Si les enfants manifestent aujourd’hui davantage de manques de respect, c’est peut-être parce qu’ils sont amenés à vivre plus d’occasions propices à la colère, à l’agressivité et aux déceptions. Ils sont en effet constamment stimulés et même surstimulés. Dans ce contexte, nous manquons souvent de moyens pour prendre le temps de transmettre nos valeurs, dont le respect, et nous préférons ne pas agir.
Pourtant, la clé est dans l’action. Rappelez-vous que si vous investissez le temps et l’amour nécessaires pour bâtir une relation d’attachement significative avec votre enfant tout en affirmant votre autorité avec fermeté, sensibilité et respect, vous vous épargnerez de nombreuses difficultés. Ce lien facilite par ailleurs la résolution des conflits et des difficultés au quotidien. Les parents ont ainsi le devoir et la responsabilité de rester proches de leurs enfants. Un enfant qui se sent important aux yeux de ses parents aura tendance à accorder de l’importance à leurs valeurs. Si un adolescent ne parle plus à ses parents, par exemple, il est de la responsabilité de ces derniers de trouver des façons de se rapprocher de lui et de se « nourrir » mutuellement au sein de cette relation unique.
Comme le font pertinemment remarquer le psycho- logue clinicien Gordon Neufeld et le Dr Gabor Maté : « La relation entre un parent et un enfant est sacrée et mérite le plus grand respect... L’éducation parentale axée sur l’attachement consiste à faire en sorte de ne jamais laisser qui que ce soit ou quoi que ce soit nous séparer de nos enfants, du moins sur le plan psychologique1. » D’autres auteurs proposent même de se « reconnecter » à son enfant dès le réveil en prenant quelques minutes pour se « coller » et lui donner le temps de sortir du sommeil. Ces auteurs proposent aussi de prendre quelques minutes avec son enfant au retour du travail puisque, là encore, parent et enfant ont été « déconnectés ». Cette méthode peut être employée chaque fois qu’un parent est séparé de son enfant pendant de longues heures. Le parent peut raconter à son enfant un fait cocasse sur- venu pendant la journée, faire une blague pour le faire rire ou lui dire qu’il est content de le voir et le serrer dans ses bras.
L’auteure Isabelle Filliozat observe pour sa part que lorsque « les besoins de contact de l’enfant ne sont pas suffisamment remplis, ses circuits cérébraux sont en manque. Crises de rage, de pleurs pour un rien, comportements excessifs sont autant de manifestations de détresse du système nerveux. Échanger des “ je t’aime ”, faire un câlin ou jouer ensemble charge l’organisme en ocytocine, l’hormone du bonheur. L’enfant comme le parent se sentent pleins, heureux, rassasiés2 ». Prenez le temps de ressentir de part et d’autre le fil invisible qui vous rattache à ce que vous avez de plus précieux.
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Les rencontres familiales, des moments à privilégier
Comme plusieurs autres auteurs3, je propose la tenue de réunions familiales pour maintenir les «connexions» et favoriser un fort sentiment d’appartenance à la famille. Ce sont des moments privilégiés pour mettre au programme des activités ou des sorties, exprimer des sentiments et des besoins, partager des préoccupations, trouver des solutions aux problèmes, revoir les objectifs de famille, se donner des défis, etc. Ces rencontres servent également à s’apprécier et à se remercier mutuellement. Je vous invite à instaurer de telles rencontres avec les membres de votre famille. Ces moments privilégiés nous gardent proches les uns des autres ; ils favorisent le respect mutuel et le désir de collaboration et préviennent une foule de frustrations, de conflits et de situations désagréables. Au fil de ces moments de discus-sion, chacun développe le souci de l’autre et le désir d’en prendre soin.
Brigitte Racine
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