La Voie de l’imaginaire est une approche multidisciplinaire en art-thérapie, centrée sur un processus qui m’a d’abord été inspiré par ma propre expérience de guérison par l’art, puis que j’ai développé au cours de mes années de pratique privée, tant en séances individuelles qu’en interventions de groupe. Mes études à l’Institut de formation professionnelle en psychothérapie par l’art m’ont permis de vérifier certaines de mes découvertes et de perfectionner cette approche originale.
UNE APPROCHE MULTIDISCIPLINAIRE CENTRÉE SUR LE PROCESSUS
Cette forme particulière de l’art-thérapie s’inscrit dans le champ des approches centrées sur le processus et s’inspire à la fois de la psychologie des profondeurs, de la conception jungienne de l’in- conscient et des principes de la Gestalt-thérapie. Toutes les formes de l’imaginaire, comme les rêves, l’imagerie mentale, les contes de fées, l’expression artistique ou dramatique ainsi que ce que nous dit le corps à travers la métaphore de la maladie, y sont utilisées au rythme des besoins particuliers de chaque personne et de ce qui a besoin d’être exprimé. Suivre la Voie de l’imaginaire, c’est s’engager dans une grande chasse au trésor et se laisser porter d’une image à l’autre jusqu’au centre de soi, en explorant divers moyens d’expression.
UNE MÉDECINE DE L’ÂME
Même si cet ouvrage propose un certain nombre d’exercices, il n’est pas à proprement parler un manuel pratique d’art-thérapie. Il vise plutôt à susciter une réflexion de fond sur la manière d’aborder et d’apprivoiser le pouvoir guérisseur de l’art, de l’imaginaire et du corps dans nos vies. J’y présente l’art-thérapie comme une médecine de l’âme, une voie naturelle de guérison psychospirituelle, qui favorise l’autonomie et la prise en charge des gens par eux-mêmes. Jour après jour, mon expérience professionnelle et personnelle renforce ma conviction que l’âme nous révèle ses blessures les plus profondes et, en même temps, nous livre ses secrets d’autoguérison par le langage de l’imaginaire.
Certains événements de la vie nous ébranlent profondément et nous entraînent dans les méandres noirs de l’âme. La maladie, la perte d’un être cher ou d’un emploi, un accident ou une transition de vie difficile peuvent chambouler toute la vie. Le plancher semble alors se dérober sous nos pieds, l’édifice de nos croyances s’écroule, la réalité de notre mortalité et, comme le dit si bien Kundera, « l’insoutenable légèreté de l’être » nous frappent en plein visage. Thomas Moore, dans Le soin de l’âme2, nous rappelle que ces épisodes de dépression sont des étapes initiatiques normales, qui reflètent notre manque d’audace, notre incapacité de vivre pleinement l’instant présent. Ils nous demandent de faire face à notre pouvoir intérieur de transformation et nous donnent l’occasion de nous libérer de la tyrannie du mental. Car au cœur de la crise réside un appel criant à la vie et une invitation à oser exprimer ce qui veut être dit.
Quelque chose au plus profond de la nuit de l’âme connaît le chemin de la libération et nous l’indique, pas à pas, à travers les images de nos rêves, de la mythologie, de nos productions artis- tiques et du corps. L’exploration de différents moyens d’expression, comme le dessin, la peinture, le collage, le modelage, le mouvement, l’art dramatique ou les jeux de voix, permet un con- tact direct avec notre sagesse intérieure. L’expérience de création et la symbolique de nos images intimes nourrit une transformation dans la profondeur de l’âme et lui fait écho.
UNE APPROCHE LUDIQUE ACCESSIBLE À TOUS
La Voie de l’imaginaire propose une expérience ludique de créa- tion accessible à tous. Puisqu’on s’intéresse davantage au processus créatif vécu ici et maintenant qu’au produit artistique final et à son résultat «esthétique», il n’est pas nécessaire d’avoir du talent ou de savoir dessiner pour s’engager sur la Voie de l’imaginaire. Il suffit d’apprendre à faire confiance à cette énergie naturelle de créativité qui nous anime tous à chaque instant.
La créativité, c’est cette force mystérieuse qui gère les transformations incessantes de chacune de nos cellules. C’est un don universel qui n’a rien à voir avec le talent artistique et qui nous permet d’appréhender la réalité différemment, de la réorganiser d’une manière qui sert mieux la vie. Bien entendu, la créativité peut s’exprimer dans tous les secteurs de la vie, au travail, dans nos relations personnelles, à la cuisine, au jardin ou même dans un laboratoire. Mais l’expression artistique constitue le moyen le plus direct de renouer avec cette extraordinaire capacité de transformer les choses, car tout y est possible.
Tous les enfants du monde dessinent, dansent, chantent spontanément sans pour autant créer des chefs-d’œuvre. Ils apprennent ainsi, à travers le jeu et le plaisir de la création, à faire face aux enjeux de la vie. Malheureusement, bien des adultes ont perdu la foi dans la magie de l’existence et, avec elle, leur pouvoir de transformation. Ils s’enferment donc dans la souf- france et dans la peur de vivre.
L’exploration ludique en art visuel, en musique, en danse ou en art dramatique, est un moyen naturel et accessible à tous de se libérer du poids des non-dits et de permettre à la conscience d’éclairer son existence à nouveau. En exprimant ce que l’on ne saurait dire autrement et en osant retrouver la spontanéité de l’enfant, on stimule les processus naturels de guérison et on remet sa vie en mouvement.
UN PONT ENTRE L’OMBRE ET LA LUMIÈRE
On ne peut éviter les traumatismes psychologiques liés aux différentes épreuves de la vie. On ne peut passer par-dessus les étapes normales de la dépression, de la même façon que l’on ne peut tirer sur la tige d’une plante pour qu’elle pousse plus vite. Cependant, on peut décider de prendre soin de son âme et stimuler l’émergence de nouvelles manières de relever les défis de la vie en participant activement au cycle de la créativité et, sur- tout, en honorant le pouvoir de son imaginaire. À l’image de Perséphone3, qui maintient le fragile équilibre de la vie des hommes en partageant son temps entre le monde souterrain d’Hadès et le monde lumineux de Déméter, chacun de nous a le devoir de préserver son dialogue avec le monde mystérieux de l’inconscient. L’art, l’imaginaire et le corps permettent de créer ce pont essentiel entre le conscient et l’inconscient, entre l’ombre et la lumière.
Alexandra Duchastel
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