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« Personne ne sait combien peut durer une seconde de souffrance. »
Graham Greene
Un traumatisme est un événement qui bouleverse la vie sur les plans psychologique, émotionnel et/ ou affectif, et physique. Sans qu’il y ait toujours des blessures apparentes, le syndrome post-traumatique regroupe l’ensemble des symptômes de la personne qui en souffre. On parle de trouble de stress post-traumatique (TSPT) quand les symptômes se prolongent au-delà d’un mois, sachant que les symptômes peuvent se manifester plusieurs semaines après l’événement traumatisant. Ce syndrome a une durée variable et peut devenir chronique. Les causes en sont extrêmement variées et concernent tous les aspects de la vie. Tout le monde peut être concerné, à tout âge, que l’on soit une victime directe ou indirecte de l’événement, qu’on l’ait vécu ou que l’on ait été témoin sur les lieux mêmes, que l’on côtoie ces victimes ou, tout simplement, que l’on ait eu connaissance de cette situation.
Le trouble de syndrome post-traumatique (TSPT) ou l’état de syndrome post-traumatique (ESPT) est une souffrance qui sera plus ou moins intense selon la personnalité de chacun (la variabilité entre individus est importante), mais, au cours d’une vie, il est peu probable de ne vivre aucune expérience traumatisante. Il traduit une réaction à un événement particulièrement violent (physiquement et/ou psychologiquement) qui fait craindre l’imminence de la mort ou qui atteint l’intégrité psychique et/ou physique, qu’il s’agisse de soi ou d’une personne proche. Cet événement s’accompagne d’une grande terreur, d’un grand sentiment d’impuissance et d’horreur.
On n’a jamais tant entendu l’expression «stress post- traumatique» que durant ces deux dernières années, alors qu’il s’agit d’un trouble qui existe évidemment depuis toujours. S’il est extrêmement pénible à vivre, il possède pourtant une fonction positive dans la mesure où il constitue une protection très efficace, psychologique et neurobiologique. Il provoque en effet une sorte de déconnexion, de dissociation entraînant une forme d’anesthésie psychique. Cette sauvegarde est cependant de courte durée : la souffrance est bien présente, normale au regard des situations vécues.
Les causes du TSTP sont nombreuses. In utero, elles peuvent toucher l’enfant à naître si les parents vivent eux-mêmes une situation traumatique. Toute forme de violence, que l’on en soit la victime ou seulement le témoin (présent ou à distance) peut engendrer un TSPT : de la maltraitance dans l’enfance aux agressions (physiques et psychiques) de toutes sortes en passant par les catastrophes naturelles, les intrusions telles que les vols (se faire voler son autoradio est souvent perçu comme le viol de son intimité), certains deuils (d’enfants en particulier, ou après un suicide), l’annonce d’une maladie incurable, d’un handicap, la guerre, l’exil, le terrorisme, les accidents domestiques ou dans les transports (déraillement, crash d’avion, accident de voiture ou autre), les abus sexuels, la perte de son travail, le harcèlement moral, la débâcle financière, etc. Bref, les raisons d’être traumatisé sont nombreuses, même si le diagnostic de TSPT n’est pas toujours fait, loin s’en faut.
Les symptômes du TSPT sont aujourd’hui bien connus, qu’ils soient conscients ou non, physiques et/ou psychologiques. L’essentiel est justement d’en prendre conscience et les spécialistes (médecins, psychiatres, psychologues et psychothérapeutes) sont souvent les seuls à être capables d’en faire le diagnostic. Pourtant, le déni et la rationalisation («Je m’en remettrai» ou «Ce n’est pas si grave!»), mécanismes de défense tellement fréquents, maintiennent éloigné (consciemment ou non) de ce regard nécessaire sur la réalité, essentiel si l’on ne veut pas, un jour ou l’autre, souffrir du TSPT, très invalidant car il empêche de vivre une vie «normale», sur de nombreux plans. Ce trouble, après l’état de choc (sidération et dissociation) touche la vie quotidienne au point, un jour, de ne plus être en mesure de travailler, de ne plus pouvoir mener une vie familiale et sociale satisfaisante, de tomber en dépression. Lorsque les symptômes de stress aigu se prolongent au-delà de quelques semaines, la personne est en état de TSPT. Il arrive aussi qu’il ne se développe que plusieurs mois après l’événement traumatique : il convient donc d’être vigilant et lucide, d’être aidé et soutenu durant les semaines suivant le traumatisme (lorsque c’est possible, ce qui n’est pas toujours le cas, comme dans les cas de maltraitance infantile ou conjugale). En outre, un traumatisme peut faire ressurgir d’autres événements traumatiques plus anciens, aggravant alors les symptômes.
Fort heureusement, il existe de nombreuses façons de traiter cette souffrance psychique (les traumatismes physiques, lorsqu’il y en a, auront été traités par des médecins). C’est l’affaire des spécialistes de la psyché.
Le TSPT est pris en charge selon trois modalités :
les procédures d’urgence (comme les cellules médico-psychologiques lors d’un attentat ou les urgences psychiatriques), les traitements à moyen et les traitements à long terme. Sachant que certaines sont également confrontées à des démarches juridiques pénibles, des difficultés familiales, professionnelles, etc. Et le TSPT ne permet pas, ou que très difficilement, de faire face sur tous les fronts. Elles doivent aussi, parfois, subir l’incompréhension de l’entourage qui se traduit par des maladresses verbales et/ou comportementales. L’aide psychothérapeutique est une nécessité absolue pour se reconstruire et retrouver tout son potentiel, toute sa sérénité en apprenant à vivre malgré l’événement vécu, si traumatisant a-t-il pu être. Sachant que la « vie d’après » ne sera plus jamais comme la « vie d’avant ».
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