Enfant : quand la crise est inévitable...

 


Il pleure, fait sa crise, se roule par terre si c’est un tout-petit ou proteste violemment s’il est plus grand. Visiblement, quelque chose le gêne et le perturbe. Rester prostré sans pouvoir réagir, ou bien inversement céder à la colère pour faire jouer votre autorité ne semblent pas être les solutions les plus adaptées pour calmer et résoudre le conflit. Avec un peu de diplomatie, caprices, colères, oppositions très courantes entre 18 mois et 4 ans peuvent être réglés positivement.

Comprendre à quoi servent les pleurs, les caprices
Le caprice est l’expression d’une frustration. L’enfant n’est pas d’accord avec vous et le fait clairement comprendre. Il est normal qu’un enfant traverse des moments de crises. Ils témoignent de la mise en place de son identité et lui permettent d’exprimer ses propres désirs tout en se détachant des vôtres. Tout va bien au bout du compte puisque vous vous « décollez » les uns des autres !

Anticipez le conflit
Il refuse de monter dans le bus bondé, il s’agite dans tous les sens, affiche une drôle de tête, commence à gémir... Si vous sentez que la crise est prête à surgir, ne la laissez pas s’installer. Agir avant les premiers pleurs permet souvent de l’éviter. Votre rôle ne sera pas de calmer à tout prix l’enfant pour qu’il « se plie » à ce que Papa et Maman disent. Mais plutôt de chercher en vous les bonnes solutions au conflit: faire diversion, l’impliquer dans la recherche d’un compromis...

Vous pouvez par exemple négocier et lui proposer de des- cendre du bus et de prendre le prochain, mais en lui expliquant qu’il devra de toute manière rentrer en transport en commun car la maison est trop loin.

Visez le problème mais pas l’enfant
Sans nous en rendre compte, nous pouvons porter atteinte, dans les moments de crise, à la personnalité de l’enfant alors qu’il faudrait blâmer uniquement son acte.
On se surprend à lui dire: « Tu m’énerves, tu fais n’importe quoi, tu es vilain, je ne te supporte plus, tais-toi. » Alors que dire: «Oh là là, qu’est-ce qui se passe? Tiens, je crois que nous avons un problème, on va essayer de voir ensemble ce qu’on peut faire», aurait suffi à désamorcer le conflit. L’enfant ne se sent pas attaqué directement et garde toute sa confiance en lui. Laissez-lui une marge de manœuvre Vous pouvez par exemple lui poser une question. Lui demander s’il veut descendre du bus et s’il aimerait plutôt continuer un peu à pied et prendre le prochain bus un ou deux arrêts plus loin.

Sans lui laisser les pleins pouvoirs, vous ne le coincez pas dans votre toute-puissance pour autant. Il se sent entendu dans sa difficulté car il traverse bel et bien un conflit qu’il n’arrive pas à régler. Il a chaud, il y a trop de monde dans le bus...

Négociez un tout petit peu
Tout en gardant votre place de parent. Chacun peut faire un effort à tour de rôle par exemple, ou bien vous pouvez demander à quelqu’un de trancher pour vous. Si l’autre parent est à côté, vous pouvez lui demander à voix haute: « Qu’en penses-tu : on descend du bus ou on reste ? »

Le jeu pour désamorcer la crise
Tournez la situation en dérision sans pour autant vous moquer de votre enfant. Vous pouvez faire le pitre dans le bus quelques minutes, histoire d’amuser votre petit, ravi de vous voir vous donner en spectacle devant les autres passagers. Ça marche sur- tout avec les tout-petits (moins de 3 ans).

Faites diversion
C’est un bon moyen pour couper court à la crise et à toute tentative de colère. « Regarde la belle voiture qu’on aperçoit par la vitre si tu viens t’asseoir à cette place. » Ou bien proposez-lui de s’investir dans une mission : « Tu préviens Maman dès que tu vois une place de libre. »

Expliquez-lui votre décision
En vous mettant physiquement à sa hauteur et en énonçant clairement votre explication, sans lui demander à la fin s’il est d’accord mais plutôt s’il a compris ce que vous venez de lui dire. « Nous prendrons ce bus car c’est le dernier et que je ne veux pas arriver en retard chez la nounou pour récupérer ta petite sœur. »

Prenez-le dans vos bras
Rien ne semble stopper ses sanglots. Oubliez votre exaspération et serrez-le contre vous en le maintenant fort contre votre poitrine. Puis compatissez d’une voix lente et douce mais suffisamment décidée pour le rassurer : « Je sais que c’est difficile pour toi mais tu vas y arriver, je suis là pour t’aider. »

Pas de marchandage
Ne promettez jamais à un enfant une récompense en contre- partie de son retour au calme, par exemple en lui disant : « Si tu te calmes, je t’achète un jouet ou une glace. »
Il pourrait mal interpréter votre message et croire que chacun de ses comportements mérite une action de votre part. Sa bonne attitude n’est pas un cadeau qu’il vous fait, c’est avant tout pour lui qu’il agit... pour devenir grand.

N’oubliez pas de vous réconcilier
Une fois la crise passée, si elle n’a pas pu être évitée, pensez à vous serrer fort dans les bras l’un l’autre. Félicitez-vous d’avoir pu dépasser ensemble le conflit. Votre enfant comprend ainsi qu’il peut compter sur vous et que votre amour le porte en toutes circonstances, y compris dans les moments qui sont difficiles à traverser pour lui.

Dr Rafi Kojayan

 


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