’enfant à avoir continuellement la bougeotte, à s’activer comme s’il était propulsé par un moteur, à parler constamment, à avoir du mal à demeurer calme, à se mettre en colère rapidement ou, bref, lorsqu’il se manifeste par des traits d’hyperactivité et d’impulsivité. Il est également souvent remarqué lorsque l’enfant est très lunatique, dans sa bulle ou dans son monde, semble perdre le fil de ce qu’il fait, a des oublis fréquents et est désorganisé.

La labilité émotionnelle, ou le fait de changer d’humeur rapidement, est quant à elle moins souvent reconnue comme étant un manque d’inhibition. Les parents décrivent souvent leur enfant TDA/H en disant qu’il est extrêmement sensible, qu’il se met souvent à pleurer pour des riens ou encore qu’il faut continuellement marcher sur des œufs avec lui, parce qu’on ne sait jamais comment il va se comporter... Le fait de réagir instinctivement à ses sensations internes (ses émotions) traduit toute- fois aussi une capacité d’autocensure déficiente.

L’inaptitude à se montrer flexible, à s’adapter aux demandes de l’environnement est un autre trait TDA/H. L’inhibition inter- vient en effet lorsque vient le temps de supprimer les comportements automatiques ou appris pour les remplacer par des comportements spécifiques au contexte ; des lacunes sur ce plan entraînent par conséquent des comportements ou des attitudes rigides.

Évidemment, le manque d’inhibition interfère nettement avec les capacités d’attention sélective, partagée et soutenue.
Par exemple, des lacunes sur le plan de l’attention sélective (qui implique de ne traiter que les informations nécessaires au travail en cours et de rejeter l’information non pertinente ou les distracteurs) rendront difficile pour l’enfant de ne porter son attention que sur la liste des effets scolaires qu’il doit glisser dans son sac, inscrite au tableau, en faisant fi des dessins accrochés aux murs, de l’horaire illustré de la journée et des certificats Bravo ! épinglés à proximité. De la même façon, un déficit en ce qui a trait à l’attention partagée (c’est-à-dire la capacité à traiter plusieurs informations simultanément ou à faire plus d’une chose à la fois) signifie que l’enfant est incapable de répartir son attention et l’oriente instinctivement vers une seule source d’information. Par exemple, en classe, il parviendra à écouter soit l’enseignante, soit les amis qui discutent derrière lui. Comme ce choix n’est pas conscient et généralement spontané, inutile de préciser qui, de l’enseignante ou des amis, l’emporte bien souvent... Prendre des notes de cours au moment où les explications sont données est aussi un pari de taille.

Enfin, des faiblesses sur le plan de l’attention soutenue (qui réfère à la capacité de maintenir son attention durant une tâche qui peut être ennuyeuse, répétitive, monotone ou impliquer un temps de latence) entraîneront également leur lot de défis: demeurer attentif aux propos de son interlocuteur, même si la conversation semble peu stimulante, garder à l’esprit que la production de texte demandée en classe doit contenir certains éléments précis, exécuter une série de consignes sans perdre le fil de ce que l’on est en train de faire sont tous de bons exemples de situations qui exigeront une énergie colossale d’un enfant TDA/H.

Ariane Hébert, psychologuee


 

Si cet extrait vous a intéressé,
vous pouvez en lire plus
en cliquant sur l'icône ci-dessous 

 Couverture de livre