La plus grande force, c’est d’être soi-même

« La plus grande force, c’est d’être soi-même. » J’ai dû énoncer ou rêver cette maxime vers l’âge de sept ans, peut-être en réaction au fait que je commençais à intégrer des apprentissages extérieurs et à m’éloigner de mon essence. Était-ce une réflexion personnelle ou l’avais-je entendue de la part d’un adulte ? J’ai tendance à oublier beaucoup de choses, mais ce moment est resté gravé dans ma mémoire, car cette pensée m’était à la fois familière et surprenante. Lorsqu’elle a émergé, elle a résonné en moi comme une révélation mais, ne sachant pas quoi en faire, je l’ai rangée dans un coin de ma tête. J’ai ensuite passé une grande partie de ma vie à apprendre, prendre, essayer de comprendre.

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« La plus grande force, c’est d’être soi-même. »
J’ai dû énoncer ou rêver cette maxime vers l’âge de sept ans, peut-être en réaction au fait que je commençais à intégrer des apprentissages extérieurs et à m’éloigner de mon essence. Était-ce une réflexion personnelle ou l’avais-je entendue de la part d’un adulte ? J’ai tendance à oublier beaucoup de choses, mais ce moment est resté gravé dans ma mémoire, car cette pensée m’était à la fois familière et surprenante. Lorsqu’elle a émergé, elle a résonné en moi comme une révélation mais, ne sachant pas quoi en faire, je l’ai rangée dans un coin de ma tête. J’ai ensuite passé une grande partie de ma vie à apprendre, prendre, essayer de comprendre.

De temps à autre, je repense à la sagesse de cette petite fille qui, en grandissant, a expérimenté de manière complexe et conflictuelle ce qui lui avait semblé un jour simple et normal. Lorsque l’on est soi-même – comme tout enfant l’est au début de sa vie, c’est-à-dire davantage dans le moment présent et dans l’action que dans la réflexion et les projections –, on ne se pose pas la question de savoir qui l’on est : on est. Lorsque l’on devient une autre personne que soi-même par la construction progressive d’une image ou d’une personnalité, on n’est plus qui l’on est, et on peut se demander à juste titre à qui appartiennent les pensées, les émotions et les sensations qui nous perturbent et nous affaiblissent.

Si je devais résumer en quelques mots l’essentiel de mon activité, ce serait une démarche expérientielle d’authenticité et de liberté. Démarche parce que je ne sais pas exactement où je vais, mais j’avance en me laissant guider par un fil directeur invisible ; expérientielle car je mène une recherche pragmatique et appliquée en l’expérimentant personnellement avant de l’analyser avec rigueur ; authenticité pour m’approcher d’universaux vibratoires et intangibles qui sont à la source de ce que je formalise ensuite avec les outils intellectuels humains ; liberté pour me rappeler que derrière l’impossible se cache le champ de tous les possibles, et aussi pour assumer la responsabilité de tout ce que je suis et de tout ce qui arrive dans ma vie.

L’information qui est proposée par des instances extérieures, ainsi que par les sens et l’intellect, n’est pas une vérité objective, mais une double interprétation (de la part de ceux qui la diffusent et de ceux qui la reçoivent) et par conséquent, une vérité subjective et incomplète. Je me demande toutefois s’il n’existe pas une source commune à toutes ces informations, une forme de vérité immanente, absolue, mouvante, aussi ineffable qu’une fraction de vibration, mais accessible lorsque je suis en unité, en harmonie, en cohérence avec moi-même.

Cette information source se manifesterait et se déclinerait ensuite sous forme d’émotions, de pensées et de sensations.

La trilogie émotions/pensées/sensations
Concernant les émotions, un patient travail de libération émotionnelle m’a prouvé que le passé est malléable et qu’il se transforme en fonction de mon présent. Ainsi, je peux tout oublier de mes souffrances à condition de les déraciner au niveau de l’information vibratoire, stade ultime de ma constitution physiologique et psychique. Les émotions ne sont alors plus des réactions exacerbées, mais des signaux d’alerte et des filtres. Elles contiennent des informations, plus ou moins biaisées

par leur charge mémorielle et affective, et peuvent en cela être associées au cœur.
Les pensées véhiculent la plupart des informations conscientes, l’esprit rationnel étant le moyen privilégié d’appréhension du savoir. Réfléchir est un atout s’il est utilisé comme un outil d’analyse et de synthèse pour comprendre un sujet sous un angle objectif et logique, mais il peut devenir un frein si le mental est trop présent et dominant. Pendant longtemps, j’ai été gênée par ma propension à trop penser et à mentaliser sans même m’en rendre compte. Le mental construit à partir de ce qu’il connaît et son mode de fonctionnement rigidifie, pour le garder sous contrôle, un mouvement de vie par nature changeant et impermanent.

Les sensations sont particulièrement identifiables lors de pratiques corporelles. Les arts martiaux et la méditation ont été pour moi des moyens précieux de connecter et développer les capacités perceptives du corps tout en comprenant par la pratique le lien indissociable entre l’esprit et le corps. L’intelligence du corps est souvent sous-estimée, elle a pour- tant le mérite de se prêter à des vérifications concrètes et immédiates, et de fournir des informations fiables et directes.

Les émotions, les sensations et les pensées caractérisent trois dimensions interactives de l’être humain symbolisées ici par la trilogie cœur/corps/esprit. Après avoir passé de longues années à les approfondir de manière apparemment distincte et alternative par des pratiques spirituelles, des activités physiques et des études intellectuelles, je les appréhende aujourd’hui de façon plus globale et unitaire. Tout en constatant a posteriori que c’est également de cette manière unifiée qu’elles coexistaient en moi lorsque j’étais enfant, je comprends, après des années d’expérimentation au quotidien, leur étroite inter- connexion et leur inclusion mutuelle. Le dialogue intérieur entre ces différentes parties de moi exige une écoute et une compréhension de leurs langages respectifs, pour respecter et honorer chacune d’entre elles sans les déformer ou les dévaloriser. Leur réconciliation est la condition de base à un équilibre intérieur souple et évolutif. Cet équilibre vibrant découle d’un mouvement incessant alliant les différences dans ce qu’elles ont d’unique, pour créer une mosaïque dont les couleurs vives et diversifiées se mettent en valeur les unes par rapport aux autres. C’est en allant au plus profond de chaque dimension que je peux les relier aux autres sans les trahir et sans les opposer. C’est leur contradiction formelle et bénéfique – que j’avais intégrée et acceptée dès mon plus jeune âge – qui m’a fait avancer de manière multidimensionnelle et congruente. Cette contradiction apparente m’a valu, pendant une période de l’âge adulte, de me tourner vers un mode de pensée plus convenu et moins déconcertant, mais ce détour m’a en réalité déviée de mon chemin.

Aujourd’hui, je retrouve ma véritable force dans le fait d’être de nouveau cohérente avec moi-même. Être cohérente signifie être en harmonie et en unité avec toutes les parties de moi-même, et notamment mettre en résonance et en alignement mon cœur, mon corps et mon esprit, ainsi que ma part consciente et ma part non consciente. Contrairement à mes démarches précédentes où j’ai appris et appliqué une multitude de méthodes pour m’améliorer et développer certaines qualités, cela me permet de m’accepter telle que je suis, dans tous mes aspects, sans exception. En m’acceptant telle que je suis, je peux alors choisir ce que je veux devenir, qui est pour ma part ce que je suis déjà au plus profond de moi, mais auquel je n’accède pas lorsque je préfère montrer un moi idéal et préfabriqué.

Ce qui se trouve au plus profond de moi est la perfection d’un soi qui dépasse mes limites et rejoint une source universelle au sein de laquelle je n’existe plus. C’est paradoxalement en incarnant pleinement et authentiquement ce que je suis, dans la matérialité d’un corps physique, les mouvements d’un corps émotionnel et la créativité d’un corps mental, que je peux comprendre ma responsabilité éthique en tant qu’être humain et occuper ma place dans le contexte social sans être manipulée ou influencée. C’est cette démarche personnelle à la fois active et contemplative, dont j’ai expérimenté les écueils et les bienfaits pendant de longues années, qui se retrouve dans les 33 clés pratiques présentées ici.

Des clés de discernement
Ces clés sont des invitations à passer le seuil intérieur de notre discernement et de notre ignorance. Elles sont le fruit des pas solitaires que j’ai effectués après avoir mis à profit des solutions prédéfinies, des remèdes efficaces, des recettes rapides, des protocoles sécurisants et des traditions millénaires. Après avoir mené des recherches scientifiques qui m’ont montré la richesse, mais aussi les limites de la réflexion intellectuelle, après avoir recueilli les leçons extrêmes des bouleversements émotionnels, après avoir entraîné mon corps pour l’inciter à dépasser ses conditionnements et habitudes erronés, j’arrive aujourd’hui à l’humble conclusion que la vie m’apporte au quotidien les leçons les plus transformatrices. Je dois simplement être en mesure de les percevoir pour pouvoir les accueillir. Les 33 clés que je vous propose sont autant d’élans pour se rendre disponible à sa propre reconnaissance intérieure. Cette connaissance sensible et intuitive m’aide aussi à garder une distance vigilante par rapport aux informations extérieures. Ces dernières sont parfois exacerbées et déformées par des modes de transmission centrés sur un but intéressé à imposer au plus grand nombre, plutôt que sur des données factuelles à proposer à la réflexion personnelle et à la discussion. L’information publique et médiatique n’est pas toujours factuelle ni objective, elle obéit à des rapports de force et de pouvoir parfois disproportionnés et arbitraires. Il arrive que les instances représentatives de certains groupes jouent sur le besoin de bonne conscience de l’inconscient collectif, la culpabilisation tacite et la victimisation exagérée, et utilisent les rouages de manipulation de l’opinion pour faire accepter comme universel et juste ce qui est en réalité égocentré et partisan. La dignité et la valeur d’un individu dépendent alors non pas de ce qu’il incarne en tant qu’être humain, mais de ce qu’un système hiérarchisé de pensée uniformisante et généralisante, fruit d’un consensus parfois unilatéral, choisit de lui octroyer.

Les 33 clés pratiques de la cohérence cœur/corps/esprit visent à développer une autonomie de pensée et à encourager une observation lucide, tout en élargissant et en relativisant les cadres de références. Elles ne sont pas des solutions, des conseils ou une méthode clés en main, elles ne sont pas vouées à remplacer des pratiques ou des théories, elles ne sont pas davantage un mode d’emploi à suivre sans rien en changer. Elles présentent des réflexions, des gestes et des postures simples à glisser dans les interstices de la vie quotidienne, des instants de pratique qui peuvent s’inscrire à l’intérieur d’un calendrier surchargé, des bouffées d’air respirées en conscience qui nous apprennent à nous poser tout en continuant à agir. Chaque clé comporte d’une certaine manière toutes les autres. Lorsque nous sommes cohérents avec toutes les dimensions de nous-mêmes – ce qui demande parfois du courage et de la persévérance –, notre conscience nous guide par des indices simples vers le meilleur de ce que nous avons à vivre.

Les clés Esprit présentent des moyens que j’ai utilisés pour mieux comprendre, mieux penser, puis moins penser et désapprendre pour structurer et clarifier mes idées. Elles sont associées à quelques concepts scientifiques – parmi d’autres – qui m’ont été utiles, et m’ont servi à la fois de support de réflexion et de garde-fou aux illusions. Elles nous encouragent à mieux écouter et à être attentifs aux vibrations subtiles de l’information, pour nous rapprocher d’une plus juste perception des choses.

Les clés Corps sont issues de moments d’expériences corporelles, à la fois ordinaires et inhabituelles, qui m’ont montré que nous ne mesurons pas toute l’étendue de nos réelles capacités. Par notre simple respiration, notre corps nous aide à nous calmer, nous mouvoir, nous reposer, nous dépasser. Le ressenti corporel est une source immédiate d’informations que nous pouvons apprendre à affiner et décoder. Beaucoup d’entre nous privilégient les indices rationnels de l’esprit dont le fonctionnement est pourtant indissociable du corps. Le corps est un révélateur de la sincérité de l’esprit.

Les clés Cœur mettent en lumière la liberté créative et la sagesse de l’imagination, de l’amitié et de l’amour. Elles déploient ce qui met en joie et en unité avec la nature et avec les autres. Leur tendresse poétique m’a permis de m’ouvrir à ce qui était au-delà de mon entendement et qui s’est posé dans le corps et l’esprit pour une transformation intérieure qui continue à évoluer. Elles tracent un trait d’union sans attache entre tous les éléments qui ne trouvent pas de terrain d’entente, en me ramenant à la source de vie qui nous relie tous.

Un index a été ajouté en fin d’ouvrage présenté plus bas avec une liste de situations déstabilisantes de la vie courante que vous auriez envie de « traiter » et à chaque fois un exemple d’exercice qui pourrait leur être associé. Il s’agit d’un aspect pratique pour une utilisation expresse des clés, mais votre intuition ou le hasard seront toujours plus adaptés que ces propositions prédéfinies. Vous pouvez l’utiliser comme une respiration, un élan ou un déclencheur pour vous poser, vous mettre en mouvement ou lancer une action adéquate.

Écrire le livre présenté ci-dessous a été un travail en solitaire. Le publier fut une œuvre collective. Je remercie l’équipe éditoriale : Karine Bailly à qui Stéphanie Honoré m’a présentée, Barbara Astruc, Louise Giovannangeli. Je remercie les personnes qui ont travaillé sur la communication et l’édition.

Ce livre est issu de mes expériences vécues, qui m’ont appris le lien – visible ou invisible – qui existe entre tous les êtres. Cet ouvrage existe donc grâce à mes proches et aux personnes que j’ai croisées, et il vivra grâce à celles qui en prendront connaissance.



Thi Bich Doan

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