La déliance, un cheminement vers le pourquoi de nos souffrances

Combien de fois avons-nous l’impression d’avoir pris de bonnes résolutions pour ne plus agir mal, de travers, de façon inappropriée ? Comment ne pas subir nos passions, nos pulsions... comme d’habitude ? Nous voulons changer d’habitudes, en changer souvent et facilement. L’habitude est-elle vraiment une seconde nature qui conduit nos comportements, voire nos inconscients? Nous y parvenons et pourtant... comme par inadvertance, nos automatismes, appelés réflexes, réapparaissent, remontent à la surface, reviennent. Le mauvais pas, les idées noires en boucle, le surinvestissement ou la pirouette pour échapper au réel..., les multiples incapacités, déficiences, dysfonctionnements, blocages, tous ces symptômes récurrents, révélateurs de blessures profondes dont le pourquoi nous échappe.

Combien de fois avons-nous l’impression d’avoir pris de bonnes résolutions pour ne plus agir mal, de travers, de façon inappropriée ? Comment ne pas subir nos passions, nos pulsions... comme d’habitude ? Nous voulons changer d’habitudes, en changer souvent et facilement. L’habitude est-elle vraiment une seconde nature qui conduit nos comportements, voire nos inconscients? Nous y parvenons et pourtant... comme par inadvertance, nos automatismes, appelés réflexes, réapparaissent, remontent à la surface, reviennent. Le mauvais pas, les idées noires en boucle, le surinvestissement ou la pirouette pour échapper au réel..., les multiples incapacités, déficiences, dysfonctionnements, blocages, tous ces symptômes récurrents, révélateurs de blessures profondes dont le pourquoi nous échappe.

Qui ne s’est pas promis, « croix de bois croix de fer », de ne plus critiquer les autres, ou de « ne plus être bonne poire », de « ne plus ronger ses ongles » ou « de broyer du noir ». « La prochaine fois, promis je me défendrai, je lui dirai ci ou ça, je vais me mettre au travail, promis... » et puis « plouf » ! Toutes ces promesses et bonnes résolutions, ces serments intérieurs s’évanouissent et nous laissent une sensation de culpabilité profonde qui nous colle à la peau, comme de la glu, comme une fatalité.

Ces réflexes dont nous rêvons de nous débarrasser, ces maudites habitudes s’installent et se répètent malgré nos démarches personnelles, volontaristes, déterminées, menées de manière conscience. Ils résistent, y compris lorsque l’on s’en remet à des thérapeutes, ou encore que l’on répond à des invitations à changer, concrètes, professionnelles et méthodiques, comme le proposent l’éducation, le coaching... Je vous arrête tout de suite, il ne s’agit pas ici d’en critiquer l’efficacité, simplement pour que ces approches s’inscrivent dans la durée et pour que vous puissiez vous les approprier pleinement, il faut, au préalable, retrouver la cause profonde de ces récurrences dysfonctionnelles et la désactiver.

Il en ressort, selon moi, que toute pathologie résistante à un traitement psychique ou physique a sa raison d’exister, même si on ne la comprend pas. Cessons de vouloir en faire abstraction et de l’ignorer. Osons vouloir comprendre la souffrance comme un tout, qui englobe, au-delà de l’individu, les traces d’un passé imprimées en lui. Il est des maux et des causes qu’il s’avère impossible de classer dans une catégorie de maladie décrite et déterminée par la médecine « rationnelle ». Cette maladie nous dépasse, en quelque sorte, sa raison d’être peut être extérieure à nous... dans le temps, dans une genèse qu’il nous est possible de retrouver. Loin du matérialisme d’aujourd’hui, c’est grâce à ce que les anciens nommaient « la plus haute tension de l’âme » que nous accédons à cette dimension qui aspire à l’unité de l’être multiple, que l’on peut représenter comme les poupées russes, emboîtées, avec des couches et des sous-couches. Car qui pourrait sérieusement croire que nous ne sommes pas liés à nos ancêtres ?

La déliance apporte ainsi un éclairage nouveau de notre histoire, prenant en compte d’autres critères, qui ne sont plus du registre de la volonté, de la culpabilité, de l’intellect, mais qui puisent bien au-delà. La déliance est source de discernement, d’apaisement et permet de favoriser grandement la réussite des traitements entrepris de manière simultanée.

La collaboration avec un psychomotricien depuis quatre ans confirme que la déliance ouvre de nouveaux champs d’investigation possibles. Où l’irrationnel rejoint le rationnel ! elle en révèle la réalité et la puissance.

Apporter des clés de compréhension des liens et de l’imbrication des héritages
C’est de cette découverte que nous allons parler dans ce livre, et de cas, de situations de vie, de vécus difficiles qui ont trouvé un chemin de mieux-être grâce à la déliance. Selon moi, et je le vis chaque jour, la déliance non seulement va révolutionner le soin de l’individu qui va au-delà du soin « psychothérapeutique », mais, en outre, va apporter des clés de compréhension des liens et de l’imbrication des héritages et des mémoires qui tissent notre être...

Dans les années qui viennent, les résultats des recherches en neurosciences devraient confirmer cette découverte, ou cette redécouverte, qui rappelle ce que les Anciens savaient : tout est lié, tout a un sens et cela doit être pris en compte pour libérer définitivement les blocages intimes, enfouis, ensevelis et négligés, voire sciemment gommés.

Qu’espèrent les personnes qui viennent à la rencontre de cet accompagnement vers la déliance ?
De nombreux patients ont simplement besoin de comprendre leur souffrance, leur mal-être. Comme une manière d’y mettre du sens. Comprendre permet de mettre des mots sur des ressentis, des impressions, des douleurs qui deviennent insurmontables si elles n’ont pas une raison logique d’exister... Lorsqu’ils découvrent, dans certains cas, la détresse d’un ancêtre ayant eu un vécu encore plus lourd que le leur, ils mesurent alors l’enjeu de la situation et accueillent la déliance avec bienveillance et compassion. Cette notion sera développée longuement à plusieurs occasions dans ce livre.

La bienveillance et la compassion touchent à une dimension essentielle de la déliance qui me démarque de certaines approches (notamment d’analyse transgénérationnelle) qui tendent à envisager l’histoire de la famille, celle des aïeux, comme responsable, au sens de coupable, des blessures d’aujourd’hui. C’est pourquoi, jusqu’à présent, nombre de démarches consistent à vouloir couper les liens du passé sans mesurer les conséquences d’un tel acte. Loin de vouloir chercher des responsabilités pour accuser ceux qui nous ont précédés, c’est bien l’inverse que je propose. La déliance, le dénouement des nœuds permet de garder, par ce lien, les richesses d’un passé ineffaçable.

Parfois aussi, les nœuds existent tout simplement dans le vécu de la personne. Une peur, un acte traumatisant, une culpabilité s’est cristallisée. La déliance accompagne alors vraiment la libération du blocage.

D’autres patients sont dans une quête de sens, pure, qui dépasse la recherche d’explication des troubles qui les affectent, pour aller vers le sens même de leur vie. Ils ont souvent beaucoup cheminé et sont parfois devenus soignants, aidants, thérapeutes, soucieux de l’humain. Par ce biais, ils ont vécu des dénouements leur permettant d’être plus justes, percutants et pointus dans leur technique.

Chacun sait aujourd’hui que parler de son trauma ne suffit pas et risque même d’aggraver la charge émotionnelle. Savoir et parler, revenir à l’origine du problème n’est pas résoudre ni même apaiser. Nul ne remet désormais en cause le fait que les mécanismes des traumas sont inconscients. De quoi est porteur notre inconscient ? Il est le seul à savoir comment s’est constitué notre patrimoine depuis la nuit des temps et en connaît seul le chemin de libération. Certaines thérapies, comme la psychophanie (ou communication facilitée), la méditation et l’hypnose, savent entrer en communication avec lui. Il peut ainsi exprimer ce qui le perturbe. Mais ces approches s’arrêtent à ce niveau de découverte, et le patient est laissé seul avec ces nouvelles informations dans l’attente du processus de libération qui devrait se faire naturellement. Or parfois rien ne vient, pourquoi ?...

La déliance va plus loin. elle permet à ces traumas de se libérer eux-mêmes en leur donnant un espace d’expression et d’évolution. Toutes les thérapies en relation avec l’inconscient devraient pouvoir atteindre cette étape par leur approche. Cependant elles devront être d’une extrême vigilance sur le « comment ».
Un événement très récent vient valider cette idée que d’autres approches atteignent cette libération. Une de mes patientes régulières a souhaité me montrer une série de dessins intuitifs faits à partir d’une méthodologie de dessin thérapeutique. Elle était très troublée par l’apparition de visages identiques sur plusieurs de ses œuvres. Au regard de la série chronologique, j’ai pu observer l’évolution de ces visages, passant de la tristesse avec un regard vers le bas, à un mieux-être, avec un regard vers le haut, et un sourire. Un dessin sans visage, lui, matérialisait très nettement la déliance, dans un mouvement de rotation et de retournement de situation. Les dessins suivants lui montraient précisément une réconciliation entre un père et son fils. Afin de ne pas se perdre dans cette approche qui l’envahissait, jusqu’à troubler ses nuits, je me suis permise de lui faire part de mes règles d’éthique et de travail pour qu’elle ne se laisse pas dépasser par les événements. Vous les retrouverez plus loin, sachant qu’elles peuvent s’appliquer à d’autres thérapies.

L’ostéopathie, également, peut opérer une forme de déliance étonnante, ce que j’ai expérimenté, sans pouvoir plus vous en parler ici. Un ostéopathe m’a confié que plutôt que de forcer la remise en place de la zone en tension, il l’accompagne dans le sens de sa déviance pour lui permettre naturellement de retrouver son équilibre. Il ne fait qu’accueillir le déséquilibre avec grande douceur et, dans cette même dynamique, les choses se remettent à leur place, au point d’équilibre naturel. Forcer un retour aux « normes » ne peut tenir dans la durée si la cause du changement n’est pas apaisée. L’accueil des nœuds et leur apaisement, quelle que soit la technique utilisée, sont la clé de libération...

 

 

Isabelle Dadvisard
"Comment devenir riche de son passé"
Editions Dervy
 

                        
                                                                              

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