La manipulation dans la fiction



À la fois séduisant et terrorisant, attirant et repoussant, mystérieux et implacable, le manipulateur est un héros parfait. La preuve : de nombreux metteurs en scène, écrivains ou réalisateurs ont mis en vedette ces personnages. Voici quelques exemples.

> La double inconstance, de Marivaux. Silvia et Arlequin s’aiment. Mais le Prince aussi est amoureux d’elle. Alors il la fait enlever et la retient dans son palais. Flaminia, l’une des conseillères du Prince, doit tout mettre en œuvre pour rompre l’amour entre les deux jeunes gens. Ce qu’elle réussit à faire puisque Silvia lui avoue qu’elle aime aussi un officier du palais... qui se révèle être le Prince. Arlequin, lui aussi, commence à tomber amoureux d’une autre jeune femme... qui n’est autre que Flaminia. Ici, c’est par le langage que la manipulation s’exerce. C’est d’ailleurs là son vecteur favori. À cette époque, on ne parlait pas vraiment de manipulation mais de perfidie. La perfidie comme préjudice moral et comme moteur de la manipulation se retrouve dans de nombreuses pièces de théâtre du XVIIIe siècle, de Marivaux à Beaumarchais en passant par Choderlos de Laclos et son célèbre roman épistolaire, Les Liaisons dangereuses.

> Harry, un ami qui vous veut du bien (2000). Sur la route des vacances, Michel (Laurent Lucas) et sa femme Claire (Mathilde Seigner) rencontrent Harry (Sergi Lopez), un ancien copain de lycée de Michel. Petit à petit, Harry va s’incruster la vie du couple. Il se mêle de tout, affirmant ne penser qu’au bien-être personnel et professionnel de son ancien ami. Mais en réalité, c’est un véritable travail de sape, de manipulation et de destruction qu’il est en train d’entamer.

> Entre ses mains (2005). Claire (jouée par Isabelle Carré) fait la connaissance de Laurent (Benoît Poelvoorde), un séducteur infatigable, un dragueur impénitent, un vrai prédateur de femmes. Mais elle ne tarde pas à faire le rapprochement entre cette nouvelle relation et le tueur au scalpel qui sévit dans la région et a déjà égorgé plusieurs femmes. Au fur et à mesure que ses soupçons se précisent, elle est de plus en plus attachée à lui et fascinée par sa personnalité. L’emprise est totale.

> Respire (2014). Dans ce long métrage, la réalisatrice Mélanie Laurent raconte l’amitié entre deux jeunes lycéennes. Charlie est fascinée par Sarah, une élève ultra-populaire et très charismatique. Cette dernière va en quelque sorte l’adopter pour mieux la faire souffrir et la détruire. Ce film est une adaptation du livre éponyme d’Anne-Sophie Brasme. La réalisatrice dit s’être en partie inspirée de sa propre adolescence. « Je pense que les gens solaires, qui sont d’une nature très heureuse, les attirent. Le grand objectif des pervers narcissiques, c’est de les amener dans l’ombre », analyse-t-elle.

Antoine Spath

 

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Ne plus se laisser manipuler