À LA RENCONTRE DES ARCHÉTYPES FÉMININS


Les grandes traditions de notre monde nous offrent des clés précieuses pour cheminer vers notre souveraineté. Si la notion de féminin sacré a toujours existé, elle a été tantôt célébrée, reconnue et aimée, tantôt réprimée, confinée et dénigrée. En Occident, depuis trois mille ans, c’est un dieu masculin que l’on évoque pour témoigner de l’indicible divin. Mais les mythologies des nombreux peuples de la terre montrent à quel point ce choix est loin d’être universel. Qu’il s’agisse de principes féminins divins (souvent associés à leurs pendants masculins), ou de déesses aux amours tumultueuses, la palette du féminin sacré est riche de nuances à travers les âges et les lieux. Aussi, chacune de nous peut puiser dans ce savoir immémorial pour s’inspirer et embrasser pleinement sa nature.

À l’origine, la Déesse mère
D’une contrée à l’autre, on l’appelle Déesse mère, Magna Mater, Grande Madre, Mother Goddess... Ces noms renvoient au culte primitif dédié à la femme pratiqué dès la fin de la préhistoire, à son pouvoir de porter et de donner la vie. D’après de nombreux chercheurs, la Déesse mère aurait historiquement précédé les dieux masculins des religions abrahamiques que sont le christianisme, le judaïsme et l’islam. En 500 après J.-C., les derniers temples païens ont fermé. L’homme s’est progressivement sédentarisé et a cherché à maîtriser les forces de la Terre-Mère. Alors que la déification de la Déesse mère s’éteignait inexorablement, les nouvelles religions ont imposé une vision plus tournée vers l’homme dans laquelle les femmes avaient souvent une place de subordonnées.

Mais à une époque lointaine, la femme tient une place suprême et revêt une dimension sacrée ; elle est souvent associée à une vénération de la terre. La puissance féminine est alors décrite comme principe primordial, indispensable à la création. Ainsi, dans la mythologie grecque, Gaïa est reliée à la Déesse mère, créatrice de la vie et reine du ciel. Au cours des temps, l’image de la femme sacrée s’est incarnée dans de nombreuses figures, telles Inanna chez les Sumériens, Isis dans l’Égypte antique, Cybèle chez les Grecs et les Romains, Shékina chez les kabbalistes, ou Marie et Marie-Madeleine chez les premiers chrétiens. Ces grandes figures féminines, qu’elles soient mythologiques ou qu’elles aient réellement existé, sont souvent associées aux forces de la nature, et ont nourri les inconscients depuis l’aube de l’humanité.

Archétypes féminins d’hier à aujourd’hui
Le terme « archétype » a été popularisé par le psychiatre suisse Carl Gustav Jung (1875-1961) et appartient à la psychologie analytique. Il définit une classification collective de l’imagi- naire symbolique humain commune à toutes les cultures. Des sortes d’« images primordiales » qui existent dans l’inconscient de chacun, mais qui ne sont pas issues de l’expérience person- nelle. Pour le psychiatre, il s’agit d’un processus psychique fondateur des cultures humaines, car il exprime leurs représentations à toutes les époques de l’histoire. Les archétypes se trouvent partout et notamment dans les rêves ou dans les mythes. Ces représentations (héros, héroïnes) délivrent le même message au travers de personnages variés.

Entre autres, les archétypes féminins reflètent nos différentes facettes, les aventures potentielles que toute femme est amenée à vivre, nos aspects lumineux ou sombres. Ils nous relient à nos ancêtres, et permettent de tisser la grande toile de l’histoire féminine. Mais, concrètement, à quoi sert le fait d’identifier ces archétypes en soi ? Leurs aventures et ce qu’ils véhiculent permettent d’obtenir des informations précieuses pour la connaissance de soi. Les figures féminines incarnent des valeurs, surmontent des difficultés... Elles ne sont pas toujours porteuses de qualités dites « positives », mais peuvent laisser la place à des visages plus sombres qui contribuent à l’équi- libre des opposés, et qui nous permettent de les transmuter en nous. Aujourd’hui encore, toute femme porte en elle les archétypes véhiculés par les premiers mythes : si leur forme change au fil de l’histoire, les messages restent les mêmes. Ainsi, la fonction du mythe est-elle de dévoiler une réalité cachée. Il vise moins à représenter cette réalité qu’à la transformer. Il apporte de la force, et permet de cheminer « accompagnée » de ces alliés, en quelque sorte. Chaque femme est amenée à traverser un ou plusieurs archétypes en fonction de son âge, mais aussi de sa mission de vie et de ce qu’elle est susceptible d’incarner. Enfin, si un archétype porte un poids énergétique dans l’inconscient individuel et collectif, lorsqu’il est étudié et compris, il permet de retrouver son pouvoir personnel, de décider consciemment de la personne que nous voulons être, sans être conditionnés par notre environnement.

On distingue d’une part les figures réelles ou imaginaires ancrées dans la mythologie grecque, la Bible, le panthéon égyptien, (Isis, Marie, Marie-Madeleine, Cybèle, Tara, Salomé...), et d’autre part, les figures « génériques » non individualisées, telles la sorcière, la femme sauvage, la guerrière, la jeune fille ou la guérisseuse. Découvrons ensemble quelques- uns des visages du féminin.

Aurélie Aimé

 
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