Enfants : limiter les écrans pour favoriser la relation d'attachement


Comment pouvons-nous créer une relation d’attachement significative avec nos enfants lorsque nous laissons les écrans envahir notre maison et notre vie? Il est impossible d’espérer obtenir le respect d’un jeune à qui on ne parle presque jamais. Le parent qui adresse seulement la parole à son enfant pour lui rappeler les tâches à effectuer fait inévitablement face à de l’opposition et, rapidement, à des conflits.

L’omniprésence des écrans peut également être à l’origine d’autres problèmes. La Société canadienne de pédiatrie reconnaît notamment que « la surexposition aux écrans entraîne divers problèmes de santé tels que risque accru de consommation de tabac, alcool et autres substances, comportement et attitudes agressives, mauvaise nutrition et excès de poids. À cette liste, d’autres études ajoutent l’obsession de l’apparence, l’adoption hâtive de comportements sexuels à risque et l’hypersexualisation. Enfin, on sait maintenant que le temps-écrans [sic] peut aussi nuire aux apprentissages scolaires, y compris la lecture, premier facteur des réussites éducatives4 ». Cette dernière observation est appuyée par une récente étude menée par l’Institut de la statistique du Québec (ISQ) à partir de données de Statistique Canada. L’étude signale que « pour nombre de jeunes, le temps alloué à l’écran pendant les heures de loisir dépasse maintenant celui passé en classe5 ». Le Dr Pierre Mayer, directeur de la Clinique du sommeil de l’Hôtel-Dieu du Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM), estime pour sa part que les technologies de la communication sont l’un des principaux ennemis du sommeil.

> Christophe
« Depuis que notre fils Christophe, 14 ans, a reçu un téléphone de la dernière génération, il n’arrive plus à s’en séparer. Il dort même avec lui la nuit. Ses notes à l’école sont en baisse et, le matin, il est d’une humeur massacrante ! Pendant les repas, il a les yeux rivés sur l’écran de son téléphone et ne nous adresse pratiquement pas la parole ! On ne sait pas quoi faire... »

Dans cet exemple, Christophe a démontré qu’il n’avait pas la maturité nécessaire pour choisir ce qui est bon ou mauvais pour lui. Il revient à ses parents de décider à sa place. Ces derniers pourraient lui faire remarquer qu’il se laisse aller à plusieurs manques de respect (ses notes dégringolent, son humeur est exécrable et sa relation avec eux aussi) depuis qu’il a ce téléphone et exiger que tous les téléphones soient éteints lors des repas et une heure avant l’heure du coucher. Si ses notes ne s’améliorent pas après un certain nombre de semaines, ils devraient tenter de trouver des solutions avec lui.

Les écrans ne sont pas mauvais en soi : ils peuvent être utiles de bien des façons et permettre l’ouverture de multiples fenêtres sur le monde. En fait, c’est l’utilisation que l’on fait des écrans qui peut être néfaste et irrespectueuse. Comme en toute chose, il faut se méfier de l’abus. Voici quelques recommandations pour y parvenir :
◗ Aucun écran (télévision, téléphone cellulaire, etc.) ne doit être toléré dans les chambres, tant celle des parents que celles des enfants. Affirmer que leurs amis ont accès aux écrans dans leur chambre n’est pas un argument valable.
◗ Aucun appareil électronique ne doit être toléré durant les repas, y compris la télévision. Les télé- phones portables doivent être éteints et déposés loin de la table.
◗ Tous les écrans doivent être éteints au moins une heure avant l’heure du coucher afin de favoriser le sommeil et de permettre un moment en famille.
◗ Idéalement, la télévision et les jeux électroniques ne devraient pas être permis durant la semaine.

Si vous souhaitez limiter l’utilisation des appareils électroniques chez vous, dites à vos enfants que vous voulez passer plus de temps en famille. Il peut aussi être judicieux de dire aux jeunes que vous souhaitez faire davantage d’activités en famille durant la fin de semaine au lieu d’insister sur la diminution du temps d’écran. Faites valoir que vous avez besoin de ce temps pour échanger avec eux, soit au moment du repas ou durant l’heure de relaxation avant le coucher.
Les écrans, oui, mais pas trop !

Ce qui m’attriste dans la surexposition aux écrans, c’est que le temps de relations familiales perdu ne reviendra jamais plus. « Il faut être de son temps ! », me dit-on. Je suis d’accord, pourvu que nous gérions l’utilisation de ces écrans et que nous ne les laissions pas contrôler notre vie, prendre toute la place et nuire à nos relations.

 

Brigitte Racine


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