L’arrivée d’un bébé dans la famille recomposée

Comme de plus en plus de couples recomposés donnent naissance à des enfants, on peut penser que nous comprendrons davantage les impacts globaux de cet événement sur les membres de la famille d’ici quelques années. Au Canada, plus d’un parent de famille recomposée sur sept affirme qu’il aimerait avoir un autre enfant un jour. Cela s’explique entre autres par l’âge médian auquel les hommes et les femmes recomposent un univers familial, soit respectivement 36 et 33 ans, une période où le taux de fécondité est parmi les plus élevés.


Comme de plus en plus de couples recomposés donnent naissance à des enfants, on peut penser que nous comprendrons davantage les impacts globaux de cet événement sur les membres de la famille d’ici quelques années. Au Canada, plus d’un parent de famille recomposée sur sept affirme qu’il aimerait avoir un autre enfant un jour. Cela s’explique entre autres par l’âge médian auquel les hommes et les femmes recomposent un univers familial, soit respectivement 36 et 33 ans, une période où le taux de fécondité est parmi les plus élevés.

La décision d’avoir un enfant est davantage influencée par la qualité des liens d’attachement entre les membres de la famille que par le fait que la famille soit recomposée ou non. Toutefois, ce choix impose aux conjoints une série d’ajustements. La décision d’avoir ou de ne pas avoir un enfant dans leur nouvelle union dépend souvent de la présence des autres enfants, qui la freine ou la retarde.

L’arrivée d’un bébé dans la famille recomposée risque d’influencer la relation entre les enfants issus d’unions précédentes et leur beau-parent. Les conséquences sont différentes selon le sexe du beau-parent. Les hommes vivant avec leur nouvel enfant biologique et l’enfant de leur conjointe démontrent un niveau élevé de satisfac- tion conjugale et des sentiments positifs à l’égard de leur bel-enfant. Bien qu’heureuses sur le plan conjugal, les femmes dans la même situation semblent plus distantes à l’égard de l’enfant de leur conjoint que celles qui vivent avec l’enfant de leur conjoint, mais qui n’ont pas d’enfant biologique avec celui-ci. Ambert émet l’hypothèse que, lorsqu’une femme vit avec l’enfant de son conjoint et le sien issu d’une union précédente, ces deux enfants ont la même signification pour elle : le passé. Quant au nouvel enfant, il représente le présent. Or, il est plus facile pour la femme de distinguer ses rôles de mère et de belle-mère si les deux enfants proviennent d’unions précédentes.

L’arrivée d’un bébé a aussi une conséquence différente dans la relation entre la belle-mère et son bel-enfant lorsque ce dernier n’habite pas dans la famille. La naissance influencerait alors positivement l’attitude de la belle-mère quant aux visites du bel-enfant, peut-être parce qu’elle se sent davantage l’alliée de son conjoint et, par conséquent, moins menacée par la présence de ce « grand » enfant.

Au-delà de la relation entre l’enfant et le beau-parent, l’arrivée d’un nouveau bébé transforme également l’ensemble de la cellule familiale. Cette naissance peut devenir un point de référence et avoir un pouvoir unificateur en tant que centre affectif commun pour tous les membres de la famille. Elle confirme alors aux enfants la réalité de la famille recomposée et la volonté des conjoints de demeurer ensemble. Pour Cadolle (qui utilise le terme demi-frère, mais inclut aussi les demi-sœurs), « la naissance du demi-frère contribue à cimenter la famille et à améliorer la relation avec le beau-parent en lui donnant la place de parent du frère ou de la sœur. [...] Faire rencontrer ses demi-frères des deux côtés permet à l’enfant de créer des liens entre les deux moitiés de son réseau familial et de restaurer en partie l’unité perdue lors de la séparation de ses parents. Ces liens généalogiques sont perçus comme rassurants, car inconditionnels et permanents par rapport à la fragilité des liens d’alliance qui ne sont qu’optionnels et ressentis comme temporaires ».

> Une animatrice de télévision raconte
Parlant de sa situation familiale au cours d’une émission de télé- vision qu’elle animait, une femme racontait que les premières années de sa recomposition avaient été assez difficiles en raison des conflits avec les ex-conjoints respectifs et des réactions des enfants, qui avaient peur de perdre leur place au sein de la nouvelle union. La naissance d’un enfant par la suite avait cependant eu une répercussion très positive sur les relations familiales, comme en témoignait le texte lu par les filles du couple lors du baptême du nouveau-né: « Si ton nom est un peu long, c’est que de notre famille tu es le trait d’union ! » L’animatrice confiait aussi au public qu’à l’arrivée du nouvel enfant, « tout le monde s’est mis à croire à notre projet, tout est devenu plus facile, autant entre les filles qu’avec l’ex de mon chum ».

Mais attention, pour que le ciment prenne, tous les ingrédients doivent y être! La naissance d’un enfant issu du couple recomposé ne consolide que des liens familiaux en bonne voie de l’être.

> Jean-François
Lorsque Jean-François, déjà père de quatre enfants, s’est remis en couple avec Catherine, son plus jeune fils âgé de 9 ans les a bien « avertis » qu’il ne voulait pas qu’ils aient un enfant ensemble. Il était le bébé de la famille et il voulait le rester !

En effet, l’arrivée d’un nouveau-né peut aussi être perçue comme une menace par les autres enfants, surtout le plus jeune. Selon certains chercheurs, le cadet réagit négativement au fait de devoir « partager » son parent avec un nouvel enfant. Il perd sa place de « bébé de la famille ». Pour les plus vieux, cette naissance s’ajoute à une série d’ajustements. Selon d’autres chercheurs, ce sont les enfants qui détenaient un statut privilégié dans l’entité familiale biologique qui sont davantage en conflit...

 

Marie-Christine Saint-Jacques
et Claudine Parent

 

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La famille recomposée