La compréhension des sentiments chez l'enfant

L’enfant d’âge préscolaire a de la difficulté à comprendre les sentiments en raison de leur caractère abstrait. La compréhension des sentiments se développe tout doucement. Au départ, l’enfant ne conçoit aucune nuance. Pour lui, on aime ou on n’aime pas. Sa façon de s’exprimer et de comprendre les sentiments des autres peut donner l’impression qu’il est cruel alors qu’il n’est que maladroit.

L’enfant d’âge préscolaire a de la difficulté à comprendre les sentiments en raison de leur caractère abstrait. La compréhension des sentiments se développe tout doucement. Au départ, l’enfant ne conçoit aucune nuance. Pour lui, on aime ou on n’aime pas. Sa façon de s’exprimer et de comprendre les sentiments des autres peut donner l’impression qu’il est cruel alors qu’il n’est que maladroit.

Les enfants de 4 ou 5 ans peuvent par exemple deman- der à une personne en fauteuil roulant présentant une déficience physique si elle aime être handicapée ou si elle aimerait pouvoir marcher. Il faut y voir une tentative maladroite pour comprendre les sentiments de cette personne face à la situation qu’elle vit.

L’enfant peut cependant commencer à manifester une politesse de convenance vers l’âge de 4 ans. Il devient conscient des sentiments des autres. Pour éviter de faire de la peine, il remerciera une personne qui lui offre un cadeau qu’il apprécie peu ; de même, il ne dira pas ouvertement quel grand-parent il préfère pour éviter de faire du chagrin aux autres.

J’aime pas les poupées
À Noël, grand-maman Michelle m’a donné une poupée  Moi, j’aime pas ces poupées-là : elles sont toutes molles et je les trouve pas belles. Mais je l’ai pas dit à grand-maman pasque ça lui aurait fait de la peine. J’ai fait comme si j’étais contente de son cadeau.

Le temps
Le temps est un autre concept abstrait difficile à saisir pour l’enfant d’âge préscolaire. Il ne s’agit pas d’un concept tangible ou visible, comme la forme, la taille ou la couleur d’un objet. L’enfant a plus de facilité à saisir le déroulement du temps si on l’associe aux activités quotidiennes: après le dodo, au souper ou dans deux dodos, par exemple. Il s’appuie également sur des signes extérieurs l’aidant à se situer dans le temps : « Ce sera Noël quand il y a aura de la neige. »

Il est également difficile pour l’enfant d’évaluer la durée d’une activité ou d’une période d’attente. Même s’il sait qu’une heure, c’est plus long qu’une minute, cinq minutes peuvent lui paraître une éternité si l’activité est ennuyeuse ou passer très vite si elle est agréable. Son évaluation du temps est donc subjective et s’appuie sur ce qu’il ressent.

L’enfant de moins de 6 ans comprend mal la notion de temps sur un continuum passé, présent et futur. Il a ainsi du mal à imaginer que ses parents ont déjà été des bébés.

L’enfant de 3 à 4 ans comprend les termes « aujourd’hui », « hier », « demain », « bientôt ». Entre 4 et 5 ans, il sait distinguer les parties de la journée : le matin, l’après-midi et le soir. Vers 5 ans, il commence à se situer dans les saisons.

 

Dans plein de dodos, j’irai à l’école
Moi, j’irai à l’école l’année prochaine. C’est dans plein de dodos : c’est quand j’aurai 5 ans et un grand sac à dos. J’irai à la maternelle.

Aujourd’hui, il pleuvait fort, fort. J’étais devant la fenêtre de ma chambre et je suivais une goutte de pluie avec mon doigt. Ça faisait longtemps que j’étais là, au moins trois minutes.

Grand-maman m’a raconté une histoire de quand papa était petit. Grand-maman était debout dans la salle d’attente du médecin avec papa dans les bras. Grand-maman avait les cheveux longs et ils étaient attachés avec un beau ruban rouge. Papa a avancé sa main vers le ruban, mais c’était pas le ruban qu’il voulait, c’était l’alarme de feu qui était juste derrière. Et il paraît que l’alarme a sonné fort, fort. Tout le monde pensait qu’il y avait le feu. Grand-maman a dit à tout le monde de pas s’inquiéter, que c’était papa qui avait fait ça. Moi, à la place de papa, j’aurais été gênée.

C’est difficile d’imaginer papa en bébé. J’ai déjà vu des photos, mais je le reconnais pas. En tout cas, j’ai bien aimé l’histoire de grand-maman. Maman a peut-être été un bébé, elle aussi. Mais quand papa et maman étaient des bébés, j’étais où, moi ? Il faudra que je demande à maman.

Les nombres et l’âge
Les nombres et l’âge sont aussi des concepts abstraits qui prennent quelques années à être intégrés.
L’enfant apprend d’abord à distinguer « un » de « plu- sieurs ». Toutefois, au début, s’il compte des objets devant lui, il ne fait pas nécessairement de rapprochement entre le chiffre auquel il parvient et le nombre d’objets. S’il y a six blocs de bois devant lui, il les comptera sans faire d’erreur, mais si on lui demande combien il y a de blocs, il est possible qu’il recommence à les compter, car il est incapable d’associer le nombre obtenu aux objets comptés. Le concept de nombre commence à être bien intégré lorsqu’il est capable de répondre qu’il y a six blocs.

À 3 ans, il peut indiquer son âge avec ses doigts. Entre 3 et 4 ans, il compte mécaniquement jusqu’à 10 et peut compter 3 à 6 objets placés devant lui. Vers 4 ans, il sait le faire jusqu’à 20 et jusqu’à 30 à 5 ans. À cet âge, il connaît aussi son numéro de téléphone.

Maman est pas trop vieille pour être une maman
Maman a 50 ans, non... 40, ou peut-être 30. Je sais pas trop, mais elle est pas trop vieille pour être une maman.

La mort
Les enfants de 3 à 5 ans associent la mort à l’immobilité ou au sommeil et ils la perçoivent comme étant temporaire et réversible. Voilà pourquoi les jeunes enfants ne semblent pas avoir de réactions lorsqu’on leur annonce le décès d’un proche. Ils imitent souvent les émotions des gens qui les entourent, ils demandent sans cesse quand la personne décédée reviendra ou ils continuent d’attendre qu’elle les appelle.

On peut expliquer à l’enfant le cycle de la vie — et la mort — en observant une mouche écrasée sur le bord d’une fenêtre ou un oiseau mort dans la cour ou lorsqu’il retrouve son poisson rouge inanimé dans son bocal. D’ailleurs, il peut être utile d’aborder le concept de la mort avec l’enfant avant que celle-ci ne touche une personne qu’il aime.

Pour l’aider à développer une compréhension de la mort et la percevoir comme l’arrêt du fonctionnement du corps, il vaut mieux ne pas la comparer à un long voyage, car cela pourrait alimenter l’attente d’un retour. De même, il est peu pertinent de dire au jeune enfant que la personne décédée est toujours à ses côtés, car il pourrait en déduire que la personne est devenue une sorte de fantôme.

L’enfant a besoin de réponses simples et concrètes à ses questions sur la mort. Il vaut mieux se contenter de répondre aux questions qu’il pose. On peut lui dire que lorsqu’on est mort, notre cœur ne bat plus, nos yeux ne voient plus et nos oreilles n’entendent plus. On peut répéter cette simple explication à plusieurs reprises selon le niveau de compréhension de l’enfant.

Par ailleurs, dans ses efforts pour mieux saisir ce concept, il arrive que l’enfant pose des questions qui peuvent étonner l’adulte. Il peut demander, par exemple, ce que mangent les morts ou s’ils ont froid. L’enfant a du mal à comprendre la permanence de la mort. Il lui est difficile de s’imaginer qu’il ne reverra plus la personne décédée.

Il vaut mieux aussi associer la mort à une maladie spécifique. Il arrive en effet que l’enfant de 4 ou 5 ans fasse des liens surprenants. Ainsi, si on se contente de dire que la personne est décédée parce qu’elle était vieille, il peut craindre que son père, qui a quelques cheveux blancs, meure lui aussi.


On peut rassurer l’enfant en lui expliquant que la mort de ses parents ne surviendra pas avant plusieurs années, quand lui-même sera grand et plus vieux. L’enfant sera assurément apaisé, car il n’a pas complètement intégré la notion de temps et il a du mal à se projeter dans le futur.


Pour que sa participation aux rituels entourant un décès soit formatrice, l’enfant doit être capable de donner un sens à cette expérience et comprendre que les funérailles servent à dire au revoir à la personne. Selon les circonstances, la personnalité de l’enfant, la compréhension qu’il a de ces rituels et son désir d’y assister, on choisira de l’amener ou non au salon funéraire, à l’église ou au cimetière.

Les parents qui décident d’emmener leur enfant au salon funéraire doivent lui expliquer à l’avance ce qui se passera en des termes concrets: il y aura beaucoup de fleurs et de gens en larmes, la personne décédée sera couchée dans un cercueil, son corps sera blanc et froid...

Francine Ferland

 

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