LA SEXUALITÉ AU CŒUR DES DIFFICULTÉS DU COUPLE

 Le regard que nous portons en général sur la vie en couple est souvent contrasté, parfois franchement négatif. Les difficultés que nous observons chez les couples d’amis, dans la famille et sur notre propre vie de couple montrent toute la difficulté à vivre sereinement en couple de façon durable. Les statistiques actuelles confirment que plus de la moitié des mariages se terminent par un divorce et que la plupart de ceux qui résistent restent ensemble pour le pire plus que pour le meilleur. Rares sont ceux qui ont su garder une grande complicité et suffisamment de désir pour que les deux partenaires soient satisfaits. L’expression  Ils se marièrent, eurent beaucoup d’enfants et vécurent heureux ! » est un mythe bien fragile dans le réel. Et pourtant, celui-ci continue à alimenter les fantasmes de beaucoup de gens et à être le moteur des rencontres amoureuses.

 

Le regard que nous portons en général sur la vie en couple est souvent contrasté, parfois franchement négatif. Les difficultés que nous observons chez les couples d’amis, dans la famille et sur notre propre vie de couple montrent toute la difficulté à vivre sereinement en couple de façon durable.
Les statistiques actuelles confirment que plus de la moitié des mariages se terminent par un divorce et que la plupart de ceux qui résistent restent ensemble pour le pire plus que pour le meilleur. Rares sont ceux qui ont su garder une grande complicité et suffisamment de désir pour que les deux partenaires soient satisfaits. L’expression  Ils se marièrent, eurent beaucoup d’enfants et vécurent heureux ! » est un mythe bien fragile dans le réel. Et pourtant, celui-ci continue à alimenter les fantasmes de beaucoup de gens et à être le moteur des rencontres amoureuses.

L’expression de ces difficultés s’exprime dans le quotidien et la sexualité. On entend de nombreuses récriminations du type :
— Mon partenaire n’est pas disponible. Je ne me sens pas aimé(e). Quand il ou elle rentre du travail, il, elle ne me regarde pas. Il, elle ne me porte aucune attention.
— Il est distant. Elle est agressive. Il ne me manifeste aucune tendresse. Seule l’envie de me faire l’amour l’intéresse.
— Elle n’est jamais disponible pour faire l’amour.
— Je suis seule pour élever les enfants. Il ne prend pas sa place de père.
— Il n’aime pas que l’on se retrouve seuls, sans les enfants ou la famille.
— Il me fait peur. Je n’aime pas son odeur. Il m’impose sa sexualité.
— Quand je monte dans la chambre, j’angoisse à l’idée qu’il va vouloir me baiser.
— Elle n’a aucun intérêt pour la sexualité. — Il est obsédé par l’idée de m’enculer.
— Le soir, il s’installe devant la télé. Il ne porte aucun intérêt à la maison. Son boulot le prend totalement. Je n’existe pas, je suis transparente.
— Pas moyen de faire une sieste crapuleuse de temps en temps. Les enfants la bouffent totalement.
— Il n’est pas capable de se remettre en cause. Moi, j’avance toute seule.

D’autres paroles en vrac :
— Pas moyen de le faire bouger... Je ne le supporte plus... Je ne la désire plus... J’ai besoin d’une autre femme... Je me sens disponible pour une vraie rencontre où le cœur sera au centre de la relation... Il faut que je parte, mais je ne trouve pas la force. Je reste pour les enfants... C’est pas une vie que l’on mène, on ne se supporte plus... C’est une enfant gâtée, elle est comme sa mère... Je le trouve faible.... Elle baigne dans le mensonge... Il ne me respecte pas... Elle ne m’aime pas, sinon elle aurait du désir... Il me saute comme un lapin... Elle est toujours froide... Il ne prend pas du temps pour me donner envie... Ce n’est pas un homme... Je n’ose pas le quitter...

Ces quelques expressions, parmi tant d’autres, s’expriment dans les face-à-face du couple. Vous vous sentez sûrement concernés. Il serait surprenant qu’une ou plusieurs de ces phrases ne parlent pas de moments présents ou passés de votre vie, si ce n’est dans la vie de vos parents.
La bataille est parfois frontale. On reproche à l’autre ses insuffisances, celles de ne pas correspondre à ce que l’on attend. Le TU accusateur est dominant. Après les phases de combat, qui s’expriment dans les crises, les partenaires renoncent souvent. Le désir n’est plus là. La vie est devenue morose. Les amants du début sont devenus un couple de parents. Ils partagent une maison et des biens communs. Des enjeux sociaux, familiaux et économiques main6ennent un semblant de ciment. Certains couples ont dépassé la crise. Un des partenaires a pris le pouvoir. D’autres s’enlisent dans les peurs de solitude. Ils n’ont pas confiance dans leur capacité à faire une nouvelle rencontre. Ils préfèrent s’accrocher à leur monde de frustra6on plutôt que de prendre le risque d’affronter la solitude ou la nouveauté. Le couple est réducteur de leurs propres aspirations profondes. En réduisant son propre espace de liberté, chacun impose à l’autre les mêmes restrictions. À moins que l’un ou l’autre trouve, en dehors de l’espace réducteur du couple, d’autres nourritures pour pigmenter sa vie. Mais parfois, un des partenaires se rebelle et le drame arrive.

Je vois cette femme, Henriete, qui a rencontré autrefois Régis comme un sauveur. Il allait la sortir de sa solitude. Elle avait tellement peur de rester vieille fille.
« Il voulait bien de moi. Je me suis accrochée à lui. »

Elle était douce, tendre et docile. Lui aussi avait besoin d’une femme. Elle s’est installée dans le rôle de la bonne mère de famille. Il travaillait et apportait l’argent. Elle s’occupait des enfants et de la maison. Elle le soulageait régulièrement de sa charge sexuelle. Le plaisir, ce n’était pas pour elle. Mais avec le temps, elle prend conscience de sa propre frustration. Elle lit des livres, fait des stages. Elle commence à dire non et à exprimer ses propres désirs. Pour lui, si sûr de lui, c’est insupportable. Il veut lui imposer son pouvoir. Pourquoi bouleverser ce qui allait si bien ? Leur famille est une réussite. Les enfants devenus adultes viennent les voir régulièrement avec les petits-enfants. Ils se sentent reconnus dans leurs rôles respectifs de parents et de grands-parents.

Ne comprenant pas ce qui lui arrive, il exprime verbalement sa violence. Elle se ferme de plus en plus. La relation repose alors sur le minimum familial. Un énorme ressen6ment les consume. Ils font chambre à part. Elle continue sa route toute seule. Mais elle se sent seule. Elle n’a pas de désir pour l’homme en général. La sexualité lui fait peur. Elle voudrait vivre seule. Mais elle a peur de la solitude. Ils ont de l’argent ensemble. Se séparer ne serait pas bon pour les enfants. Il se trouve trop âgé pour espérer refaire sa vie. Elle assure le quotidien, les repas, les lessives, le ménage. Il bricole et assure l’entre6en de la maison et du jardin. Peu à peu, il déprime. Elle est frustrée mais compense par des ren contres avec ses copines, des voyages. Elle se réfugie également dans le chocolat, lui dans l’alcool mondain. Elle a beaucoup de centres d’intérêt. Elle s’adapte mieux aux compromis du couple. Elle semble plus épanouie. Pendant longtemps, elle s’était dit qu’elle partirait quand les enfants seraient grands. Elle est restée. La sexualité ne lui manque pas.

Ce couple représente beaucoup de couples du siècle dernier. Autour de ce schéma, de nombreuses variantes existent. L’homme ou la femme s’épanouissent dans des activités parallèles. Ils apprennent à vivre leur frustra6on en donnant du sens et de l’engagement à leur vie. Dans d’autres couples, la femme devient agressive et vindicative. L’homme se réfugie dans le travail, le sport ou au café, etc.. La femme devient plus mère que femme. La violence est diffuse, explosive et ingérable. On se jette constamment à la figure des « tu m’as pourri la vie, tu es nul, incapable, tu es mauvaise, tu n’es pas une femme, tu n’es pas présent... »

Les couples plus jeunes sont-ils à l’abri de ce type de situation ?
Je rencontre aussi ces jeunes couples qui se veulent plus modernes, cul6vés, mais qui n’arrivent pas pour autant à construire une rela6on épanouie. Ils se séparent plus facilement. Ils refont de nombreuses tentatives. Certains résistent et s’adaptent plus facilement au gré de crises plus ou moins violentes. Pourtant, la rela6on démarre, le plus souvent, sur un choc amoureux, où la vie chavire, faisant de l’autre un objet indispensable à son bonheur. Puis la passion amoureuse s’évanouit, laissant parfois place à une certaine complicité ou à une grande amertume. Ils ont vécu le merveilleux et l’enchantement de la ren contre amoureuse. Quelques années après, le rêve se transforme en cauchemar. Ils ont tellement changé. Ils ne savent pas ce qui leur est arrivé.

 

 Michel Bonhomme

 

Si cet extrait vous a intéressé,
vous pouvez en lire plus
en cliquant sur l'icone ci-dessous 

Se réjouir en couple