Le pouvoir : tout le monde en veut davantage !

Le sentiment de n’avoir aucun pouvoir sur les gens et les événements est difficilement supportable : l’impuissance rend malheureux. Personne ne réclame moins de pouvoir, tout le monde en veut davantage. Dans la société d’aujourd’hui, cependant, il est dangereux de paraître avide de pouvoir, d’afficher ses ambitions. Il faut montrer des dehors impeccable- ment décents et honnêtes. Mieux vaut donc faire preuve d’un certain sens des nuances : se montrer sympathique et liant mais n’en être pas moins habile, voire retors.
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Le sentiment de n’avoir aucun pouvoir sur les gens et les événements est difficilement supportable : l’impuissance rend malheureux. Personne ne réclame moins de pouvoir, tout le monde en veut davantage. Dans la société d’aujourd’hui, cependant, il est dangereux de paraître avide de pouvoir, d’afficher ses ambitions. Il faut montrer des dehors impeccablement décents et honnêtes. Mieux vaut donc faire preuve d’un certain sens des nuances : se montrer sympathique et liant mais n’en être pas moins habile, voire retors.

Cette constante duplicité rappelle tout à fait la dynamique du pouvoir jadis en vigueur à la cour. Tout au long de l’histoire, une cour s’est en effet toujours formée autour du personnage investi du pouvoir : roi, reine, empereur, dictateur... Les courtisans étaient dans une position particulière- ment délicate : il leur fallait bien sûr servir leur maître, mais s’ils paraissaient trop serviles, s’ils cherchaient trop ouvertement à gagner ses faveurs, les autres courtisans ne manquaient pas de le remarquer et de leur mettre des bâtons dans les roues. Par conséquent, les tentatives pour entrer dans les bonnes grâces du souverain devaient être subtiles. Et même les courtisans talentueux capables d’une telle ingéniosité devaient se protéger de leurs pairs qui à tout moment intriguaient pour les évincer.

En même temps, la cour était censée être le comble de la civilisation et du raffinement. On désapprouvait les actions violentes ou la recherche trop ouverte du pouvoir ; les courtisans ourdissaient secrètement contre ceux des leurs qui utilisaient la force. C’était là leur dilemme : tout en étant un parangon d’élégance, chacun devait se montrer plus malin que ses rivaux et contrecarrer leurs projets de la manière la plus voilée. Avec le temps, le courtisan habile apprenait à agir de manière indirecte ; s’il frappait son adversaire dans le dos, c’était avec un gant de velours et le plus charmant sourire. Au lieu d’utiliser la coercition ou la trahison pure et simple, le parfait courtisan traçait son chemin grâce à la séduction et au charme ; il appliquait une tactique consommée de manipulation, planifiant toujours plusieurs coups à l’avance. La vie à la cour était un jeu sans fin qui nécessitait une vigilance constante et de la stratégie : une guerre feutrée.

De nos jours, on se heurte au même étrange paradoxe : tout doit paraître civilisé, décent, démocratique et juste. Mais si on applique ces règles à la lettre, on se fait écraser par plus malin que soi. Pour citer le grand diplomate et courtisan de la Renaissance Nicolas Machiavel : « Celui qui veut en tout et partout se montrer homme de bien ne peut manquer de périr au milieu de tant de méchants. » La cour se voulait le summum du raffine- ment, mais sous ce vernis bouillonnait un infernal chaudron de pulsions brutales : cupidité, envie, luxure, jalousie, haine. Le monde d’aujourd’hui se croit au faîte de la justice et pourtant les mêmes vices immondes sont tapis en chacun de nous, comme autrefois. Le jeu n’a pas changé. Extérieurement, on est censé y mettre les formes, mais à part soi, à moins d’être stupide, il faut apprendre à suivre le conseil de Napoléon : avoir une main de fer dans un gant de velours. Si, comme les courtisans de jadis, vous pratiquez l’art du louvoiement en apprenant à séduire, charmer, manipuler subtilement vos adversaires, vous atteindrez les sommets du pouvoir. Vous serez capable de plier les gens à votre volonté sans qu’ils s’en aperçoivent ; et si d’aventure ils le font, ils céderont et ne vous en voudront même pas.

À entendre certains, le fait de jouer délibérément au jeu du pouvoir – même indirectement – est malfaisant et asocial, c’est une relique du passé. Ceux-là prétendent ne pas se compromettre à ce jeu, comme si le pouvoir ne les concernait en rien. Méfiez-vous d’eux ; car tandis qu’ils professent ouvertement cette opinion, ce sont souvent eux les plus féroces. Ils utilisent des stratégies qui masquent intelligemment leurs manœuvres. Ils font étalage de leur faiblesse et de leur impuissance, comme s’il s’agissait là de vertus. Mais la véritable impuissance, celle qui est dénuée d’arrière-pensée intéressée, ne se vante pas de sa fragilité pour gagner la sympathie ou le respect. Le fait d’exhiber sa faiblesse n’est autre qu’une stratégie particulièrement retorse, efficace et subtile (voir Loi 22, « Capitulez à temps »).

Une autre tactique hypocrite est d’exiger l’égalité de tous en tout : chacun, indépendamment de son statut et de sa force, devrait, paraît-il, être logé à la même enseigne. Or, si pour éviter la souillure du pouvoir on tente d’appliquer ce principe, on se heurte à un problème : certains font mieux certaines choses que d’autres. Traiter tout le monde de manière identique équivaudrait donc à ignorer les différences, à promouvoir les moins doués et à laminer ceux qui sortent du lot. Là encore, beaucoup de ceux qui se conduisent ainsi appliquent en réalité une autre stratégie de pouvoir : récompenser les gens selon des critères que l’on a soi-même définis.

Un autre moyen encore de ne pas s’impliquer dans le jeu est de paraître parfaitement intègre et transparent, puisque ceux qui recherchent le pouvoir se complaisent dans la manipulation et le secret. Mais l’honnêteté absolue blesse inévitablement beaucoup de monde, et attire maintes vengeances. Personne ne jugera votre attitude complètement innocente. Et à juste titre : en vérité, c’est bel et bien une stratégie de pouvoir que de se fabriquer une image noble, généreuse et désintéressée. C’est une forme de persuasion, voire de coercition subtile.

Enfin, ceux qui se disent étrangers aux jeux du pouvoir affectent parfois la candeur. Là encore, soyez vigilant, car une apparente ingénuité peut n’être qu’une manipulation parmi d’autres (voir Loi 21, « À sot, sot et demi »). Même la naïveté authentique n’est pas nécessairement innocente. Les enfants peuvent être naïfs de bien des manières mais ils cherchent souvent, d’instinct, à prendre le contrôle de leur entourage. Les enfants souffrent de leur sentiment d’impuissance face aux adultes et ils utilisent les moyens à leur portée pour se faire une place. Les vrais innocents ont comme tout le monde besoin de pouvoir, et ils sont souvent d’une efficacité d’autant plus redoutable à ce jeu que leur stratégie n’est pas calculée. Une fois encore, ceux qui font étalage d’innocence sont parfois les moins innocents de tous.

On reconnaît ceux qui se prétendent au-dessus de la mêlée à leur façon d’afficher leur vertu, leur piété, leur sens profond de la justice. Mais nous sommes tous avides de pouvoir, la plupart de nos actions sont orientées en ce sens, et ces gens-là ne font que jeter de la poudre aux yeux ; ils cachent leurs ambitions sous les oripeaux d’une prétendue supériorité morale. Si vous les observez attentivement, vous constaterez que ce sont souvent les plus habiles à la manipulation indirecte, même si certains la pratiquent inconsciemment. D’ailleurs, ils poussent de hauts cris lorsque les tactiques qu’ils utilisent quotidiennement sont dévoilées au grand jour.

Le monde est une immense cour où se trament toutes sortes d’intrigues : c’est ainsi, nous sommes piégés dedans, donc rien ne sert de vouloir rester en marge. Cela ne fera que vous rendre impuissant, et l’impuissance vous rendra malheureux. Au lieu de nier l’évidence, au lieu de vous trouver des excuses, de vous plaindre et de vous culpabiliser, tâchez d’exceller dans la course au pouvoir. En fait, meilleur on est dans ce domaine, meilleur on est en tant qu’ami, amant, époux et homme, tout simplement. En suivant la voie du parfait courtisan (voir Loi 24, « Soyez un courtisan modèle »), vous apprendrez à renvoyer aux autres une plus flatteuse image d’eux- mêmes, vous deviendrez pour eux une source de plaisir. Ils auront besoin de vous, ils rechercheront votre présence. Si vous parvenez à maîtriser les quarante-huit lois illustrées dans ce livre, vous leur épargnerez la souffrance qu’inflige un pouvoir mal géré, car ce mal guette ceux qui jouent avec le feu sans savoir qu’il brûle. La recherche du pouvoir étant inévitable, mieux vaut y être brillant que nul.

Pour exceller au jeu du pouvoir, il faut acquérir une certaine vision du monde, changer de perspective. Cela ne vient pas en un jour, et demande des efforts. Quelques techniques de base sont indispensables ; une fois maîtrisées, elles facilitent considérablement l’application des lois.

La plus importante de ces techniques – elle est en vérité incontournable – est la capacité de maîtriser ses émotions. Une réaction épidermique aux événements de la vie est tout bonnement rédhibitoire : c’est une erreur qui fait payer très cher le soulagement éphémère d’avoir pu exprimer ses sentiments. Les émotions obscurcissent la raison ; elles empêchent de juger la situation clairement, donc d’y remédier et de la maîtriser.

La colère est la plus destructive des réactions affectives, car c’est celle qui brouille le plus le jugement. Elle induit une réaction en chaîne qui vous fait perdre pied et affermit la détermination de votre ennemi. Pour détruire un adversaire qui vous a blessé, faites plutôt en sorte qu’il ne soit pas sur ses gardes ; feignez la camaraderie au lieu de vous irriter.

L’amour et l’affection sincères sont eux aussi potentiellement destrteurs, en ce qu’ils vous aveuglent sur les intérêts personnels de ceux que vous soupçonnez le moins de se battre pour le pouvoir. La colère ou l’amour ne se répriment pas, ne se renient pas, mais il faut s’appliquer à ne pas en être le jouet, être attentif à la manière dont on les exprime et, surtout, bâtir projets et stratégie sans en tenir le moindre compte.

Toujours dans le domaine affectif, il faut apprendre à se distancier de l’instant présent et à envisager objectivement le passé et l’avenir. Tel Janus, le dieu romain à deux visages gardien de toutes les portes, regardez dans les deux directions à la fois pour mieux appréhender le danger, d’où qu’il vienne. C’est ainsi que vous devrez vous façonner : une face tournée vers l’avenir, et l’autre vers le passé.

En ce qui concerne l’avenir, ne baissez jamais votre garde. Rien ne doit vous prendre au dépourvu : imaginez constamment les problèmes avant qu’ils ne surgissent. Au lieu de passer votre temps à rêver à l’heureux dénouement de votre projet, envisagez tous les changements possibles, toutes les catastrophes susceptibles de survenir. Plus loin vous regardez, mieux vous saurez prévoir les futures étapes de votre plan avec une longueur d’avance, plus vous deviendrez puissant.

Quant à l’autre face de Janus, si elle est tournée vers le passé ce n’est ni pour rouvrir d’anciennes plaies ni pour ruminer de vieilles rancœurs. Cela ne ferait qu’émousser votre pouvoir. Il est en effet essentiel d’apprendre à oblitérer les mauvais souvenirs qui vous rongent et qui troublent votre juge- ment. Le véritable objectif de ce regard en arrière est de tirer des leçons : étudiez le passé pour apprendre de ceux qui vous ont précédé. Cet ouvrage cite de nombreux exemples historiques qui vous aideront beaucoup dans cette démarche. Ensuite, à la lumière de l’histoire, vous évaluerez vos actions et celles de vos amis. C’est là la meilleure école, parce qu’elle se fonde sur l’expérience personnelle.

Commencez par examiner les erreurs que vous avez commises, surtout celles qui vous ont le plus profondément affecté. Passez-les au crible des quarante-huit lois du pouvoir, tirez-en la conclusion et prenez la résolution suivante : « Je ne referai plus jamais telle erreur ; je ne retomberai plus jamais dans tel piège. » Si vous êtes capable de mener à bien cette autoévaluation, vous apprendrez à sortir de vos propres ornières, ce qui est un talent inestimable.

Le pouvoir exige de jouer sur les apparences. À cette fin, vous devrez apprendre à revêtir différents masques, à avoir plus d’un tour dans votre sac. Ne croyez pas que vous vous abaissez en pratiquant la manipulation et en jouant la comédie : la vie est une comédie. Ce qui distingue l’homme des animaux, c’est, jusqu’à un certain point, sa capacité à mentir et à manipuler. Dans les mythes grecs, dans le cycle indien du Mahâbhârata, dans l’épopée mésopotamienne de Gilgamesh, c’est le privilège des dieux que d’utiliser l’art de la tromperie ; le grand Ulysse, par exemple, fut jugé à l’aune de sa capacité à rivaliser d’astuce avec les dieux : il déroba une partie de leurs pouvoirs en les battant à leur propre jeu, fondé sur la ruse et la duplicité. La ruse est un art raffiné issu de la civilisation même, et l’arme la plus puissante dans le jeu du pouvoir.

On ne peut s’en servir avec succès sans prendre des distances avec soi- même, sans incarner différents personnages en portant le masque idoine selon le jour et le moment. Devenez un caméléon : vous perdrez cette lourdeur qui tire les gens vers le bas. Faites-vous l’acteur de votre propre rôle, travaillez à masquer vos intentions, attirez les gens dans des pièges, montez des mises en scène : cela fait partie des plaisirs de l’esthète et, en plus, cela conduit tout droit au pouvoir.
Si la manipulation est l’arme offensive la plus efficace de votre arsenal, la patience est la meilleure défense : elle fait éviter les bévues. Comme le sang-froid, elle s’acquiert : ce n’est pas un talent naturel – mais rien de ce qui touche au pouvoir n’est naturel, le pouvoir est d’essence plus divine que quoi que ce soit d’autre au monde. La patience est la vertu des dieux, car ils ont l’éternité devant eux. Elle permet de faire des merveilles ; quand on met le temps de son côté, on arrive même à faire repousser l’herbe, à condition de voir loin. L’impatience, en revanche, affaiblit ; c’est un obstacle majeur sur le chemin du pouvoir.

Le pouvoir est amoral par nature ; pour l’acquérir, il faut évaluer les circonstances pour elles-mêmes et non d’un point de vue éthique. La quête du pouvoir est un jeu – on ne le répétera jamais assez –, et au jeu on ne juge pas l’adversaire à ses intentions mais à la portée de ses actes. On évalue sa stratégie et son pouvoir à leurs preuves visibles et tangibles. Combien de fois les meilleures intentions du monde ne sont-elles mises en avant que pour masquer une turpitude ! A contrario, à quoi bon agir par philanthropie et désir de rendre service si cela conduit à la catastrophe ? Les gens, fussent- ils de bonne foi, exhibent d’instinct les motivations les plus touchantes pour chacune de leurs actions. Apprenez à rire intérieurement chaque fois que vous les entendez protester de leurs louables intentions. Les étalages de bonnes intentions les plus émouvants ne sont que prétexte à l’accumulation du pouvoir.

Voilà, c’est un jeu. Votre adversaire est assis en face de vous. Vous vous comportez tous les deux comme des gens du monde, vous respectez les règles, vous ne prenez jamais la mouche. Vous appliquez une stratégie et observez les coups de votre adversaire avec tout le calme et le détachement dont vous êtes capable. En fin de compte, vous apprécierez sa politesse et serez indifférent à ses motivations les plus retorses. Entraînez-vous à suivre d’un œil d’aigle les résultats de ses mouvements, restez attentif aux éventuels changements sur l’échiquier et ne vous laissez pas distraire par quoi que ce soit d’autre.

La moitié de la maîtrise du pouvoir provient de ce qu’on ne fait pas, de ce qu’on ne se permet pas. Pour cela, vous devez apprendre à évaluer toute chose d’après ce qu’elle vous coûte. Comme l’a écrit Nietzsche : « Tout ce qui a quelque valeur dans le monde actuel n’en a pas par soi-même, selon sa nature – la nature est toujours sans valeur. On lui a une fois donné et attribué une valeur, et c’est nous qui avons été les donateurs, les attributeurs. » Peut-être atteindrez-vous votre but, et un but louable, mais à quel prix ? Appliquez partout cette norme, notamment pour décider si vous allez collaborer avec quelqu’un ou lui rendre service. En définitive, la vie est courte, certaines occasions ne se présentent pas tous les jours et vous avez un capital limité d’énergie à dépenser. Votre temps, notamment, n’est pas extensible. Ne gaspillez jamais un temps précieux, ne vous tourmentez pas pour le compte des autres, ce serait trop cher le payer.

L’arène du pouvoir est la société. Pour le conquérir et le garder, il vous faudra développer votre capacité à comprendre les autres. Comme l’a écrit le grand penseur et courtisan du XVIIe siècle Baltasar Gracián : « Il y a bien de la différence entre entendre les choses et connaître les personnes ; et c’est une fine philosophie que de discerner les esprits et les humeurs des hommes. Il est aussi nécessaire de les étudier que d’étudier les livres. » Pour devenir le maître du jeu, il faudra vous montrer fin psychologue. Vous devrez discerner les motivations de vos partenaires à travers le nuage de fumée derrière lequel ils camouflent leurs actions. L’intelligence de leurs motivations cachées sera votre carte maîtresse au jeu du pouvoir. Elle vous ouvrira des possibilités illimitées de manipulation, de séduction et de tromperie.

L’homme est d’une complexité infinie, et l’on peut passer sa vie à l’observer sans jamais le comprendre tout à fait. Alors ne perdez pas de temps. Gardez un principe en tête : ne pas faire de différence entre ceux qu’on a à l’œil et ceux auxquels on se fie. Ne faites jamais aveuglément confiance à quiconque et restez vigilant avec tout le monde, même avec ceux auxquels vous lient amour ou amitié.

Enfin, suivez votre bonhomme de chemin vers le pouvoir par des voies détournées. Comme la boule de billard qui rebondit plusieurs fois avant de percuter son objectif, vos mouvements devront être prévus et exécutés de la manière la moins évidente possible. Si vous êtes rompu à tirer toujours dans les coins, vous ferez des prodiges à la cour : tout en passant pour un parangon de bonne éducation, vous mettrez tout le monde dans votre poche... et votre mouchoir par-dessus.
Les 48 Lois du pouvoir se présentent comme une sorte de manuel de l’art de biaiser, fondé sur les écrits de personnages qui ont étudié le jeu du pouvoir jusqu’à en devenir les maîtres. Leurs ouvrages couvrent une période de plus de trois mille ans, de l’Antiquité chinoise au XXe siècle en passant par la Renaissance italienne. Vous y relèverez des tendances générales et des thèmes communs : tous s’attachent à cerner l’essence du pouvoir, que nul n’a encore définie de façon exhaustive. Les 48 Lois du pouvoir ont recueilli la quintessence de cette sagesse millénaire, extraite des travaux des plus illustres stratèges (Sun Zi, Clausewitz), hommes d’État (Bismarck, Talleyrand), courtisans (Castiglione, Gracián), séducteurs (Ninon de Lenclos, Casanova) et escrocs (« Yellow Kid » Weil) de l’histoire.

Ces lois ont un principe simple : certains comportements renforcent presque toujours le pouvoir (respect de la loi), tandis que d’autres l’affaiblissent ou le réduisent à néant (violation de la loi). Ces principes sont illustrés par des exemples historiques. Les lois ont une valeur immuable et absolue. Les 48 Lois du pouvoir autorisent différentes lectures. Si vous lisez le livre in extenso en commençant par le début, vous y découvrirez un panorama général du pouvoir. Certaines lois ne vous sembleront pas concerner directement votre situation personnelle, pourtant vous finirez probablement par trouver que toutes sont applicables et, de fait, liées entre elles. Une telle vue générale vous donnera les moyens de mieux évaluer vos actions passées et de mieux maîtriser vos affaires en cours. Cette approche suscitera en vous une réflexion dont le retentissement aura sur votre vie un effet durable. Mais l’ouvrage a aussi été conçu pour permettre au lecteur d’y piocher çà et là tel ou tel point précis, selon les circonstances. Vous connaissez une négociation difficile avec votre patron, par exemple, et vous ne comprenez pas pourquoi vos efforts ne vous valent pas plus de gratitude, donc une promotion. Plusieurs lois concernent les relations avec un supérieur ; dans ce cas, il est à peu près certain que vous en enfreignez une. En parcourant dans le sommaire la présentation de chaque loi, vous pourrez identifier celle qui vous concerne.

Enfin, ce livre peut être parcouru pour le plaisir, comme une agréable promenade à travers les petites manies et les grands exploits de nos prédécesseurs. Un avertissement, cependant, à ceux qui pourraient choisir cette approche : on n’attrape pas un serpent par la queue juste « pour voir ». Le pouvoir est un miroir aux alouettes doté de propriétés hypnotiques. C’est un labyrinthe dans lequel on se perd avec une complaisance qui tourne bientôt à l’ivresse. En d’autres termes, plus on le prend au sérieux, plus cela devient amusant. N’approchez pas en dilettante un sujet aussi grave. Les dieux du pouvoir regardent d’un mauvais œil la frivolité ; ils ne comblent que leurs étudiants zélés, et châtient ceux qui croient pouvoir se contenter de passer impunément un moment agréable.

 

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Grand amoureux d’histoire, de littérature et de la France en particulier, Robert Greene parle plusieurs langues couramment (dont le français). Diplômé de Berkeley, Californie, en lettres classiques, il est l’auteur de nombreux best-sellers.