Développer un sentiment de confiance chez le tout-petit

                                                                                                                 
La confiance est une attitude fondamentale de l’être humain. Elle se développe chez le tout-petit grâce à la relation d’attachement avec les parents. Celle-ci procure le sentiment de sécurité qui est nécessaire à l’éclosion de la confiance.
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La confiance est une attitude fondamentale de l’être humain. Elle se développe chez le tout-petit grâce à la relation d’attachement avec les parents. Celle-ci procure le sentiment de sécurité qui est nécessaire à l’éclosion de la confiance.

Si l’on se réfère à la pyramide des besoins universels élaborée par Abraham Maslow, on constate que le besoin de sécurité physique et psychologique se situe en deuxième place dans la hiérarchie des besoins de base chez l’être humain et suit immédiatement les besoins vitaux ou de survie (être nourri, logé et habillé convenablement).

Tous les parents sont conscients de la nécessité de faire vivre à leurs enfants un sentiment de sécurité physique. Par exemple, quand un parent doit choisir un milieu éducatif, il se préoccupe d’abord de cet aspect en s’assurant que la surveillance sera adéquate et qu’il n’y aura pas de danger de blessures physiques ou de maladies. Instinctivement, il veut garantir la sécurité physique de son enfant.

L’enfant, de son côté, arrive peu à peu à vivre un sentiment de sécurité psychologique qui se transforme graduellement en attitude de confiance grâce à la régularité des soins qu’on lui prodigue et à la stabilité des adultes autour de lui.
Le développement d’un sentiment de confiance est également favorisé par le fait que l’enfant vit des délais entre l’expression de ses besoins et leur satisfaction. Mais parce que son besoin est satisfait malgré une attente évidemment frustrante, il perçoit l’adulte qui lui prodigue des soins comme une personne fiable et digne de confiance. Par la répétition de ces expériences de fiabilité au cours
desquelles l’adulte tient ses promesses, l’enfant en vient à intégrer un véritable sentiment de confiance.

Voyons maintenant les facteurs qui favorisent un sentiment de confiance dans un milieu éducatif.

L’organisation du milieu
Le milieu doit être organisé et géré de manière à répondre en premier aux besoins de sécurité et de confiance des tout-petits. Pour cela, les conditions suivantes doivent être remplies.

Sécurité physique
Le milieu doit garantir la sécurité physique des petits. On doit voir à ce que les enfants soient toujours en présence d’un adulte et qu’il n’y ait pas, dans la cour de récréation, dans les espaces communs et dans les locaux destinés aux activités, d’éléments susceptibles de les blesser. La salubrité et l’éclairage doivent être adéquats. Le ministère de la Famille et les commissions scolaires sont chargés de faire respecter les mesures de sécurité physique.

Stabilité du personnel
Il est important pour l’enfant que, dans la mesure du possible, ce soit toujours les mêmes adultes qui s’occupent de lui afin que se tisse une relation d’attachement et de complicité. Si les éducatrices changent trop souvent, si les valeurs, les habitudes et les humeurs varient trop, l’enfant développe un sentiment d’insécurité et son attitude de confiance faiblit.

Stabilité dans le temps
Il est très important que la vie de l’enfant se déroule selon un horaire régulier et sans changements impromptus. C’est grâce à cette régularité que le tout-petit parvient à se représenter mentalement la succession temporelle et qu’il peut prévoir ce qui survient avant et après telle ou telle activité. Quand il peut anticiper ce qui survient après, il est rassuré et confiant. L’horaire des activités de la journée doit être affiché sous forme de symboles, dans un ordre qui va de la gauche vers la droite, comme en lecture. L’enfant découvre peu à peu que ce qui est à gauche d’une activité a lieu avant cette activité alors que ce qui est à droite survient après. Il peut ainsi coordonner l’espace et le temps.

Stabilité dans les routines et les procédures
Les tout-petits sont très conservateurs. Les routines et les procédures sont des façons de faire ou des habitudes qu’on adopte ; il peut s’agir de s’asseoir en cercle dans le local lors de l’arrivée le matin, d’attendre son tour au repas, etc.

Un trop grand nombre de changements dans ces rituels provoque de l’insécurité chez l’enfant et réduit sa confiance.

Stabilité dans l’espace
Le tout-petit a besoin de repères spatiaux stables pour s’orienter, s’organiser et se sécuriser. On doit donc utiliser le plus possible les mêmes locaux. Ceux-ci doivent avoir une superficie adéquate, car les espaces trop restreints occasionnent des interactions agressives et créent de l’insécurité. Il est important que chaque enfant puisse profiter d’un espace personnel stable.

Les attitudes éducatives
Les milieux éducatifs sont plus portés à réprimer les comportements négatifs qu’à favoriser les comportements positifs. Pour changer cette situation, il suffit d’appliquer le principe des 3 R : Récompense, Réparation et Rachat. Par ce principe, l’accent est mis sur la récompense des comportements .
positifs, sur le droit qu’a l’enfant de réparer une parole ou un acte négatif et sur l’occasion qu’on lui donne de racheter par des comportements positifs un privilège perdu. Cette façon de voir la discipline et l’éducation favorise l’estime de soi des enfants par le fait qu’elle les incite à adopter systématiquement des comportements positifs qui les valorisent. En plus de cette philosophie éducative, l’éducatrice doit adopter des attitudes susceptibles de créer un sentiment de sécurité et de confiance chez les tout-petits.

Fiabilité
L’éducatrice doit tenir les promesses qu’elle fait aux enfants. De plus, le tout-petit doit être assuré qu’il peut compter sur elle quand il a besoin d’aide ou quand il se sent menacé, que les agressions soient réelles ou imaginaires.

Sécurité intérieure et confiance en ses capacités éducatives L’éducatrice doit développer sa propre sécurité et sa propre confiance en ses capacités éducatives pour pouvoir transmettre ces sentiments aux enfants qui, autrement, seront anxieux. Si elle manque de sécurité et de confiance, l’éducatrice doit entreprendre une démarche personnelle pour améliorer son estime de soi. Sécurité et confiance sont des sentiments contagieux !

Stabilité d’humeur
L’éducatrice, comme tout un chacun, n’est pas d’humeur toujours égale. Cependant, des changements trop brusques dans son expression émotive et dans ses réactions provoquent de l’insécurité chez les enfants. La confiance de ces derniers ne s’accommode vraiment que de comportements assez prévisibles.

Stabilité dans les attentes
Les exigences de l’éducatrice en ce qui concerne la qualité et la quantité des productions des tout-petits doivent rester sensiblement les mêmes sous peine de créer de l’insécurité.


Des règles de conduite :

Claires — c’est-à-dire qui s’appuient sur des valeurs éducatives claires à transmettre aux enfants comme, par exemple, le respect de soi et des autres ainsi que le respect de l’environnement.
Concrètes — c’est-à-dire établies en fonction de comportements concrets et positifs escomptés. De plus, les règles doivent être réalistes, c’est-à-dire que les enfants doivent avoir les capacités de les respecter.
Constantes — c’est-à-dire que leur application ne doit pas varier en fonction de l’humeur de l’éducatrice. Des règles constantes sont à la base de toute attitude de fermeté.
Congruentes — en ce sens que l’éducatrice doit témoigner par l’exemple et agir elle-même en fonction des valeurs qu’elle veut transmettre aux tout-petits.
Conséquentes — c’est-à-dire liées étroitement et logiquement aux actes répréhensibles. La conséquence doit viser à réparer une parole ou un acte inacceptable.
Réductrices de stress — c’est-à-dire susceptibles d’éliminer le plus possible les stresseurs qui affectent les comportements des tout-petits. Ainsi, l’éducatrice devrait pouvoir suggérer aux enfants des stratégies de gestion ou de réduction du stress.

Les objectifs spécifiques
1. Amener les tout-petits à prendre conscience des éléments qui favorisent un sentiment de confiance.
2. Les amener à bien comprendre l’importance des routines et des procédures.
3. Les amener à identifier les règlements qui régissent ou définissent les comportements attendus.
4. Les amener à comprendre le sens de chacun des règlements.
5. Amener les enfants à prendre conscience des conséquences de leurs comportements.

Les signes observables d’un sentiment de confiance
Le tout-petit qui vit un bon sentiment de confiance manifeste la majorité des attitudes et des comportements suivants :
✔ Il est détendu physiquement.
✔ Il est capable d’accepter les contacts physiques.
✔ Il est capable d’accepter un contact visuel.
✔ Il est capable de demeurer calme face à une blessure physique.
✔ Il est capable de demeurer calme face à un malaise physique.
✔ Il est capable d’accepter qu’il y ait des délais.
✔ Il est capable d’anticiper du plaisir.
✔ Il est capable de réagir positivement à une nouveauté.
✔ Il est capable de prendre des risques calculés.
✔ Il est capable de se faire une représentation mentale du temps.
✔ Il est capable de comprendre et d’accepter le sens des règles.
✔ Il est capable de répondre positivement aux règles.

 

Germain Duclos


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Quand les tout petits apprennent a s'estimer