Lire : FÉMININ SACRÉ, FÉMININ SAUVAGE



J’ai toujours senti un décalage entre la limitation de la pleine expression des femmes de ma famille et la puissance qu’elles portaient pourtant en elles. Ma grand-mère Louise s’est battue vingt ans contre le cancer avec la dignité d’une montagne, tout en élevant ses filles et en veillant sur l’entreprise familiale. Mon arrière- grand-mère, Santoukht, victime des affres du génocide arménien, était la douceur incarnée, aimante et résiliente. Abnégation et dévoue- ment étaient les maîtres-mots, à une époque où être en sécurité, avoir un toit au-dessus de sa tête et une famille en bonne santé n’était jamais pris pour acquis.

Pour ces femmes évoluant dans le monde plus étriqué de l’époque, la rencontre avec un féminin épanoui ne put se faire qu’au travers de la maternité. Mais depuis une vingtaine d’années, une petite révolution est en marche : les femmes reprennent en main leur santé, leur sexualité, se réunissent au sein de cercles rituels, redonnent vie aux savoirs ancestraux... Elles sont nombreuses à entendre l’appel du féminin sacré et sauvage, et à choisir la voie exigeante qui les amène à se libérer des injonctions sociétales et familiales, pour être pleinement Elles.
Qu’entend-on par féminin sacré ou sauvage ? Bien qu’il soit délicat de dessiner des contours qui enfermeraient trop ces notions, il est souvent question :
• d’un retour à l’essentiel, à ce qui résonne pour nous, nous nourrit profondément et nous réalise ;
• d’exprimer notre étincelle unique dans le monde, notre créativité, de faire le cadeau de qui nous sommes ;
• d’une reliance à notre corps, qui passe par une connaissance de notre réalité biologique régie par des cycles, condition de la réappropriation de notre santé ;
• d’un rapport aligné à notre sexualité ;
• d’embrasser aussi nos limitations, de s’accueillir pleinement, surtout lors des passages initiatiques exigeants ;
• d’apprendre à s’aimer, dedans et dehors, avec toute notre parfaite imperfection !
• de sentir notre reliance à tout le vivant, au monde sauvage, et de retrouver notre place en son sein ;
• de se relier à la sagesse des autres femmes, de notre temps comme celles du passé, pour raviver cette grande toile cosmique et terrestre formée par l’énergie féminine ;
• enfin, il s’agit de vivre tout ce qui nous anime, chante à notre cœur, nous émeut, nous rend vivantes... En aucun cas un concept qui fige, mais plutôt qui décline la palette infinie des couleurs du féminin.

Fermez les yeux un instant, et amenez à votre conscience un moment où vous vous êtes sentie pleinement réalisée, corps et âme. Quel âge aviez-vous ? Quelle était votre sensation corporelle à ce moment ? Étiez-vous seule ou accompagnée ? Ancrez en vous ce souvenir comme un délicieux rappel.

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Exercice
Créez votre autel
En préambule, je vous propose de créer votre autel, qui servira lors des rituels. Étymologiquement, on y retrouve deux notions : la hauteur (du latin altar, à la fois « élévation » et « profondeur ») et la nourriture (du latin alere, « alimenter, se sustenter »). Ce qui est sacré et qui touche à l’intime a besoin d’un espace, d’un contour qui permet de le protéger. C’est ce que matérialise l’autel, qui est un lieu de transformation et de mise en relation du monde intérieur et du monde extérieur.
Cet espace, au sein duquel on pourra exprimer des souhaits, célébrer des passages ou simple- ment passer un temps de recueillement, est en quelque sorte votre continuité dans la matière. Il peut évoluer sans cesse en fonction des envies du moment. Par définition, hormis dans le cadre  religieux, il n’existe pas d’autel « type ». Une possibilité est d’y placer des objets représentant les quatre éléments, évoquant le règne animal, des photos ou des figurines qui vous touchent, sans compter les plantes à brûler, encens et bougies... À titre personnel, une statue de la Vierge côtoie celle de Bouddha et d’Amma, des pierres de lithothérapie, un morceau de bois qui m’évoque la forme du sexe féminin, deux figurines qui représentent le couple, des plumes trouvées dans la nature, des bougies, et toujours quelques fleurs fraîches cueillies dans les champs. Prenez le temps de rassembler les éléments pour le constituer. Choisissez un emplacement où vous ne serez pas dérangée, et consacrez votre espace en allumant une bougie, et en invoquant les énergies qui vous touchent.
Il est à noter qu’il n’y a pas nécessairement besoin d’un autel « matérialisé » pour se relier au sacré. Pourquoi ne pas aussi créer cet espace à l’intérieur de vous, que vous pourrez convoquer où que vous soyez ? Fermez les yeux, imaginez votre espace sacré (sous la forme par exemple d’une bulle, d’un espace sous un arbre, d’une pièce de la maison...). Personne ne peut y entrer, et vous êtes libre d’y mettre et d’en retirer ce que vous voulez : objets, intentions, souhaits... À chaque fois que le besoin se fait sentir, visualisez et enrichissez ce lieu intime.


Aurélie Aimé

 
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